Parfum snob ou arôme pop ? Où partent en vacances ceux qui souhaitent le moins de mélange social possible (et ceux qui en redemandent)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les classes sociales défavorisées n'ont pas les moyens d'aller à La Baule.
Les classes sociales défavorisées n'ont pas les moyens d'aller à La Baule.
©Reuters

Vous aussi vous allez à la Baule ?

Si près d'une centaine de millions de personnes passent leurs vacances en France, Français inclus, les destinations ne sont cependant pas choisies au hasard. Les Français se déplacent d'ailleurs en tribus, et ils considèrent leurs lieux de vacances comme leur deuxième territoire.

Atlantico.fr  avec Jean Viard, Virginie Bichet et Jean-Didier Urbain

Atlantico.fr avec Jean Viard, Virginie Bichet et Jean-Didier Urbain

Virginie Bichet est chargée de Communication numérique et audiovisuelle pour le réseau des Médiathèques. Elle tient un blog 

Jean Viard est directeur de recherches CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po.
 
Jean-Didier Urbain est sociologue, spécialiste du temps libre, des vacances et des voyages. 

 

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Virginie Bichet

Virginie Bichet est chargée de Communication numérique et audiovisuelle pour le réseau des Médiathèques. Elle tient un blog 

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40 % des Français ne partiront pas en vacances cet été selon un baromètre Ipsos Europ-assistance, ce qui exclue une bonne partie de la population des très modestes. Si pendant les vacances, les opportunités de brassage social sont plus grandes, la société a malgré tout tendance à reproduire ses strates. Une partie de la géographie touristique française reste d'ailleurs socialement marquée. La Corse et la Côte d'Azur restent des endroits onéreux, alors que Argelès-sur-Mer reste un endroit populaire.

Et même dans les endroits dits de "brassage" comme Marseille par exemple, la "mixité se veut en trompe l'oeil", nous dit Jean-Didier Urbain, sociologue du tourisme. En effet, classes populaires et notables ne vont pas sur les mêmes plages ou alors ne les fréquentent pas aux mêmes heures. "Et les rares plages où la mixité se produit, on constate des conflits de cohabitation, car le rapport au corps ou encore les usages de la plage ne sont pas les mêmes", explique Jean-Didier Urbain.

Pour savoir où vous allez mettre les pieds et si les tongs seront tolérées, Atlantico a dressé un palmarès des lieux touristiques français en fonction de leur degré de mixité sociale. 

Les villes où les pauvres n'ont pas les moyens d'aller

La Baule : La ville touristique la plus chic de Bretagne. Certains vont à Deauville, et d'autres préfèrent faire quelques kilomètres de plus pour aller à la Baule. On y trouve beaucoup d'occupations comme les thalassos, des festivals de musique jazz... La Baule est très connotée. 

Biarritz : Biarritz est un cas à part. Ni trop bourgeoise, ni trop populaire, elle est en fait homogènement chic. Il y a d'ailleurs des activités et des hébergements pour toutes les bourses, un golf, et une plage publique magnifique.

Deauville : On voit deux grandes catégories de populations à Deauville : une population border bling-bling au casino, et des couples parisiens qui viennent y passer une journée, Paris n'étant qu'à 200 kilomètres, ou bien qui passent leur nuit dans les palaces en bord de mer. Il y a un aspect historique car les notables y possédaient des maisons de vacances, ce qui n'était pas à la portée de tout le monde.

Annecy : Annecy est classée Ville d’art et d’histoire et abrite de nombreux monuments et lieux culturels de premier ordre. Une ville élégante où il fait bon se balader sur les abords de son célèbre Lac.

Lyon : La ville et son agglomération se classent 2e sur le plan national en termes de tourisme d’affaires. Un succès qui profite à différents secteurs du territoire tels que l’hébergement, la restauration ainsi que les loisirs, ce qui constitue un formidable levier pour le tourisme d’agrément haut de gamme.

Aix-en-Provence : Historiquement ville bourgeoise, Aix est internationalement reconnue pour son cours Mirabeau où une riche population s’y promène et admire les façades luxuriantes.

Chamonix : A Chamonix se retrouve l’élite de la montagne, motivée par des sommets élevés et des centres de formation nationale des moniteurs et autres guides de haute montagne. L’élitiste français s’y retrouve aussi bien désormais l’hiver que l’été !

Evian-les-Bains : Si la commune affiche une forte fréquentation tout azimut, elle peut se vanter d’enregistrer un tourisme aussi bien estival, hivernal, de santé, culturel que d’affaires mais, dans tous les cas, un tourisme international. Est-ce sa réputation de ville thermale plutôt aisée qui continue d’afficher une sélection naturelle dans sa fréquentation ?

Dijon : Capitale médiévale du célèbre duché de Bourgogne, Dijon est une ville riche d’histoire. C’est aussi un haut lieu de la gastronomie française connu dans le monde entier et affiche donc des prétentions au titre de destination internationale. Pour attirer les visiteurs, Dijon peut compter sur son patrimoine historique, de nombreux monuments, villages médiévaux, églises et châteaux…mais elle est aussi consacrée par le célèbre Guide Michelin et l’UNESCO. Une ville riche pas seulement pour sa culture mais aussi par ses touristes aisés.

Royan : Une ville bobo qui n’en finit pas d’attirer une forme de nouveaux riches pour la zénitude de son cadre naturel et ses aménagements.

Dinard : Une ville bourgeoise qui se plait dans une dimension internationale et anglo-saxonne autour de son festival du film britannique.

L’île de Ré et La Rochelle : Une fréquentation vieillissante est entretenue par la politique touristique locale, faisant grimper les étoiles des hôtels et augmentant les consommations - des tourismes certes vieillissants mais aisés.

Les villes où les riches n'iront jamais

La Grande Motte : On y trouve surtout une classe moyenne, avec très peu d'autres populations en marge. C'est d'ailleurs ce qu'avait voulu Charles de Gaulle en impulsant la construction de ces complexes hôteliers : proposer une option au tourisme de masse dont l'Espagne avait le monopole.

Les Sables d'Olonne : Dans le même type que la Grande Motte, on y trouve surtout des vacanciers de la classe moyenne... Et il y en a beaucoup ! Les plages sont immenses, elles peuvent accueillir tous ceux qui ne veulent pas se retrouver seuls.

Argelès-sur-Mer : Baptisée populairement "La reine aux 60 campings", elle a beau afficher un climat méditerranéen et d’immenses plages, cela ne suffit pas à attirer une autre population que celle des campings !

Palavas-les-Flots : A l’origine un petit village de pêcheurs, désormais la station balnéaire des habitants des villes proches, très populaire... mais se contente de ce qu’elle a.

Cap d'Agde Le camp naturiste du Cap d'Agde, également connu pour être un haut lieu du libertinage et de l’échangisme, ne peut délibérément pas attirer une population haut de gamme. 

Les lieux où il existe une illusion de la mixité sociale

Saint-Tropez : Nous avons affaire à une forme de mélange social à "Saint-Trop". Le port est le lieu de tous les mélanges socio-professionnels, ainsi que des écarts les plus grands. Les campings accueilleront les plus modestes, tandis que les autres monteront sur leurs bateaux ancrés dans la rade - ou jouiront de leurs villas.

Saint Raphaël : Très bourgeois, très "Côte d'Azur", les villas dans les hauteurs sont mises à la location à des tarifs suffisamment élevés pour n'y attirer que des personnes aisées financièrement.

Antibes : Pour la beauté de son site, la richesse de son patrimoine culturel et religieux ou pour la renommée de son festival de Jazz, la ville attire une forte population riche et élitiste.

Paris : Bien sûr, Paris est la grande ville des Français - elle est donc un cas à part. La diversité des activités proposées attire tout un panel très ouvert de portefeuilles : entre Disneyland, les monuments de la ville en elle-même ou les boutiques de toutes les gammes, on peut y profiter de la ville comme on veut.

Arcachon : Il y a plusieurs populations à Arcachon, à la fois des populations bourgeoises qui logent dans les maisons de la baie... et les autres. Tout le monde peut également profiter de ce lieu symbolique qu'est la Dune du Pyla, et on peut y déguster des huîtres pour beaucoup moins cher qu'ailleurs.

Bandol : Bandol est semi-populaire : on y retrouve notamment les Marseillais qui souhaitent sortir de leur ville alors que les aisés y passent la journée mais rentrent dans les hauteurs, notamment au cap Sicié.

Berck-sur-mer : On peut sans doute constater le plus grand métissage à Berck car il est double, à la fois de fortunés Belges qui peuvent y passer, et les foyers modestes du Nord.

Marseille : Marseille a une position un peu ambigüe car, à la fois, ceux qui y viennent en vacances sont surtout des populations immigrées, car la ville est la plus métissée de France, mais il y a aussi des populations cultivées qui viennent y passer quelques jours pour profiter des musées et de l'atmosphère assez "artiste" de la ville.

Porto-Vecchio : Tout le monde semble rechercher à Porto-Vecchio le même trésor : plages de sable blanc et eau turquoise. Ainsi, il y a un fort contraste entre les yachts et la forte présence du camping en période estivale.

Ajaccio : Deuxième ville d’escale pour les croisières en France, Ajaccio est une ville de contraste construite autour de sa vieille ville, principale attraction culturelle. Son potentiel touristique varié oppose l'attirance populaire de son centre et celle plutôt aisée pour son patrimoine naturel pour ses criques, ses plages et surtout la réserve Natura 2000 que constituent les îles Sanguinaires.

Strasbourg : Il y a un fort contraste entre la popularité des Marchés de Noël, qui attirent massivement les touristes, et l’augmentation d’une clientèle étrangère plutôt aisée dans la ville attirée essentiellement par le patrimoine culturel, mais aussi par un tourisme gastronomique et œnologique.

Nice : Voici une ville qui a su intelligemment se démocratiser, conservant son prestige, riche d’un patrimoine architectural important, riche de la notoriété internationale de la promenade des Anglais qui est devenue un symbole. Elle s’est ouverte à une mixité sociale qui sait désormais la rendre encore plus élégante... mais pas snob pour deux sous !

Toulouse : La ville rose est une ville qui bouge, se bouge, attire jeunesse et quadras branchés autour de son riche patrimoine culturel.

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