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OPA sur Angela : pourquoi Emmanuel Macron n’a plus d’autre choix que de convaincre la chancelière de revenir à de meilleurs sentiments s’il veut "sauver" l’Europe
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

Réformer l’Europe, c’est sans doute le projet le plus compliqué d’Emmanuel Macron. Il se retrouve seul face à tous les Européens et notamment face à Angela Merkel.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En visite aujourd’hui à Berlin, Emmanuel Macron doit préciser à la Chancelière qu’il a décidé de consulter les populations européennes pour sonder la capacité de l’Union à se réformer. Ce travail prendra le temps qu’il faudra, mais il veut obtenir la preuve que les Européens ont intérêt à participer à une Europe réformée. Pour l’instant, personne ne croit que le redémarrage de l’Europe soit possible. Chaque peuple se replie sur son territoire, sa culture et sa politique.

Et pourtant, il a obtenu l’accord des chefs d’Etat et de gouvernement pour lancer une grande consultation citoyenne des populations européennes. Alors que personne n’en voulait.

Emmanuel Macron n‘en démordra pas. Il veut réformer l'Europe et faire repartir cette construction qui a tant fait rêver. Il le veut pour trois raisons, D’abord parce qu’il croit dur comme fer que dans le monde moderne, la seule façon de résister à la pression des USA d’un coté et de la Chine de l’autre est de se réunir au niveau européen.

Ensuite, parce qu‘il a la conviction qu’il existe une identité européenne qui peut dépasser les égoïsmes nationaux et affronter des cultures complètement différentes. Une identité fondée sur l’histoire partagée, la culture et les croyances judéo-chrétiennes qui ne négligerait pas les identités propres à chaque pays.

Enfin, parce qu’il a été élu sur ce programme européen. C’est d’ailleurs le seul candidat à avoir développé une telle ambition à l’encontre de l’euroscepticisme et ce programme est une des raisons fortes de son élection.

A partir de là, il sait très bien que l’Europe est en panne. L’Europe telle que l’avait imaginée ses fondateurs, l’Europe telle que l’avait dessinée François Mitterrand et Jacques Delors. Ils pensaient qu‘en faisant l’Europe monétaire, économique, ils pourraient accoucher ensuite d’une Europe politique. Ils se sont trompés.

La monnaie unique, les dossiers d’harmonisation techniques fiscaux ou sociaux ont plutôt bloqué l’évolution de l’Union européenne en l’enfermant dans une administration bruxelloise qui est maintenant rejetée par les populations. Il faut dire que les gouvernements s’en sont servis comme de bouc émissaire à leur propre lâcheté. En clair, l’union monétaire est une réussite mais cette réussite s’est faite sans une adhésion forte des peuples dont beaucoup pensent à tort que l‘euro est un frein à leur progrès.

Le fait est que l’Europe est bloquée. Et que pour beaucoup, elle n’est pas réformable.

Emmanuel Macron veut y croire encore. Pour lui, l’Europe est réformable à trois conditions.

1er condition : il faudrait que les Etats les plus riches acceptent de contribuer à une forme de solidarité pour aider les plus pauvres. C’est même dans leur intérêt. Mais pour l’instant, l‘Allemagne et les pays de l’Europe du nord ne veulent plus rien savoir. Angela Merkel y était prête, mais compte tenu de sa faible majorité, elle est paralysée.

2e condition : il faudrait que les pays les plus jeunes, les plus turbulents ou les moins responsables fassent un peu le ménage chez eux et rééquilibrent leur niveau de vie à hauteur de leurs moyens. On ne peut pas indéfiniment réclamer aux autres qu’ils paient une partie de nos factures et de notre déficit sans leur promettre un plan de redressement.

3e condition : on entre dans le dur de la réforme. Il faudra inévitablement apporter une réponse à la demande des peuples qui sont amenés aujourd’hui  à refuser le système capitaliste européen. Les il-libéraux, une forme plus moderne des altermondialistes d’autrefois, sont tombés dans le populisme et dans la démagogie. Ils refusent le système, son organisation et sa finalité. Un peu comme les derniers Zadistes de Notre-Dame-des-Landes, il y a des majorités antisystème en Hongrie, en Italie, et dans beaucoup d’anciennes républiques de l’empire soviétique.

Pour beaucoup, ces réactions qui s’expriment à l‘extrême droite comme à l’extrême gauche refusent la démocratie européenne en considérant qu'elle n’est pas juste.

Ces réactions se sont coagulées pour abattre le système et le modèle européen en s’appuyant sur la question des migrations. Le phénomène migratoire a pris en Europe une dimension qui devient insupportable dans beaucoup de régions. Ceci dit, ces populations n’ont pas de modèles alternatifs sauf à tomber dans la violence.

Quoi dire, quoi faire comment réinventer une démocratie qui protège mais qui n’empêche pas la création de richesse, c’est tout le problème.

Le scénario mis en place par Emmanuel Macron consiste donc à obtenir l’adhésion des populations européennes sur un schéma d’intégration et à partir de là, à négocier avec les gouvernements une réforme des institutions. Pour l’instant, personne n’y croit.

Mais quand Macron s’est lancé dans la campagne présidentielle, personne en France ne croyait à sa démarche et à son diagnostic. Il est allé chercher sa légitimité en dehors des partis traditionnels et des organisations en promettant de tout changer. Il a effectivement changé beaucoup de choses. Les résultats ne sont pas encore au rendez vous, mais le climat a changé et la majorité des française sont décidés à lui laisser sa chance. La stratégie européenne est calée sur les mêmes ressorts.

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