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De la difficulté d'être Nathalie Arthaud
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Zone franche

Être Arthaud après Arlette, c’était déjà pas facile. Mais être Arthaud pendant Mélenchon, c’est presque injouable.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Pas facile d’être Nathalie Arthaud. Reprendre le petit commerce d’Arlette Laguiller, la Jeannie Longo du communisme révolutionnaire, c’est enfiler les croquenots d’une icône et, sans la pointure idoine, prendre le risque de flotter un peu dedans.

L’ancienne leadeuse de LO, on se fichait tous plus ou moins de ce qu’elle racontait, mais elle était suffisamment sympatoche et kitsch avec ses « travailleurs, travailleuses, on vous ment, on vous spolie » pour inspirer imitateurs et chanteurs de charme. La nouvelle égérie trotskiste (la candidate la plus sexy de la troupe d’après les sondages), de son côté, est tellement revêche qu’on se demande si c’est à Eva Joly qu’elle préfère ressembler.

Remarquez, elles ont bien quelques points communs, les deux novices présidentielles : les mêmes obsessions pathologiques à l’endroit du conflit israélo-palestinien (« Gaza, c’est un camp de concentration à ciel ouvert », chantent-elles en duo lorsqu’elles veulent donner l’impression qu’elles ont aussi une vision de « l’international »), la même amertume d’avoir été reléguées aux marges de l’outre-PS par l’ascension surprise de Mélenchon...

Nathalie Arthaud, son peu d’enthousiasme pour le Chavez gaulois, elle ne se donne d’ailleurs plus la peine de le dissimuler. Après tout, elle est agrégée d’éco et elle le sait bien, elle, que le programme du Front de gauche est à côté de la plaque :

« Jean-Luc Mélenchon est un illusionniste, explique-t-elle justement auParisien. Ceux qui se tournent vers lui rejettent l’illusion Hollande, mais ils tombent dans l’illusion Mélenchon. Ce n’est pas un révolutionnaire, même s’il a de belles envolées sur la révolution citoyenne, sur la prise de la Bastille. Il pense qu’en repartageant les richesses, elle peut tourner rond, cette économie capitaliste. Au fond, il défend la même idée que François Hollande : les travailleurs doivent s’en remettre à un bon gouvernement de gauche ».

Elle ne dit pas un  « libéral », mais on sent bien qu'il ne faudrait pas la pousser trop longtemps...

Bon, on aimerait être petite souris pour y assister, à l’un de ses cours de BTS, et l’entendre expliquer comment elle interdirait les licenciements, éliminerait le chômage, supprimerait l’armée et rendrait le permis de conduire gratuit (c’est marrant comme cette affaire de permis de conduire à l’air de prendre le pas sur la crise budgétaire. On pensait pourtant avoir touché le fond avec le halal).

On aimerait y assister mais on s’en fiche un peu tout de même, tant le moment magique trotskiste appartient au passé, ses multiples chapelles n’éveillant même plus la curiosité polie des correspondants de presse étrangers depuis qu'elles barbotent, à 0,5% ― dans les mêmes eaux qu’un Cheminade.

Être Arthaud pendant Mélenchon, c'est terrible. Et tiens, sans un Poutou pour se comparer, ça serait carrément intenable.

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