Najat Vallaud-Belkacem, Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Fleur Pellerin… ou l’euthanasie par le hollandisme d’une génération entière<!-- --> | Atlantico.fr
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Najat Vallaud-Belkacem est porte-parole du gouvernement Ayrault
Najat Vallaud-Belkacem est porte-parole du gouvernement Ayrault
©Reuters

Les maudits

Les jeunes ministres pourraient se retrouver éclaboussés par leur appartenance à l'impopulaire gouvernement Ayrault. Cette nouvelle génération se voit en effet plongée dans le grand bain, dans un contexte qui n'est guère favorable pour la suite de leur carrière politique.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Atlantico : Les jeunes ministres du gouvernement que sont Najat Vallaud-Belkacem, Benoît Hamon, Aurélie Filippetti ou Fleur Pellerin sont présentés comme ambitieux et talentueux. Peut-on dire que leur appartenance au gouvernement actuel, particulièrement impopulaire, les a coupés dans leur élan politique ? 

André Bercoff : A l’heure où nous causons, le gouvernement actuel est toujours en place, et je ne sais si son évidente impopularité prépare à de grands bouleversements dans les 48 heures. Au-delà de l’actualité, les quatre personnes que vous citez se sont illustrées de très intéressante façon, chacune à leur manière : Najat Vallaud-Belkacem par un exercice particulièrement affiné de la langue de boa ; Benoît Hamon qui affirma pour la postérité, que si l’on n’avait rien à se reprocher on ne devrait pas s’inquiéter d’être sous écoute ; Aurélie Filippetti qui proclame que toucher au statut éminemment progressiste et égalitaire des intermittents du spectacle signifie la mort de la culture ; seule Fleur Pellerin s’est abstenue de ce type de déclaration. Manque d’humour, sans aucun doute. Pour répondre plus précisément à la question, aucun ministère ne suffit à briser un élan politique, sauf crime ou vol manifeste. La vie est longue.

Tous occupent pour la première fois un poste de ministre. Pour de jeunes politiques, a-t-on connu pire entrée dans un gouvernement ?

Tous les gouvernements qui se sont fait blackbouler au bout d’un an ou deux ans d’occupation du pouvoir, ont constitué, pour les novices, une épreuve difficile. Rappelez-vous, il y a vingt ans, les « Juppettes » et plus récemment Delphine Batho. La pire des entrées ne signe pas forcément le pire des avenirs. Heureusement pour nos plus ou moins jeunes pousses.

Que risque de retenir l'opinion à leur égard ? La simple impopularité de leur gouvernement, ou les engagements non tenus du président Hollande ? Quels griefs découlant de cette période pourraient leur être opposés à l'avenir ?

Ce gouvernement fut et reste incontestablement l’un des plus cacophoniques de l’histoire de la Ve République. Tentatives de meurtres entre faux amis, distributions de baffes en plein air, vannes à tous les étages, flèches plus ou moins empoisonnées à portée quotidienne de micros et de caméras. Rien n’a manqué à cette magnifique cour de récréation censée nous diriger depuis près de deux ans. Ils furent peu nombreux à fermer leur gueule et aucun à démissionner. On ne leur en tiendra pas rigueur pour cela : la politique au quotidien est plus fille du roseau que du chêne. Ils auront beau jeu d’opposer les va-et-vient, palinodies et retournements de vestes de leurs glorieux aînés.

Par contraste avec les "anciens" du gouvernement, qui en ont vu d'autres, ceux-ci resteront-ils dans les mémoires comme la génération des laissés pour compte du hollandisme ? Peuvent-ils longtemps traîner cette casserole ?

Tous, anciens et nouveaux, toutes générations confondues, ne pourront être considérés comme laissés pour compte tant que le hollandisme trônera à l’Elysée, c’est-à-dire au moins jusqu’en 2017. Quant aux casseroles dont on entend aujourd’hui résonner les sanglots longs, l’on saura assez vite dans quel magasin d’accessoires, les faire oublier. Encore une fois, tout dépendra de l’état économique, social et identitaire du royaume. Si explosion il y a, elle n’épargnera pas grand monde ; si au contraire il s’agit d’une lente implosion, chacun – y compris les plus jeunes – trouvera les moyens de se recycler. En politique aussi, le tri écologique n’est pas fait pour les chiens.

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