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La guerre sunnites/chiites de moins en moins froide
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Rideau de fer, le retour

La situation au Moyen-Orient se tend. Après la chute de Moubarak et le contrepoids qu'il constituait face au régime iranien, l’échiquier géopolitique a complètement été redéfini dans la région. L'Arabie-Saoudite, à majorité sunnite et l'Iran à forte population chi'ite, se livrent une lutte de pouvoir de plus en plus vive.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Le climat est particulièrement orageux au Moyen-Orient ces jours-ci. En effet, le gouvernement du Bahreïn vient d’annoncer que la fin du couvre-feu militaire prévu le 1er juin prochain n’entrainera pas le départ des 2000 soldats saoudiens « invités » sur le territoire afin de concourir aux opérations de maintien de l’ordre à l’issue des émeutes chiites du mois de mars. Le Koweït vient pour sa part d’annoncer des manœuvres militaires maritimes communes avec la flotte américaine. Par ailleurs, on vient d’apprendre que sous la pression saoudienne, le Conseil de la Coopération du Golfe (GCC) a offert au Maroc et à la Jordanie de le rejoindre, transformant ainsi ce conseil en parti arabe ouvertement anti-iranien. En effet, le Maroc a déjà rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran et la Jordanie n’a guère d’affinités avec ce pays.

Ce bruit de bottes dans la région n’est pas anodin. Les Saoudiens ayant très mal digéré la facilité avec laquelle l‘administration Obama a lâché Moubarak, leur allié de toujours, ne sont plus disposés à laisser les Américains assurer seuls leur sécurité face à ce qu’ils estiment comme étant la belligérance iranienne et veulent désormais prendre en main leur propre sécurité. La ligne rouge à ne pas franchir est le Bahreïn. C’est ainsi que deux jours après la visite du ministre de la défense américain et contrairement à l’avis de la Maison Blanche, ils ont encouragé le recours à la force contre les chiites accusés d’être manipulés par des agents iraniens.

La puissance grandissante de l’Iran se fait de plus en plus sentir dans le monde arabe

Nous assistons à une véritable redéfinition de la cartographie régionale mettant en face deux blocs, l’un chi’ite dirigé par l’Iran et l’autre sunnite sous le leadership saoudien. La traversée du canal de Suez et l’amarrage des bâtiments de guerre iraniens en Syrie au mois de février dernier - ainsi que la présence continue de la 14e flotte iranienne dans la Mer Rouge sous prétexte de faire battre en retraite les pirates somaliens - participent aussi à ce jeu de pouvoir. Cet évènement, quasi inaperçu, en Occident, traduit symboliquement la faculté de l’Iran à projeter sa force au-delà de sa sphère naturelle -. La présence des bâtiments iraniens en Méditerranée ne s’était pas vue depuis la chute du Shah en 1979. Les Israéliens l’ont remarqué comme ils ont aussi remarqué que le gouvernement égyptien a autorisé leur traversée du canal de Suez sans aucune difficulté.  Certes, le traité régissant le canal les y oblige, mais nul doute que cette traversée de Suez aurait été plus compliquée si Moubarak n’avait pas été renversé. Curieusement, ce soutien symbolique de l’Iran à son allié de toujours, la Syrie, tombait à pic, quelques semaines avant les révoltes ayant secoué le régime de Damas.

La puissance grandissante de l’Iran se fait de plus en plus sentir dans le monde arabe ; du fait de la popularité du Président iranien, devenu une sorte de porte étendard anti-occidental, d’une part, et du fait des minorités chiites perçues comme de véritables cinquièmes colonnes de l’Iran par les pétromonarchies, d’autre part. Il faut, en effet, se rappeler que les chiites ont beau être minoritaires dans l’Islam ; ils sont majoritaires sur les sites miniers d’hydrocarbures comme l’Iran, ou l’Irak. Même en Arabie Saoudite, les chiites sont majoritaires à 80 % dans la province dite de l’est où tout le pétrole saoudien est concentré.

L’Iran joue ainsi sa carte religieuse dans la géopolitique de la région.

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