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Monsieur le président, pourriez vous - de temps en temps au moins - dire "France" au lieu de "République" ?
©CHARLES PLATIAU / POOL / AFP

Un effort SVP

Voilà qui sonnerait vrai et serait courageux. Mais Macron est-il courageux ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le chef de l'Etat vient d'avoir une belle phrase : "Samuel Paty a été vendredi le visage de la République". Essayons autrement pour voir : "Samuel Paty a été vendredi le visage de la France". Mais cela ne peut en aucun cas se dire. 

Pourquoi ? Parce que le mot "France" est devenu un gros mot. Dire "France" vous range aussitôt à droite. Et le crier fort, à l'extrême droite. Et très nombreux sont ceux qui, une fois arrivés au pouvoir, ne souhaitent pas être placés sous cette bannière. 

La France c'est 2.000 ans d'histoire et même beaucoup plus si l'on compte la Gaule. La France c'est un baptême, des rois, des églises, des révolutionnaires, des ouvriers insurgés, des curés, des rabbins (pas encore les imams de trop fraîche date pour être adoubés). 

La France a été rangée au magasin des accessoires inutiles voir nuisibles et dangereux. C'est pourquoi de la gauche à la droite, on préfère dire "République". Ca ne fâche personne. Car ça ne veut plus rien dire. 

La République est le statut constitutionnel de notre pays. Il est bien qu'il en soit ainsi. Nous sommes donc tous républicains. Voilà qui est sympathique et qui constitue la dernière marche avant d'arriver au paradis de l'union nationale. 

Avec le mot "République" nous versons dans une lénifiante incantation qui équivaut au "moi, monsieur je ne fais pas de politique" des commerçants qui sous l'Occupation voulaient vendre à tout le monde y compris aux Allemands. 

Si l'on veut s'assurer du vide de l'expression "République", il suffit de s'intéresser au nom que s'est donné la droite : "Les Républicains". Les dirigeants de cette mouvance auraient pu s'appeler "La Droite". Mais alors ils auraient fâché le centre. Et ils veulent plaire à tout le monde. 

La République fut belle du temps qu'elle était jeune. On mourrait pour elle sur les barricades parisiennes du XIXème siècle. Elle brilla d'une lumière héroïque de 1940 à 1944. Les résistants fusillés par les nazis criaient "vive la France" devant les pelotons d'exécution. Mais leurs camarades guillotinés par Vichy lançaient avant de monter à l'échafaud : "vive la République". Car Pétain avait aboli la République.  

Que reste-t-il donc de la République ? La Constitution stipule que la République est une et indivisible. Indivisible quand des pans entiers du territoire échappent à son autorité ? Indivisible quand une partie de ses habitants traite les autres de "sales céfrans" ? 

Autres mots pour ne rien dire : la devise républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité - qui figure au fronton de nos écoles. Quelle liberté quand des enseignants risquent la mort pour avoir parlé de liberté? Quelle égalité quand des élèves spécifiques obtiennent le privilège de ne pas assister à certains cours ? 

Quant à la fraternité, voulez-vous vraiment que vos enfants fraternisent avec ceux qui ont envoyé Samuel Paty à la mort ? Alors essayons "France".

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