Lyncher Thomas Thévenoud mais “oublier” les Guérini et autres Andrieux ou Balkany… mais de quoi souffrent les partis politiques ?

Stop ! Arrêtez de tirer sur le cercueil de Thomas Thévenoud, l’ancien secrétaire d’Etat aux Commerce extérieur. Oui, arrêtez ! Il est mort depuis le 5 septembre, date à laquelle il a démissionné pour cause d’impôts non payés ou de déclaration fiscale oubliée ! Pathétique député, désormais non-inscrit qui refuse de démissionner de son mandat. Je n’ai été que négligent… Je ne suis pas un fraudeur, se défend-il… Négligent aussi lorsqu’il omet de régler pendant trois ans le loyer de son appartement situé en plein cœur du Quartier latin ! Là, pas de délit : il ne s’agit que d’une dette civile…Aujourd’hui, tout est régularisé nous certifie l’ancien secrétaire d’Etat.

Alors pourquoi tout ce tintouin ? C’est que sa "négligence" est révélée à un mauvais moment. Celui où parait le brûlot de Valérie Trierweiler sur son ancien compagnon et où la descente aux enfers de l’exécutif se poursuit à un rythme vertigineux, comme en témoignent les sondages. Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement a eu plus de chance. La Haute Autorité de la transparence de la vie publique (HATVP) s’est montrée grande Dame en l’autorisant à rectifier sa déclaration de patrimoine. Le Guen est toujours là. Pas Thévenoud qui, à l’occasion des travaux de la commission d’enquête parlementaire sur l’ affaire Cahuzac n’a pas eu de mots assez durs pour fusiller l’ancien ministre du Budget... "Vous avez menti, vous avez trahi", voici ce qu’en substance lançait, méprisant, le Fouquier-Tinville de Saône-et-Loire. Certes, il est légitime que l’opinion, la presse, exigent de Thomas Thévenoud qu’il quitte l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Il a commis une faute impardonnable. Accentuée par la découverte –révélée par Mediapart- de son activité de négoce de vins qu’il avait omis de mentionner dans sa déclaration d’intérêts.

Mais attention de ne pas poursuivre le jeu de massacre… Certains élus, surtout en Loire-Atlantique n’ont pas oublié que, dans les années 90, un jeune maire, celui de Saint-Sébastien-sur-Loire, mis en cause dans le financement du PS s’était donné la mort… C’était l’époque où chaque jour, les révélations succédaient aux révélations sur les turpitudes du Parti.

Aujourd’hui, c’est la curée sur Thévenoud… Sur les autres affaires autrement plus graves pour le PS, on n’assiste pas à un tel tir groupé. Ou plus exactement on n’emploie pas de mots aussi durs. Définitifs. Prenez le dossier de Jean-Noël Guérini, toujours président du conseil général des Bouches-du-Rhône. Il est mis en examen notamment pour association de malfaiteurs et corruption passive. Rue de Solférino, on a freiné des quatre fers pour lui demander de quitter le PS. Seul un certain Arnaud Montebourg s’est manifesté, bruyamment, pour qu’il soit exclu du PS. Rien n’y a fait. Guérini est parti de son plein gré.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, où la Fédération du Parti est soupçonnée de corruption, là encore Montebourg est le seul à avoir dénoncé des pratiques douteuses. Que dire encore du cas de la députée des Bouches-du-Rhône, nourrie au lait du Defferrisme, Sylvie Andrieux ( aujourd’hui non-inscrite), condamnée à 3 ans de prison dont 2 avec sursis pour détournement de fonds publics en première instance ! Elle n’a été exclue du parti qu’après sa condamnation. Dans quelques jours, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence dira si oui ou non sa condamnation est confirmée. Et le sénateur PS de l’Hérault, Robert Navarro renvoyé en correctionnelle pour s’être fait offrir de coquets voyages d’agrément à l’étranger sur les fonds de la Fédération de l’ Hérault du PS ? On en parle ? Pas beaucoup. Depuis la mort de Christian Bourquin, le 26 août dernier, il occupe même la présidence (par interim) du conseil régional du Languedoc-Roussillon.

Enfin quand, Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret (UMP) omet de citer son épouse Isabelle dans sa déclaration d’intérêts, que se passe-t-il ? L’opinion rigole. Quand, on apprend que la même Isabelle Balkany peut s’acquitter d’une caution de 1 million d’euros pour éviter d’aller en prison, qu’entend-on ? "Elle a du blé". Attention, prudence : tous ces mis en examen, pas encore jugés, ont droit au respect de la présomption d’innocence grâce à une loi votée à l’initiative d’Elisabeth Guigou en 2000. Pas le député Thévenoud. Normal : il n’a été que négligent. Il nous prend vraiment pour des zozos. Sans doute, l’ancien secrétaire d’Etat de Manuel Valls a- t -il fait sien le slogan en vogue lorsque Pierre Bérégovoy était à Matignon : "Mettre l’argent à gauche, c’est adroit." Ce qu’ont fait également, pendant des années des vedettes du show biz ou des acteurs en planquant un coquet magot sur un compte non déclaré en Suisse à la banque HSBC. A la révélation de ces pratiques bien peu civiques, qu’ a dit le bon peuple ? Rien... Ou presque.