Les trois défis de Louis Gallois à relever chez Peugeot-Citroën <!-- --> | Atlantico.fr
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Louis Gallois doit réussir la mutation capitalistique.
Louis Gallois doit réussir la mutation capitalistique.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvèstre

Louis Gallois, actuel commissaire à l’investissement, auteur du choc de compétitivité et ancien président d’EADS a donc été choisi comme président du conseil de surveillance de PSA Peugeot-Citroën, à l’unanimité des membres représentant les actionnaires, avec le soutien du gouvernement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’arrivée de Louis Gallois tourne la page  Peugeot. C’est la première fois depuis que le groupe existe que la famille ne tiendra plus les commandes. La première fois. Tout un symbole. Mais plus qu'un symbole, Louis Gallois va donc diriger cette entreprise avec un opérationnel, Carlos Tavarès, président du directoire et ancien numéro 2 de Renault. Mais c’est une entreprise en pleine mutation qui n’a d’ailleurs pas d’autres choix que de réussir cette mutation. Louis Gallois doit réussir sur trois terrains ultra fragiles, avec des reliefs compliqués. Trois terrains, trois défis :

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Premier défi, Louis Gallois doit réussir la mutation capitalistique. Le groupe a aujourd’hui trois actionnaires de poids qui ne se connaissent guère et qui ne doivent pas s’aimer beaucoup plus. Le chinois Dongfeng dont tout le monde se méfie et qui doit lui-même se méfier de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un occidental, la famille Peugeot qui a pour une grande partie laissé dans le groupe la fortune historique mais qui doit éviter la rancune, les regrets et les querelles, sachant qu'il faudra se serrer la ceinture dans les années à venir, coté dividendes, le groupe n’a aucun intérêt à être généreux. Au contraire.

Enfin, cerise sur le gâteau, le troisième actionnaire, c’est l’État. Louis Gallois a l’habitude de cohabiter avec l’État mais il lui faudra quand même beaucoup d’habileté pour empêcher un ministre de l’industrie envahissant par nature d’intervenir, beaucoup d’habileté  pour respecter  les ambitions du gouvernement c’est-à-dire rendre des comptes au contribuable parce que c’est de l’argent public, tout en ménageant les intérêts de l’entreprise. Il pourra y avoir des arbitrages entre le long et le court terme, entre l’intérêt des actionnaires et ceux des salaries un peu compliqués à rendre.

Second défi, la mutation internationale. L’avenir de l’industrie automobile passe par l’expansion dans les pays émergents dont la Chine, d’où l’accord avec  les chinois. Il n’y a pas de secret. Quand il était chez EADS, Louis Gallois a remarquablement géré cette relation avec notamment l’épineux problème des transferts de technologie sur Airbus. Aujourd’hui, tout le monde sait chez Airbus que Louis Gallois n’a rien lâché de stratégique mais qu’il a en revanche pris des marges considérables en Asie, devançant ainsi Boeing. L’accord entre Peugeot et Dongfeng va être un peu plus compliqué à équilibrer parce que s’il y a moins de technologie en jeu, il a un énorme pouvoir capitalistique dans la balance.

Troisième défi, la mutation technologique. Peugeot  est aujourd’hui le constructeur champion du monde dans le diesel. La technologie diesel mise au point par PSA, conjuguée à une aide sans précèdent de l’État français lui a permis de survivre. Le diesel est aujourd’hui condamné. Trop cher, trop polluant.  Il faut donc réinventer des moteurs plus propres, avec de l’électrique si possible. Contrairement à Renault qui a fait beaucoup d’efforts dans ce domaine, Peugeot est très en retard.

Le problème c’est que parallèlement, Peugeot va devoir accroitre ses productions low-cost (pas facile), inventer un haut de gamme pour rayonner dans le monde entier et protéger les emplois en France ou ce qu'il en reste. Ce n’est pas un défi, c’est la quadrature du cercle.

Quand les rumeurs de remaniement du gouvernement  faisaient circuler son nom pour Matignon ou Bercy, il les repoussait avec énergie. Depuis c’est Pascal Lamy qui a pris sa place au jeu des pronostics de nomination politique. Pas sûr que la gestion de Peugeot-Citroën soit plus facile que le management de Bercy.

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