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Les sept piliers qui permettraient à la France de retrouver le chemin de la croissance
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Bonnes feuilles

Convaincu qu’il faut défendre et maintenir l’emploi en France, Pierre Gattaz expose ce qui fait défaut à notre politique économique au travers des sept piliers de la croissance, réflexions issues de son expérience de terrain et de son engagement dans l’action collective. Extrait de "Les 7 piliers de la croissance" (1/2).

Pierre Gattaz

Pierre Gattaz

Pierre Gattaz est président du Medef et PDG du groupe Radiall, entreprise industrielle de 279 millions d'euros de chiffre d’affaires.

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Après l’analogie du bateau dans la tempête, la France peut aussi être comparée à une entreprise traversant une crise.

Je suis conscient que comparer la France à une entreprise industrielle ou commerciale pourra en choquer certains.

Ils m’objecteront que la France est un pays, avec sa culture, son histoire, son patrimoine, son art, sa justice, son service public, ses obligations régaliennes de formation, de santé, de sécurité, d’emploi, ses jeunes, ses retraités, ses malades qu’il faut soigner et protéger, sa situation géopolitique en Europe et dans le monde : tout cela pourrait sembler très éloigné des objectifs d’une entreprise privée.

Mais à regarder de près, la France d’aujourd’hui n’a-t-elle pas les mêmes problèmes que ceux d’une entreprise: problèmes de croissance, d’exportation, de compétitivité, de gestion et de valorisation de son patrimoine (l’actif ), de remboursement de ses dettes (le passif ), de réduction de ses dépenses et de ses déficits, de baisse de son point mort de fonctionnement, de management et de motivation de son personnel et de ses cadres intermédiaires, de manque d’avantages compétitifs et différentiateurs par rapport à ses propres concurrents, de compétitivité-coût (coût du travail, de l’énergie, de la fiscalité…) et compétitivité hors coût (innovation, qualité, positionnement de son offre produit…), d’investissements pour l’avenir, de baisse de sa structure, c’est-à-dire d’efficience d’un service public de qualité (coût des fonctions supports) financé par la création de richesses et d’emplois de ses « forces vives » (en simplifiant les fonctions opérationnelles d’étude, de production et de vente)?

Là encore, si nous osons la comparaison de la France à une entreprise privée : celle-ci aurait un triple problème à régler :

– Problème stratégique :

• Elle ne sait pas où elle va (problème de stratégie et de plan à moyen terme).

• Ses équipes sont donc pessimistes et démobilisées, car il n’y a plus de projet pour le pays.

• Elle ne sait plus générer de croissance.

– Problème opérationnel et de compétitivité :

• Elle enregistre des pertes.

• Elle vit au-dessus de ses moyens, creuse ses déficits et consomme donc du cash.

• Elle importe plus qu’elle n’exporte.

• Elle n’arrive plus à rembourser sa dette, qu’elle creuse un peu plus tous les ans.

• Elle a un « point mort » trop élevé, témoin d’une structure trop grosse et inadaptée par rapport à son chiffre d’affaires.

– Problème de management et de motivation :

• Elle motive de moins en moins ses forces vives, ses locomotives (les « hauts potentiels »).

• Elle ne sait pas manager et motiver son personnel de structure (nos fonctionnaires).

• Elle paie de moins en moins bien l’ensemble de ses salariés, publics et privés, car les charges et les impôts sont devenus trop élevés.

Si la France était une entreprise privée, elle serait en dépôt de bilan. Ou elle aurait déjà disparu!

Le chômage: ennemi public n° 1

Tout cela, avec une conséquence dramatique sur l’emploi, qui est sans doute le problème numéro un à régler en France. Nous savons en effet qu’un chômage de masse n’est pas tenable durablement pour un pays, car il entraîne, sur le plan humain, des drames et des injustices de toutes natures. Il génère des pertes de repères chez les plus jeunes, qui sombrent parfois dans la délinquance, comme nous le constatons tous les jours. Il génère aussi le désespoir et parfois la déchéance chez les plus âgés. Sur le plan financier, le chômage est un fléau pour le pays, car plus il augmente, plus il coûte cher à l’État, ce qui accroît le déficit, et par conséquent oblige l’État à augmenter impôts, taxes et charges diverses sur les ménages et surtout sur les entreprises, ce qui renchérit le coût du travail, rend nos entreprises moins compétitives, qui in fine vont moins embaucher en France, voire débaucher. Un cercle vicieux peut s’amorcer très vite si nous n’y prenons garde. Nous l’avons sans doute déjà amorcé!

La croissance: muse bienfaitrice de l’économie

C’est pour cela qu’il y a urgence à régler les problèmes du pays, en lui redonnant à la fois le cap, la compétitivité, la confiance et la cohésion, pour recréer cette fameuse croissance qui permettra de régénérer de l’emploi pour nos compatriotes et des richesses pour le pays.

Car, comme pour une entreprise privée, « croissance » est le mot magique, à la source de bien des solutions, l’alpha et l’oméga de l’économie. Comme tous les chefs d’entreprise le savent, gérer une entreprise en croissance est beaucoup plus facile que gérer la même entreprise en décroissance. La croissance efface tous les défauts et toutes les (petites) erreurs de gestion: sureffectif, surstocks, sur-investissements… Pour filer une métaphore nautique, la croissance est un long surf dans les alizés au soleil.

La décroissance, c’est-à-dire en simplifiant la baisse de l’activité et des commandes, est beaucoup plus difficile à gérer, et impose souvent la réduction de toutes les dépenses, la restriction des embauches et parfois pire : des actes de gestion douloureux mais inévitables de réduction d’effectifs, d’abandon ou de cessation d’activités. La décroissance est acceptable et gérable lorsqu’elle est ponctuelle ou limitée dans le temps, comme une tempête ou un orage qu’il faut savoir affronter, tout en sachant que cela va s’arrêter. La décroissance devient compliquée et très difficile à gérer lorsqu’elle s’installe durablement. Ce n’est pas un état normal de l’économie, ni pour une entreprise, ni pour un pays.

La croissance n’est pas imposée par l’extérieur, par une force surnaturelle, par le hasard.

On ne peut pas l’attendre béatement, comme on attendrait un miracle de la Sainte Vierge.

La croissance, il faut aller la chercher. Il faut la générer, la provoquer.

5 – Les sept piliers de la croissance !

Comme dans le cas d’une entreprise privée, la croissance d’un pays provient de sept facteurs clés de succès, ce que j’appelle les « 7 C » de la réussite :

1/ un Cap, c’est-à-dire une stratégie, une ambition, associée à un esprit de Conquête pour redonner un sens collectif à nos efforts et à notre travail ;

2/ de la Confiance, et plus précisément un environnement réglementaire et politique de confiance qui fera que les créateurs de richesses et d’emplois agiront sur leur territoire, ou pas;

3/ et 4/ de la Compétitivité-coût et de la Compétitivité hors coût, pour se différencier et gagner dans la compétition internationale ;

5/ de la Cohésion pour réconcilier l’économique et l’humain, pour rassembler et aligner toutes les parties prenantes vers le but à atteindre ;

6/ de la Clairvoyance économique, car les règles économiques, comme le champ de bataille, sont mondiales, en n’oubliant jamais que « l’économie tire le social et non l’inverse » ;

7/ une Communication positive, pédagogique, pour expliquer le cap à suivre, les efforts à faire, les défis à relever, pour montrer une France qui gagne, et non pas une France qui tombe ou qui perd, pour diffuser un sentiment d’appartenance, de motivation et de fierté.

Et cette croissance retrouvée, alliée à ces sept facteurs clés de succès, que nous utilisons constamment dans toutes nos entreprises, recréera de l’emploi en France, et du bien-être à notre pays! CQFD!

Extrait de "Les 7 piliers de la croissance - Réflexions et tribulations d'un entrepreneur de terrain", Pierre Gattaz, (Nouveau Monde Editions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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