Les salariés n’ont pas confiance dans les systèmes de retraite obligatoires parce que les réformes ne sont pas lisibles<!-- --> | Atlantico.fr
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Le groupe WTW (ex Gras Savoy) a interrogé plus de 35 000 salariés à travers 23 pays, dont 1014 en France, sur leurs attentes en matière de retraite.
Le groupe WTW (ex Gras Savoy) a interrogé plus de 35 000 salariés à travers 23 pays, dont 1014 en France, sur leurs attentes en matière de retraite.
©AFP

Atlantico Business

Alors que le gouvernement finalise le projet de réforme du système français, il s’avère que les salariés, futurs retraités, n’ont pas confiance dans le système. Les plus jeunes sont demandeurs de compléments auprès de leurs entreprises.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout se passe comme si l’opinion publique qui renâcle à accepter une réforme des systèmes obligatoires n’avait plus confiance en rien. D’où leur tentation de réclamer des retraites complémentaires privées quand ils le peuvent.

Dans moins de dix jours, on saura donc tout sur la réforme du système de retraite. Tout ou presque, parce que le Parlement va encore pouvoir triturer le texte. Les syndicats et l’opposition politique ne sont d’accord sur rien. Alors que ça fait plus de deux ans que la France débat sur la nécessité et l’ampleur de la réforme avec une demande récurrente, on saura tout sur une réforme qui est dictée par le mur des réalités.Donc il faudra bien accepter la réforme même si elle ne plait pas.

A partir du moment où l’entrée dans la vie active est de plus en plus tard (à plus de 20 ans) pour cause de formation prolongée. A partir du moment où l’espérance de vie en bonne santé s’allonge (plus de 10 ans au cours des vingt dernières années), la durée de vie au travail diminue par rapport à la durée d’inactivité. Or, comme c’est le travail de ceux qui paient les cotisations retraite et que ces cotisations financent des pensions de retraite, on approche du moment où un homme (ou une femme), normalement constitué, passera plus de temps en inactivité qu’en activité. Ce qui veut dire que les systèmes ne trouveront pas d’équilibre financier.

Du coup, trois solutions.

Un, on accroit le pourcentage des cotisations. Impossible, sauf à aggraver le cout du travail.

Deux, on diminue le montant des pensions. Impossible, sauf à étrangler les retraités, eux qui votent beaucoup.

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Troisième solution, on accroit la durée du travail pour allonger la période où on paie des cotisations donc on repousse l’âge de départ à la retraite.

Ce qui va se passer est très simple. Le gouvernement ne peut pas s’affranchir de cette contrainte. Le projet présenté dans les dix jours reportera donc l’âge légal de départ à la retraite et où l’allongement de la durée de cotisations pour obtenir une retraite à taux plein.

L’économie ne fait pas de miracle, même si les hommes politiques promettent de pouvoir en faire. Et pour faire avaler cette pilule aux syndicats, le gouvernement proposera la prise en compte de la pénibilité dans les carrières longues et acceptera comme ultime concession de conserver les régimes spéciaux (Sncf, enseignants ou fonctionnaires) pour ceux qui sont en activité. Les nouveaux entrants en revanche seront embauchés au statuquo. 

Le débat qui fracture la vie sociale française est un peu artificiel parce que la grande majorité des salariés savent bien qu’il faut redresser les régimes.

Le groupe WTW (ex Gras Savoy) a interrogé plus de 35 000 salariés à travers 23 pays, dont 1014 en France, sur leurs attentes en matière de retraite. Les résultats sont sans surprise :

Cette étude révèle qu'une personne sur 10 approchant de la retraite s'attend à travailler au-delà de l'âge de 65 ans, voire à ne jamais pouvoir prendre sa retraite ; un chiffre qui est de 1 collaborateur sur 5 chez ceux âgés de moins de 50 ans, reflétant ainsi le manque de confiance croissant dans les systèmes obligatoires chez les moins âgés.

En bref, les salariés français, quoi qu’ils fassent, n’ont plus confiance dans les régimes obligatoires parce que leurs gérants paritaires n’ont pas dit la vérité. Ils ont nié la réalité pour ne pas déplaire à leurs adhérents. Les syndicats d’un côté, les patrons de l’autre. 

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Ce qui est très étonnant dans ce climat de défiance, c’est que les salariés français sont très peu nombreux à estimer épargner suffisamment en prévision de leur retraite.

En effet, ils sont 65% à déclarer qu'ils épargnent moins pour leur retraite qu'ils ne devraient.

Ceux qui ont un faible revenu, les femmes et les moins de 40 ans, affichent le plus grand écart entre le montant idéal qu'ils souhaiteraient épargner pour leur retraite et ce qu'ils épargnent réellement. Les problèmes financiers à court et long terme étant liés, les salariés dont les ressources financières sont moindres ont moins de capacité à financer leur retraite.

Ceux qui ont plus de moyens, épargnent. Ils achètent de l’immobilier (meilleur moyen de compléter sa retraite), ils souscrivent des PER, plan d’épargne retraite ou des assurances vie.

Quant aux fonctionnaires, les mieux placés ou les mieux rémunérés, achètent de la Prefon, un système de retraite par capitalisation qui offre d’importants avantages fiscaux.

C’est assez paradoxal, mais en France, les fonctionnaires qui devraient pourtant être les catégories qui pourraient avoir le plus confiance dans les systèmes obligatoires par répartition sont aussi ceux qui adhèrent le plus à un système de capitalisation complémentaire.

Mais très intéressant : l'enquête WTW montre que les prestations de retraite se présentent comme des facteurs prépondérants d'attraction et de rétention des talents.

  • 33% des salariés (contre 28% en 2015) estiment que le programme de retraite de leur entreprise a été une raison importante dans leur choix de rejoindre leur employeur actuel.
  • Pour 43% des salariés (contre 36% en 2015), le programme de retraite de leur entreprise est une raison importante dans leur prise de décision de rester ou pas avec leur employeur actuel.

Enfin, parmi les avantages sociaux, les prestations de retraite (26%) est le domaine sur lequel les salariés estiment avoir besoin le plus d'aide et sur lequel leur employeur devrait se concentrer. Suivent ensuite les modalités de flexibilité au travail (15%), l'aide dans la gestion au quotidien de leurs finances (10%), l'investissement dans la progression de leur carrière (10%), ainsi que l'accompagnement dans la compréhension et l'utilisation de leurs avantages sociaux (8%).

Pour en savoir plus sur l’enquête WTW : https://www.dropbox.com/s/v2dp187jgwwdzxm/WTW_Etude%20Retraite.pdf?dl=0

WTW en France ( ex Gras savoy )filiale du groupe Xylème est un fournisseur de  solutions fondées sur les données dans les domaines des Assurances de personnes, du Risque d'entreprise et du Capital Humain.

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