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Les patrons d’Île-de-France interpellent les candidats aux régionales, mais n’en attendent rien de concret
Quand les organisations patronales questionnent les candidats aux régionales, les questions sont généralement plus importantes que les réponses, parce qu’ils n’en attendent rien de particulier. Les entreprises ne votent pas. Elles paient juste des impôts.
Le MEDEF Ile-de-France doit interpeller les candidats à l’exécutif régional ce soir mardi, autour d'enjeux à la fois économiques et sociétaux. A la limite, les chefs d’entreprises n’ont qu’une envie : savoir ce que les élus d’Ile de France vont faire pour retrouver le goût d’une région où il fait bon vivre. Ce que veulent les patrons est très simple : que l’Ile de France retrouve son attractivité pour que les investisseurs aient envie de s’y installer et que les personnels cadres aient envie d’y travailler et de vivre.
Ils seront donc tous là pour répondre aux questions, réagir aux suggestions et doléances : Clémentine Autain, Jordan Bardella, Julien Bayou, Valérie Pécresse, Audrey Pulvar et Laurent Saint-Martin débattront autour de ces questions fondamentales pour l’avenir de notre région, mais personne n’en attend de miracle. Les deux mondes sont si différents.
Les candidats aux régionales vont parler à leurs électeurs pour les fidéliser et pas aux entreprises qui, de toute façon, ne votent pas.
Alors si tout le monde partageait le même logiciel, si les électeurs, comme les entreprises, cherchaient à améliorer la mécanique du progrès, on pourrait espérer dégager une plateforme d’actions communes mais ça n’est pas le cas.
Les candidats seront interrogés par rapport à la plateforme de propositions réalisée collégialement avec les fédérations professionnelles et les Medef territoriaux d’Ile-de-France, articulée autour de 7 axes majeurs et 81 propositions concrètes.
1. Décider et agir avec nous
2. Relancer le territoire par l’investissement
3. Faire de la transition écologique une opportunité économique
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4. Réorienter l’aménagement du territoire
5. Dynamiser les perspectives des jeunes
6. Passer de l’ère des transports à celle des mobilités
7. Restaurer notre souveraineté sanitaire
Toutes ces propositions sont certes passionnantes, mais le monde politique ne les regarde pas avec les mêmes lunettes. Entre les patrons et les élus locaux, il y a trois types de débats.
Des débats qui font consensus mais qui ne servent à rien :
Décider et agir avec nous, demandent les patrons, rien de plus normal, encore faut-il passer à l’acte. Or, les responsables politiques adorent les entreprises, à condition qu’elles ne soient pas trop près des zones résidentielles.
Relancer le territoire par l’investissement, tout le monde est d’accord mais quels investissements et qui aura l’argent ? Forcément, plus souvent l’Etat central que la région. Donc quand on est chef d’entreprise, mieux vaut caresser l’administration que la région.
Réorienter l’aménagement du territoire ; là encore, tout le monde sera d’accord, sauf quand il s’agira de réguler les zones d’activité et les zones d’habitation. En fait, les régions, en la matière, n’ont plus de doctrine depuis longtemps. Donc on laisse faire le marché.
Les débats qui font débat et sur lesquels il pourrait y avoir un compromis :
Réorienter l’aménagement du territoire, parce que tout le monde a intérêt à ce que la répartition des populations soit cohérente et efficace.
Dynamiser les perspectives des jeunes. C’est plus difficile d’être concret et ne pas céder aux injonctions contradictoires, parce que le logement coute très cher.
Enfin, il existe des débats insolubles où on ne trouvera jamais d’accord.
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Faire de la transition écologique une opportunité économique. Ce qui est une évidence pour la majorité des chefs d’entreprise et des populations est complètement contradictoire pour les dirigeants et des élus écologistes. Ces militants, qui s’avèrent très puissants lors des scrutins locaux, plaident pour moins de croissance comme facteur de réduction des émissions de gaz carbonique. Ces courants écologistes ont été très satisfaits par les effets du confinement. La pollution a chuté dans le monde entier, ce qui est évidemment inapplicable pour des chefs d’entreprises et pas que.
Passer de l’air des transports à celle de la mobilité passe aux yeux des chefs d’entreprise pour « une vieille lune », la mobilité, c’est forcément du transport. Alors, qu‘il y existe des moyens de transport moins polluants que d’autres à privilégier, c’est logique et normal.
Restaurer notre souveraineté sanitaire. C’est bien le seul secteur où les mouvements patronaux accepteraient qu’on fasse un effort, parce que, dans la plupart des secteurs, l’implantation industrielle est liée à la compétitivité.
Moralité, si l’Etat et/ou la région veulent garder leurs entreprises, qu’ils aménagent des conditions génératrices de compétitivité, y compris des infrastructures.
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