Les moules en silicone sont-ils dangereux pour la santé ? C’est compliqué et voilà pourquoi<!-- --> | Atlantico.fr
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UFC-Que Choisir a réalisé des essais sur des moules en silicone afin d’en déterminer les risques pour le consommateur.
UFC-Que Choisir a réalisé des essais sur des moules en silicone afin d’en déterminer les risques pour le consommateur.
© Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Impact sur la santé

Selon l'UFC-Que choisir, les moules en silicone, utilisés pour les pâtisseries, peuvent contaminer les aliments à des niveaux très élevés. L'association va saisir la DGCCRF.

Kako Naït Ali

Le Dr Kako Naït Ali est ingénieur et docteur en chimie des matériaux.

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Atlantico : UFC-Que Choisir a réalisé des essais sur des moules en silicone afin d’en déterminer les risques pour le consommateur, à quel point peuvent-ils être dangereux ? 

Kako Nait-Ali : Ils ont identifié que des substances classées soit CMR2 soit substances extrêmement préoccupantes et présentes dans certains moules pouvaient migrer dans les aliments au moment de la cuisson. Notamment au cours de la première utilisation. Il faut souligner qu’il peut être normal qu’il reste des traces de substances utilisées dans la fabrication de ces moules. Si on reste sur ces substances, tout dépend de la quantité pouvant migrer dans les aliments. Si ces quantités sont au-dessus des seuils règlementaires, il y a non-conformité et ces fameux moules ne devraient pas être commercialisés. Sur toutes les autres substances identifiées nous n’avons aucune information. Cette étude a été faite surtout pour alerter car la réglementation actuelle est obsolète. 

Est-ce un danger qui provient d’une mauvaise utilisation ou plutôt d’une mal-fabrication de la part des entreprises qui les vendent ?

C’est uniquement lié à la fabrication. Les substances qui vont migrer dans les aliments sont contenues dans le silicone. Elles vont migrer lors de la cuisson. Parfois uniquement lors de la 1ère utilisation mais cela peut aussi arriver à répétition et il est montré que cela peut même s’aggraver au fil des utilisations. Il faut savoir que la réglementation est claire sur ce qui peut ou non migrer dans l’alimentation en fonction du type de produit. Là le problème est que les substances identifiées ont des seuils qui, une fois dépassés, peuvent mettre en danger l’utilisateur. Cette étude montre que ces limites règlementaires ont été dépassées, parfois de manière importante, lors des essais réalisés. Ce qui veut dire que ces produits ne devraient pas être commercialisés. A noter que certains produits relarguent peu ou pas de substances et sont tout à fait conformes selon l’étude. 

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En quoi les réglementations sont-elles trop anciennes et devraient être réactualisées pour mieux correspondre aux normes actuelles ?

On se repose actuellement sur la réglementation française qui date de 1992 et qui détermine les modalités d’essais avec les limites de migration depuis le silicone pour ce type de produits. Nous avons donc des arrêtés qui datent des années 90 bien que nous ayons évolué sur nos processus de fabrication, sur les matériaux utilisés et sur la classification des substances par la règlementation européenne. Cette étude met en lumière une nécessité de mettre à jour ou de compléter les règlementations européenne et française sur ce type de produits.

Il faut que les essais réalisés sur des produits en acier ou plastique par exemple soient du même niveau que sur des produits type silicone. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le pire est d’acheter en ligne avec des produits faits à l’étranger avec des standards de réglementation différents.

Quelles sont les limites de l’étude d’UFC-Que Choisir ?

Tout d’abord les résultats de l’étude n’ont pas été publiés. Nous n’avons pas la liste des substances détectées et les taux associés, il est donc difficile d’aller plus loin dans l’analyse de l’étude.

Ils ont aussi utilisé une méthode non-applicable au silicone. Ce n’est pas forcément grave mais on constate que concernant un produit, il y a eu une dégradation donc le test n’est pas forcément adapté à tous les silicones testés.

Cette étude est malgré tout nécessaire pour relever le problème, en espérant que cela conduira à une révision de la règlementation actuelle sur ces produits.

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