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Les milieux d’affaires ont longtemps cru que François Hollande était nul. Ils commencent à se demander s’il ne serait pas plutôt incroyablement machiavélique
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Atlantico Business

Pendant les 4 premières années du mandat présidentiel, les chefs d’entreprise ont pensé que François Hollande n’était pas à la hauteur de la fonction. Ils commencent à se demander s’il n‘était pas au contraire incroyablement machiavélique ...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

Voir la bio »

"Les princes qui gouvernent n’habitent pas en banlieue, ils n'ont pas à le faire tant qu’ils se souviennent que les banlieues existent." Cette phrase prêtée à Machiavel correspond assez bien à François Hollande. Le président français est obsédé par les bruits de la ville. Il les écoute plusieurs fois par jour et peu importe la politique que ces bruits contradictoires lui inspirent, il habite toujours au château.

Aux yeux de beaucoup de chefs d’entreprise, des grandes multinationales ou des PME, aux yeux des visiteurs étrangers et de la majorité des observateurs du pays et des analystes, la France n’est pas loin de ressembler à un champ de ruines. 

Rien de va plus, l’administration répond mal, les cabinets ministériels se vident, et la gouvernance manque cruellement d’autorité. Quant aux syndicats certains sont déjà en lévitation libre. 

Le résultat atteint est complètement à l’opposé de ce qui était possible, souhaitable et prévu. Le projet de François Hollande était d’assurer la mutation de la France vers la modernité. Le résultat est qu’il a fabriqué une France complètement recroquevillée sur elle-même et bloquée. 

En 2012, la France devait tout faire pour redresser la tête et sortir de la crise, la France s’est enfoncée dans ses habitudes, ses travers et ses petits privilèges.

Face à la mondialisation, on a été incapable de développer une dynamique positive pour en saisir les opportunités et on se retrouve à célébrer le made in France. C’est bien, mais ça n’est pas le sujet. Le client n’achète pas une origine, il achète d’abord une qualité et ensuite un prix. 

Face à la concurrence généralisée et plutôt que d’en faire un outil de progrès, on cherche tous les moyens de s’en protéger, le pire exemple nous est donné par la mairie de Paris. Anne Hidalgo, pour protéger ses petits commerces, ses petits hôtels et ses petits taxis, cherchent par tous les moyens à étouffer Amazon qui a eu l’idée d’offrir des livraisons à domicile (quelle horreur !). Etouffer aussi Airbnb dont le business est de loger les touristes étrangers dans des conditions moins chers qu‘à l’hôtel (quelle sottise !). Etouffer Uber qui met en circulation des voitures propres, avec des chauffeurs polis à un prix plus aimable que celui des taxis. Etouffer, étouffer toute nouveauté est devenu l’obsession de la majorité socialiste. 

Alors que la majorité était normalement porteuse d’une force de progrès, la gouvernance gérée par François Hollande a abouti à créer une force de conservatisme où tout se bloque. 

L’Education nationale s’est figée sur des a priori idéologiques dont le dernier exemple est la censure des programmes d’enseignement de l’économie. 

Les entreprises ont continué de faire leurs bagages pour déménager leurs directions générales aux Pays Bas, en Suisse, à Londres ou à Singapour. Ne sont restés à Paris que les présidences, et les services de recherches pour toucher le crédit d’impôt recherche.

Toutes les tentatives d'ouverture ou de libération des énergies entrepreneuriales, tous les projets de réforme et d’ouverture ont avorté ou ont été abandonnées en rase campagne dans un désordre assourdissant. 

Le dernier en date, la loi Travail, dite El Khomri s’est vidée au profit du conservatisme syndical le plus archaïque. 

Tout ce que fait le gouvernement s’auto-détruit en quelques semaines au bénéfice des structures du passé, qu’il faut protéger ou restaurer. 

Dans ces conditions, la France ne s’en remettra pas. Elle tuera dans l'œuf toutes les ambitions et toutes les innovations de progrès. 

Au début du quinquennat, le monde des affaires regardait François Hollande d’un air sceptique, en train d'écraser d’impôts la classe moyenne et supérieure. C’était une erreur économique, puisqu'il a écrasé la demande mais le monde des affaires a compris que c’était sa façon à lui de payer son élection. "Les riches devaient payer, il a fait payer les riches", sans s’apercevoir qu’il asphyxiait l'activité. 

Deux ans plus tard, il croit redresser la situation en redonnant de l’oxygène à l’appareil de production par le Cice. Bravo. Sauf qu’il a été incapable d’utiliser cet oxygène pour lancer des réformes de structure

Alors que l'environnement pouvait très bien booster cet effort : l’euro, les taux, et le pétrole, le permettaient. 

Au bout de quatre ans, le bilan de la gouvernance est donc nul ou presque. Beaucoup de ministres incompétents sont d’ailleurs sortis du jeu à commencer par Cécile Duflot qui a mis à plat l’industrie du logement. Sans parler d’Arnaud Montebourg qui s’était refugié dans une grande école de business pour préparer un MBA. Son seul mérite est de reconnaître ainsi qu’il n avait pas d'expertise de la vie d’entreprise et de son fonctionnement, ce qui était plutôt une marque de lucidité ou une forme d’intelligence. 

Ce qui est extraordinaire, c’est que François Hollande a régné sur un tel désordre sans paraître s’en inquiéter. Il en était même content. Il faut toujours se méfier des présidents de la République quand ils sont contents et particulièrement les Corréziens. Jacques Chirac aussi était content mais il ne faisait pas grand chose d’autre. 

Tout se passe comme si la situation actuelle était l’aboutissement d’une stratégie incroyablement machiavélique digne d’une culture trotskiste des plus affutées. La culture trotskiste se moque de l’état dans lequel elle laisse le système, pourvu qu'elle conduise au pouvoir. 

C’est en cela que Lionel Jospin dans les années 1990 n’avait sans doute pas assimilé parfaitement tous les préceptes et tous les process trotskistes qu'on lui a reprochés d’avoir acquis ... parce que s'il avait tout compris du trotskisme, il aurait gagné le pouvoir. Or il a perdu face à Jacques Chirac lui permettant d'affronter Jean-Marie Le Pen et d'être plébiscité par la droite modérée et la gauche. Quelle humiliation pour la gauche ! 

François Hollande n’a pas d antécédents trotskistes et pourtant beaucoup pensent qu’il possède un art consommé pour entretenir un désordre politique et économique au profit de son pouvoir.

"Rien de ce que fait François Hollande est anodin. Rien n'est gratuit... des petites aux grosses erreurs" disent les proches.

Il a désorganisé la vie économique, il a explosé sa majorité de gauche, il ne rêve que d'éclater la droite entre mille candidats à la primaire, il a un talent fou pour profiter de la moindre inquiétude. Il aurait pu être l'enfant qu'un Zemmour n'a jamais eu avec Cécile Duflot. 

Tout ce qui se passe aujourd'hui est incroyablement machiavélique parce que tout semble indiquer qu'il sera seul à profiter politiquement de la situation. Les sondages faits à gauche sont en train de montrer que le seul capable de porter le drapeau de la gauche serait encore François Hollande.

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