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Les Espagnols se rattraperont
sur la PAC
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Concombre blanchi

Accusée à tort par l'Allemagne dans l'affaire des « concombres tueurs », l'Espagne demande ce matin à être « dédommagée à 100% » par Berlin. Un scénario improbable, même si l'Espagne pourrait bénéficier d'un geste en direction de ses producteurs à l'occasion de la prochaine réforme de la Politique Agricole Commune (PAC).

Nicolas-Jean Brehon

Nicolas-Jean Brehon

Nicolas-Jean Brehon est enseignant en finances publiques à l'Université Paris I Sorbonne. Spécialiste des finances communautaires, il participe aux travaux de la Fondation Robert Schuman.

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Atlantico : Comment s'explique le loupé allemand dans l'affaire des concombres ?

Nicolas-Jean Brehon : Tout d'abord par la panique, et le besoin pour l'opinion publique d'identifier un coupable : il y avait quand même un faisceau d'indices montrant que les malades avaient consommé des légumes crus, qui étaient pour la plupart d'origine espagnole. Mais il peut également s'expliquer du point de vue constitutionnel, avec un problème spécifiquement allemand de répartition de compétence entre le Bund [Etat central, ndlr] et les Länder. Le contrôle sanitaire relève en principe du Land, mais le Bund peut s'en saisir si le problème grossit et qu'il y a des morts. Le retard dans l'alerte dont se sont plaints les Espagnols relèvent de la lenteur de ce transfert de compétence. Mais il faut souligner que l'alerte européenne a quand même fonctionné selon les règles habituelles : un État alerte l'Union Européenne (UE) de l'existence d'une crise, et celle-ci alerte à son tour tous les États-membres.

C'est crise est extrêmement grave pour l'UE, moins par la crise sanitaire, dont l'importance reste modeste, que pour le contexte dans lequel elle intervient : la préparation de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), qui s'étend sur 2010 et 2011.

Aujourd'hui, toute orientation de la réforme se fait sur deux axes voulus par les Allemands : la compétitivité et le verdissement. Mais cette crise remet en cause les croyances habituelles et rappelle les fondamentaux de la PAC : elle doit être une politique agricole qui fournit une alimentation en quantité et qualité. Elle remet les choses en ordre, en disant « le verdissement, c'est très bien, mais la priorité, c'est la sécurité alimentaire ». Le bio [dont les cultures seraient à l'origine de la bactérie, ndlr] est un bon marché de niche, mais il ne fait pas les quantités pour les exportations, où la compétitivité et le rendement restent déterminants : l'Allemagne a construit son agriculture sur les principes de son industrie.

Comment le différend entre l'Allemagne et l'Espagne se réglera-t-il ?

Il est hors de question que les Espagnols obtiennent une réparation. En revanche, cela sera un élément de négociation. Les Espagnols, qui étaient un peu marginaux dans les négociations à cause de divergences de positions entre l’État central et les régions autonomes, vont certainement gagner du poids.

Les Espagnols défendent leur spécialisation, la filière des fruits et légumes, alors que les Allemands restent plutôt concentrés sur d'autres productions. Dans les discussions sur la PAC, il est donc possible que les Espagnols obtiennent un geste en leur faveur, c'est à dire en direction des producteurs de fruits et légumes.

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