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Les entreprises sont de plus en plus obligées de faire des choix politiques et sociétaux.
Les entreprises sont de plus en plus obligées de faire des choix politiques et sociétaux.
©PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

Atlantico Business

Entre la guerre en Ukraine, les obligations de protéger la planète, l’émergence des courants Wokistes et la nécessité de respecter des nouveaux codes de bonne conduite entre les hommes et les femmes, les entreprises sont désormais obligées de faire des choix politiques et sociétaux.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La Crise du covid, la guerre en Ukraine, les responsabilités sociales et environnementales, l’émergence des courants du wokisme et les nouveaux codes sexistes, sont désormais entrés dans les entreprises privées sous la pression des salariés, des clients et des investisseurs. Du coup, les chefs dentreprises sont obligés de sadapter au changement, ce qui ne les perturbe pas trop parce que cette adaptation concourt à leur compétitivité.

Ce qui est compliqué, cest que beaucoup de changements ont une composante politique.

1° La crise du covid, par exemple, a obligé certaines grandes entreprises à venir au secours de lEtat qui n’était pas prêt. Pas de masques, pas de vaccins et peu de soignants, les entreprises qui en avaient la possibilité ont compensé les carences de l’État. Mais là où le Covid a impacté le plus lentreprise aura été au niveau de lorganisation du travail.  Peu dentreprises connaissaient le télétravail qui ne faisait dailleurs pas partie des revendications classiques des syndicats. Mais aujourd’hui, toutes les entreprises sont obligées de mettre en place une organisation du travail qui corresponde à la demande de flexibilité, de liberté de sorganiser et de travailler autrement. Aujourd’hui, sans aucune obligation, aucune norme et aucune demande syndicale, tous les salariés vont sorganiser pour télétravailler 2 ou 3 jours par semaine. Cette tendance est irréversible. Dans un deuxième temps, les entreprises vont sans doute casser les heures de travail. La traditionnelle 9H 18 h qui est en usage depuis un siècle environ va être remplacé par des horaires beaucoup plus souples et divers. Toutes les entreprises sont en train de réfléchir  à cette révolution.

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Avec deux difficultés, dabord, tous les métiers et toutes les fonctions ne sont pas éligibles à un tel changement. Ce qui va provoquer des inégalités entre les personnels dune entreprise quil va falloir corriger dune façon ou dune autre. Ou en temps de non-travail ou en argent. Mais ça nest pas tout, lentreprise doit se réorganiser de fond en comble pour sadapter à cette liberté nouvelle. Le covid a évidemment accéléré le changement.

Les entreprises ne peuvent pas refuser ce changement parce quil fait partie des demandes nouvelles des salariés. Si ces demandes ne sont pas satisfaites, les salariés sen iront.

2° La guerre en Ukraine, son évolution, le comportement de Vladimir Poutine et les réactions des occidentaux ont plongé les entreprises dans lobligation de dire avec quel pays elles accepteraient de travailler et ceux qu’il fallait ignorer. Comme au temps de la guerre Froide, il existe deux blocs de pays dans la géopolitique mondiale. Deux blocs, deux camps. Les pays occidentaux et ceux qui adhèrent aux principes de l’économie de marché et ceux qui font la guerre ou la soutiennent. La guerre en Ukraine a obligé près de 1500 entreprises dorigine occidentale à sortir de la Russie. Elles se sont exfiltrées pour suivre les décisions de sanctions prises par les États et les gouvernements mais aussi elles sont sorties sous la pression de leurs clients, de leurs salariés et de leurs actionnaires.  

Les rapports avec la Chine ne sont pas aussi braqués, mais ils se durcissent parce que la politique du zéro-covid a installé une chappe de plomb sur l’économie chinoise qui fait fuir les entreprises occidentales. Si un conflit souvrait entre la Chine et les États-Unis, la pression via les sanctions serait encore beaucoup plus pesante.

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Au total, les entreprises internationales ont une identité, une culture, une ADN qui les conduit désormais à refuser le commerce avec des pays qui ne respectent pas les valeurs universelles que sont les libertés individuelles, le respect de la vie etc. etc. Les entreprises saccommodaient des régimes autoritaires non démocratiques , si la liberté de faire du commerce, et de respecter les droits de la concurrence, les contrats juridiques étaient protégés. Mais dans le conflit entre la Russie et LUkraine, elles ont découvert que certains comportements étaient décidément inacceptables.  Beaucoup dentreprise ont modifié leur stratégie de développement pour des raisons morales, mais aussi pour des raisons commerciales et financières parce que une fois de plus, leurs clients ne comprendraient pas, leurs salariés fuiraient cette entreprise sils le pouvaient et les investisseurs refuseraient le risque.

Toutes les obligations ou les contraintes liées à la RSE (responsabilité sociale et environnementales sont en train de senraciner dans la majorité des entreprises et des organisations patronales. Une entreprise qui veut sattacher ses salariés, gagner des clients et fidéliser ses actionnaires se doit de lutter contre le climat et protéger lenvironnement. Lentreprise de croissance se veut désormais verte sinonelle risque l’opprobre générale et ça lui couterait plus cher. Fin octobre, Danone commémorera le 50 e anniversaire du discours d’Antoine Riboud qui avait expliqué au patronat que lentreprise ne pût fonctionner que sur deux jambes : lefficacité économique et le social. A l’époque, les patrons étaient médusés. C’était il y a un demi-siècle. 

Aujourd’hui, un patron qui n’oserait pas parler de RSE serait cloué au pilori parce que ses clients, ses salariés et ses actionnaires veulent du vert.

Lexamen de toutes les thèses wokistes dun côté et toutes celles qui prônent l’égalité des sexes de lautre. Sans parler des thèses qui défendent la théorie du genre ou de l’écriture inclusive, qui sont plus difficilement solubles dans la gestion dune entreprise. Ceci étant, tous ces courants obligent les DRH à surveiller et à réguler le climat de lentreprise. Pas facile dignorer ces tendances lourdes qui pèsent sur les structures occidentales parce quelles se frottent à la politique politicienne. Et qui sy frotte sy pique.

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