Bilan de pandémie
Les 5 échecs qui ont fragilisé la planète face au Covid
Face au Covid-19, des erreurs et des échecs de la part des dirigeants ont freiné l'efficacité de la lutte contre la pandémie.
Atlantico : Dans quelle mesure les faits suivants ont-ils fragilisé la planète face au Covid ? :
Les retards dans la reconnaissance de la voie d'exposition aérienne cruciale du SARS-CoV-2 et dans la mise en œuvre de mesures appropriées aux niveaux national et mondial pour ralentir la propagation du virus
Dr Jérôme Marty : C’est le point le plus important, le vrai scandale de santé publique. Dès les premiers jours (mars 2020), on a su que c’était une infection aéroportée, mais on ne l’a pas reconnu en France. On a dit que c'était une infection qui se transmettait par les gouttelettes ou par les mains, comme Didier Pittet et Didier Raoult. Or on a été plusieurs à dire que la transmission se faisait par voie aérienne. Il fallait préparer les lieux clos, adapter les classes. Rien n’avait été fait pour faire face à cette épidémie qui était en réalité une clusterémie.
On ne pouvait pas l’avouer car le matériel manquait : les masques FFP2 pour les soignants en sont l’exemple parfait.
On a perdu du temps et c’est comme ça que dans les EHPAD, il y avait plusieurs dizaines de morts par jour. Les structures n’avaient pas les moyens pour lutter face à la propagation du virus.
Le gouvernement a reconnu que la transmission se faisait par voie aérienne en janvier 2021 et ne l’a indiqué sur les affiches qu’en juin 2021.
L'incapacité des gouvernements à examiner les preuves et à adopter les meilleures pratiques pour contrôler la pandémie et gérer les retombées économiques et sociales d'autres pays
Dr Jérôme Marty : Certains pays, comme Taiwan ou le Vietnam, ont bien réussi à faire face au Covid, du moins au début. En France, les moyens étaient maigres. On avait mis en place une doctrine basée sur les manques et non sur les faits scientifiques. On manquait de masques et de tests donc on s’adaptait comme on pouvait. On a mis du temps à comprendre qu’il fallait régulièrement tester les soignants et les citoyens pour arrêter en amont la circulation du virus. On a également mis un temps fou à reconnaître que les tests des eaux usées étaient primordiaux.
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L'insuffisance du financement mondial pour les pays à revenu faible et moyen
Dr Jérôme Marty : Il fallait un organisme supranational pour gérer la vaccination afin de mettre fin aux inégalités face aux vaccins. Plus de deux ans après le début de l’épidémie, certains pays ont encore du mal à obtenir des vaccins. Si on laisse circuler le virus, on le prend en boomerang car ce sont les nouveaux variants qui vont venir chez nous.
L'incapacité à garantir un approvisionnement mondial adéquat et une distribution équitable des produits de base essentiels, notamment les équipements de protection, les diagnostics, les médicaments, les dispositifs médicaux et les vaccins…
Dr Jérôme Marty : Dès le début, il y avait des pays qui rachetaient les masques sur les tarmacs. Tout partait au plus offrant. En Europe, c’est plus complexe puisque cela se faisait au niveau européen.
L'incapacité à combattre la désinformation systématique
Dr Jérôme Marty : On a laissé s’installer tout un tas de fake news. Ceux qui les diffusaient ont gagné en visibilité sur les réseaux sociaux. Mais cette sphère complotiste a été nourrie à cause du manque de clarté de la part du gouvernement. Ce dernier n’expliquait pas quel était l’intérêt du vaccin, comment fonctionnait le vaccin ARN messager. On a laissé l'ignorance se développer et la nature ayant horreur du vide, tous les charlatans et les complotistes ont pu jouer la surenchère, comme France Soir, Florian Philippot ou encore Nicolas Dupont-Aignan.
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