Le seul moyen de réformer serait de prouver l’intérêt apporté à tous, par la reforme. Ça serait possible…<!-- --> | Atlantico.fr
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Les dossiers de réformes profondes ne manquent pas : retraite, santé, éducation, travail, chômage, financement public, politique énergétique, lutte pour le climat...
Les dossiers de réformes profondes ne manquent pas : retraite, santé, éducation, travail, chômage, financement public, politique énergétique, lutte pour le climat...
©Ludovic MARIN / AFP

Atlantico Business

Le président de la République n’a pas caché son embarras pour réformer la société française. Il a été flou sur la plupart des grands dossiers d’actualités : sur la retraite, le système de santé, l’éducation, la loi travail, la sécurité. Flou ou prudent ou muet.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les dossiers de réformes profondes ne manquent pas : retraite, santé, éducation, travail, chômage, financement public, politique énergétique, lutte pour le climat etc. la volonté de reformer ne manque pas. Ce qui manquerait à l’exécutif c’est une majorité parce qu’effectivement la situation politique a changé. Et c’est ce changement expliquerait le flou ou la prudence extrême du président. 

La gouvernance d’Emmanuel Macron a une obligation de résultats. Si elle n’en a pas les moyens, ça ne lui interdirait pas pour autant d’être intelligente.

A priori, il y a deux moyens de reformer pour un pouvoir politique :

-Un, imposer la reforme de façon autoritaire mais ça pose quelques petits problèmes dans les régimes démocratiques

-Deux, convaincre l’opinion de la nécessité de reformer en démontrant l’intérêt que peuvent avoir les gouvernés pour accepter. C’est dans nos démocraties occidentales ce que les responsables politiques essaient de faire. Mais le résultat n’est pas garanti et nécessite beaucoup de travail pour obtenir une adhésion.

Le président de la République a, à apriori, choisi la prudence en espérant que tout le monde prenne conscience du mur des réalités à affronter ou assumer.

Sur les retraites par exemple, il va relancer une grande concertation pour essayer de d’égarer un consensus sur la nécessité de retarder l’âge de départ à la retraite. Personne ne se fait d’illusion.

Sur le nécessité de répondre à la crise énergétique qui se profile, le gouvernement prépare une grosse campagne de communication ( 15 millions dit-on ) pour inciter les français à consommer moins d’essence ou d’électricité. Si non il faudra mettre en place des rationnements ou accepter des prix plus élevés. Là encore, personne ne se fait d’illusion. Il y aura les petits malins et ceux qui en ont les moyens. Et les autres, moins malins qui paieront le prix fort. Intolérable

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Le monde de l’assurance a pris des initiatives intéressante pour se repandre sur le marché. En fait il repris et adapté des vieilles recettes de la sciences économiques pour inciter ou obliger (sans obliger) les assures à des comportements plus responsables.

Sur l’assurance automobile par exemple, les opérateurs ont généralisé le bonus -malus. L’assurance automobile, est obligatoire notamment l’assurance de base, responsabilité civile qui couvre les dommages faits à autrui. Cette obligation est respectée par la grande majorite des conducteurs de véhicules à quatre roues. Les services de polices sont d’ailleurs habilités à les contrôler et peu d’entre eux dérogent à la règle.

Mais les assureurs ont inventé le bonus- malus pour encourager les assurés à bien se comporter. Si le conducteur n’a pas d’accidents ou d’ennuis particuliers de son fait, il bénéficie d’un bonus sur sa prime et ce bonus s’accroit d’année en année de bonne conduite. Si le conducteur fait des fautes qui le rendent responsable d’un accident, l’assureur lui inflige un malus sur sa prime d’assurance.

Le permis à points fonctionne un peu de cette façon. Ce système d’intéressement a produit ses effets. Il incite l’assurer ou le conducteur automobile à bien se tenir.

Dans toutes les reformes possible d’assurance santé, on commence à s’inspirer du bonus -malus. L’assurance sante sera plus chère pour un individu à risque, par exemple pour un fumeur, un alcoolique ou plus généralement une personne qui ne se protège pas des risques majeurs, et qui ne fait aucune prévoyance. Dans l’assurance emprunteur, la primes sera évidemment différente selon l’âge de l’emprunteur ou de l'assuré. 

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Dans l’assurance retraite il faudra bien finir par imaginer des formels de retraites à la carte selon l'âge de départ choisi, ou de la durée de cotisations. Sauf à passer d’un système par répartition fondée sur la solidarité nationale, a un système par capitalisation fondée lui sur la responsabilité individuelle. Ces formules ne sont pas sans défauts bien sur mas elles ont l’immense avantage de responsabiliser les clients ou les usagers.

Tout ce qui touche à la gestion des énergies menacées d’inflation ou de rationnement, deux remèdes classiques, qui sont également assez peu populaires, on pourrait très bien imaginer des systèmes d’intéressement ou d’incitation personnel.

Pour réduire la consommation de carburant afin de freiner les hausses de prix et la spéculation, les gouvernements ont parfois, dans le passé, distribué des tickets de rationnement ou alors mis en place des limitations de vitesse. A 70 KLM/heure, une voiture consomme 25 % de carburants en moins qu’140 KLM : heure.  Ceci dit, ces mesures obligatoires, et même assez liberticides seraient difficilement applicables aujourd’hui.

En revanche, les moyens digitaux permettent surement d’être plus subtiles comme les assureurs le sont.

Sur l’autoroute par exemple, les opérateurs de péage ont tout à fait la possibilité de connaitre à quelle vitesse, les voitures ont rouler entre deux tronçons. Moyennant quoi compte tenu de la cylindrée de la voiture, ils peuvent aussi connaitre sa consommation. Ils peuvent très bien offrir des bonus a ceux qui aurait roulé à vitesse moyenne et appliquer les malus à ceux qui auraient roulé à grande vitesse. Bref en modulant le péage de l’autoroute, l’automobiliste ou le transporteur peut avoir intérêt à modérer sa vitesse donc sa consommation. C’est un moyen très surement plus acceptable que des mesures coercitives que les fonctionnaires sont en train d’imaginer pour réduire la consommation.

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La gestion de l’électricité pourrait très bien fonctionner selon les mêmes modalités. L’EDF et tous les distributeurs d’électricité ont déjà pris en compte les heures creuses et les heures pleines avec des tarifs très spécifiques…mais aujourd’hui, les compteurs individuels ,les fameux Linky permettent de savoir qui consomme quoi et à quelle heure. Cette masse d’information pourrait servir à moduler la facture a la hausse comme à la baisse selon les appareils alimentes.

Bref ce qui compte dans une réforme, c’est évidemment son impact attendu. Mais son résultat est tributaire de son acceptation. Pour être acceptée une réforme doit rapporter des garanties de progrès à la collectivité mais comme sa faisabilité dépend de l’action individuelle, la réforme qui va nécessiter un effort doit apporter un profit ou un intérêt individuel. Un gouvernement a donc des obligations de résultats. Ça ne l’autorise pas pour autant à utiliser tous les moyens possibles, mais comme disait Machiavel, « ça n’interdit pas au pouvoir d’être intelligent. »

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