Pourquoi le jus d'orange est de moins en moins l'ami du petit déjeuner<!-- --> | Atlantico.fr
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En 15 ans, les ventes de jus d'orange n'ont cessé de baisser.
En 15 ans, les ventes de jus d'orange n'ont cessé de baisser.
©Reuters

Oranges en détresse

Bactéries, baisse de la productivité, etc., la production d'oranges a largement souffert ces dix dernières années. Une situation qui s'est aggravée avec la baisse parallèle de consommation de jus d'orange. Entre nouvelles habitudes alimentaires et hausse des prix, le jus d'orange a du souci à se faire...

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau est médecin, professeur de nutrition au CHU d'Amiens, docteur en sciences et en philosophie.

Il est l'auteur des livres En finir avec les régimes (éditions François Bourin) et Hospitalité - Je crie ton nom (éditions Chronique sociale). 

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Atlantico : En 15 ans, les ventes de jus d'orange n'ont cessé de baisser aux Etats-Unis pour atteindre leur niveau le plus bas en 2013. En France, cette boisson souffre de plus en plus de la concurrence d'autres produits. Quelles en sont les raisons ?

Jean-Daniel Lalau : Le fait que le Brésil ait fait monter les prix dans les années 2010 n’a pas dû jouer sur la consommation aux Etats-Unis, car ces derniers sont certes de gros consommateurs mais les plus gros producteurs aussi après le Brésil (notamment en Floride). Des campagnes par contre ont pu sensibiliser pour limiter la consommation de boissons sucrées. Il faut savoir qu’un litre de jus de fruit, cela représente l’équivalent de 22 morceaux de sucre (de 5 grammes) ; or les Etats-Unis sont les champions aussi du « king size » ! Enfin, on assiste à un certain déplacement de la consommation de jus d’orange vers celle de jus multi-fruits ou des jus de fruits rouges.

Tous les jus d'orange se valent-ils ou avons-nous assisté à une dégradation de la qualité des jus mis sur le marché ?

Quand on voit des prix d’un facteur 1 à 4, il faudrait tout de même qu’un tel écart soit, sinon justifié, au moins en partie explicable. La première chose est de savoir s’il s’agit de jus à base de concentré, ou de pur jus ; et de pur jus véritablement pur, obtenu par seule pression mécanique et disponible au rayon frais sans addition de sucre ou d’additif, ou pas.

Actuellement, la qualité ne s’est pas dégradée, mais c’est le porte-monnaie qui peut faire défaut, pour pouvoir acheter les meilleurs produits.

Les vertus nutritionnelles du jus d'orange ont-elles été sur-évaluées ? Etait-il vraiment "l'ami" qu'on imaginait ?

Le jus d’orange est un très bel ami, un ami qui vient ensoleiller le début de journée ! Seulement, si on veut en faire un produit miracle, on sera déçu car le jus d’orange ne peut pas réunir toutes les qualités nutritionnelles. Le « tout en un » n’existe pas ! Dans le jus d’orange, il n’y a pas de protéines, de lipides (quand même nécessaires), de calcium…

Que sait-on aujourd'hui de ses réelles vertus mais aussi de ses méfaits ?

Au rayon des vertus, principalement : un apport énergétique de type « starter » au sortir du lit, et un apport de vitamine C. S’agissant des contreparties, une orange pressée, c’est mieux (en raison de la richesse en fibres) ; mais un jus de fruit c’est tout de même bien mieux que rien du tout pour démarrer la journée ! Il faut aussi veiller à l’effet cariogène d’une consommation de sucres excessive. D’où la nécessité de bien se laver les dents après le petit-déjeuner.

Il y a tout de même un méfait, d’ordre écologique, quand on voit l’eau, l’eau qu’il faut consommer pour arroser les plantations ; et l’eau qu’il faut traverser, du producteur à notre réfrigérateur. Quelques rares milliers de km, en provenance du Brésil surtout ! 

Le jus d'orange est dans l'imaginaire associé à la vitamine C. Est-il une source si abondante de vitamine C ? La position du corps médical vis-à-vis de la vitamine C n'a-t-elle pas, elle aussi, évolué ?

Une belle orange, et on a sa dose de vitamine C pour la journée. Ce n’est pas la peine de consommer plus pour se doter de plus de vitamine C : cette dernière est soluble dans l’eau (à la différence de la vitamine D), de sorte qu’au-delà d’une orange ou de deux kiwis tout apport supplémentaire de vitamine C partira… dans la cuvette des WC (dans les urines).

Les médecins doivent donc savoir – et la population générale aussi – que ce n’est pas en « se bourrant » de vitamine C que l’on va se prémunir le mieux contre les méchants virus de l’hiver !

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