Le monde des affaires s'inquiète qu'on ne parle pas de l'Europe<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chefs d’entreprise souhaitent que les responsables politiques s’emparent de la question de l’avenir de l’Union européenne.
Les chefs d’entreprise souhaitent que les responsables politiques s’emparent de la question de l’avenir de l’Union européenne.
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Atlantico Business

Alors plus d’Europe ou moins d’Europe. Les chefs d’entreprises voudraient bien que les responsables politiques s’emparent du véritable enjeu de l’élection européenne, à savoir l’avenir de l’union.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Jusqu’alors, la campagne pour les européennes nous a appris qu’il n’y avait plus de réfractaire à l’Europe. Personne ne veut plus sortir de l’Europe. Mais la classe politique n’est pas d’accord sur les conditions d’y rester. 

Il va falloir que la campagne pour les élections européennes finisse par traiter du véritable enjeu, à savoir l'avenir de l'Europe. Quelle Europe voulons-nous, pourquoi faire et à quel prix ?

La campagne électorale est dominée d'une part par les questions de politique intérieure, et d'autre part par l'actualité géopolitique impactée par la guerre en Ukraine et surtout par le conflit entre Israël et le Hamas.

L'Europe, son fonctionnement, son évolution engendrent deux attitudes très différentes mais contradictoires

1er point : Aucun parti politique, aucun responsable ne réclame une sortie de l'Europe et encore moins de l'euro. C'est évidemment un fait nouveau car il n'y a pas si longtemps, une grande partie de l'extrême droite issue du Front national militait pour un Frexit, c'est-à-dire une sortie de l'Union européenne. Aujourd'hui, tous ces opposants anti-européens ont changé leur fusil d'épaule. L'expérience du Brexit, qui a mis la Grande-Bretagne dans une situation très compliquée, a évidemment servi de contre-exemple. Le problème, c'est que tous les eurosceptiques ont développé des programmes qui ne sont pas compatibles avec le fonctionnement de l'Union européenne et notamment avec le maintien des conditions monétaires (l'euro) et budgétaires. Mécaniquement, la mise en place de ces programmes très souverainistes nous pousserait en dehors de l'Europe et affaiblirait encore davantage l'Union européenne. Pour préserver la souveraineté nationale et reprendre le pouvoir que les eurosceptiques pensent avoir abandonné, ils pourraient commencer par un assainissement budgétaire qui nous affranchirait de la dette extérieure.

Cette Union européenne fonctionne comme une copropriété immobilière, chacun doit payer ses charges, éviter de gêner ses voisins et ne pas hypothéquer l'avenir. 

2e point : les pro-européens restent majoritaires, notamment chez les jeunes et chez les seniors, avec comme projet un approfondissement du fonctionnement des institutions mais n’osent pas parler de fédéralisme. En bref, ils défendent le projet d'avoir plus d'Europe et mieux d'Europe. Logiquement, ces pro-européens sont fédéralistes, mais aucun n'osera le revendiquer clairement et l'expliquer par peur de ne pas être suivi par l'opinion publique. Le fédéralisme est tabou.

Au départ de la construction européenne, les responsables politiques ont toujours avancé deux ambitions. D'une part, éviter la guerre et ne jamais se retrouver dans une situation qui a fracturé le continent européen et le monde entier, à trois reprises le siècle dernier. Et d'autre part, unifier des moyens démographiques et économiques afin d'acquérir la puissance nécessaire pour affronter la concurrence internationale, qu'elle soit d'origine américaine ou asiatique.

La grosse difficulté a été de rendre cette construction possible tout en protégeant l'identité et la culture de chaque membre de la communauté. Il faudra se souvenir, que la construction européenne s'est faite grâce au courage politique des dirigeants, très souvent sans le soutien de l'opinion. L'union monétaire et l'euro par exemple, ont été quasiment imposés par le couple franco-allemand, et pour cause, l'euro a signé l'abandon de la souveraineté nationale en matière monétaire. Aujourd'hui, personne ne voudrait sortir de l'euro. En revanche, les projets de renforcement de l'Union au niveau des grands projets industriels ou plus encore de la défense militaire sont très compliqués à s'imposer. L'Europe doit tout à de Gaulle et Adenauer, elle doit tout à Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand ou Helmut Kohl, Jacques Delors, et beaucoup d'autres. L'Europe du 21e siècle n'a pas encore retrouvé de telles personnalités. Alors que l'Union européenne a clairement besoin de se défendre et de se protéger. En attendant, le monde des affaires a besoin de savoir quel sera son environnement juridique, fiscal, financier, social.

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