Le horsegate ou l'enterrement de 1ère classe réservé par l'Europe à l'étiquetage des viandes<!-- --> | Atlantico.fr
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La Commission européenne s’apprête à diluer fortement le principe d’un étiquetage de l’origine des viandes figurants dans les plats préparés.
La Commission européenne s’apprête à diluer fortement le principe d’un étiquetage de l’origine des viandes figurants dans les plats préparés.
©Reuters

A cheval

Près de huit mois après le fameux « horsegate » qui avait pourtant ému l’Europe entière, la Commission européenne s’apprête à diluer fortement le principe d’un étiquetage de l’origine des viandes figurants dans les plats préparés. Au grand dam de plusieurs élus politiques qui alertent les éleveurs comme les consommateurs.

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Tant au niveau de la profession agricole, dont les éleveurs qui font des bons produits ont été lésés, qu’à celui des consommateurs, le consensus était grand pour obtenir un étiquetage sur l’origine des viandes utilisées dans les plats préparés après le fameux « horsegate ». La Commission européenne a donc préparé un rapport, lequel doit être soumis prochainement au Conseil de l’Europe (donc aux Etats) ainsi qu’au Parlement européen. Or ce rapport, préparé notamment par le commissaire européen à la santé Tonio Borg, laisse beaucoup de portes ouvertes, et d’interprétation par les Etats, ce qui remet en cause de fait un étiquetage européen homogène.

Le choix entre trois options est ainsi suggéré. Voici les options : 1. Les producteurs et distributeurs peuvent faire figurer de manière volontaire l’origine des viandes utilisées. 2. L’étiquette préciserait les pourcentages de viande provenant de l’Union européenne, et de pays tiers. 3. L’étiquette doit obligatoirement faire mention du pays d’origine.

Ce qui est demandé par les associations de consommateurs comme par les éleveurs, c’est évidemment la troisième option. La deuxième est trop imprécise, et la première prend carrément le problème à l’envers : on n’interdit pas d’étiqueter… Mais le fait que la Commission laisse le choix porte en soi le germe d’une décision mitigée probable. Ainsi, plusieurs pays contestent l’utilité de cet étiquetage, et profiteront de l’aubaine ouverte par ce choix multiple.

C’est le député européen Agnès Le Brun (groupe PPE), qui a rencontré récemment Tonio Borg, qui a soulevé le lièvre. Dans un communiqué de presse, elle décrit la « tiédeur » du commissaire européen à la santé pour l’étiquetage et en précise la source : « Dire que l’étiquetage va entraîner une hausse des prix, ce que d’ailleurs plusieurs associations de consommateurs contestent, est un argument qui permet surtout à la Commission de se défausser pour ne pas avancer dès maintenant de propositions législatives. (…) Je déplore que le Commissaire brouille les pistes aux yeux des consommateurs européens sur les intentions d’agir en faveur de leur information, et sacrifie sur l’autel de l’orthodoxie libérale la transparence qui leur est due. »

De son côté, la sénatrice Sylvie Goy-Chavent (UDI), rapporteur d’une mission sénatoriale sur la viande ayant débouché sur 40 propositions « pour relancer l’élevage et restaurer la confiance du consommateur », s’en est pris directement au Président de la République sur sa page Facebook, rappelant ses propos et fustigeant son inaction depuis : « A l’occasion du dernier salon de l’agriculture, François Hollande avait déclaré qu’il voulait "qu’à terme il y ait un étiquetage obligatoire sur les viandes qui sont introduites dans les plats cuisinés". Mais combien de temps encore le Président de la république attendra-t-il pour agir en faisant pression sur l’Europe ? (…) Les promesses du candidat Hollande n’ont pas été respectées et les promesses du Président Hollande ne le seront pas non plus. Pendant ce temps, on continue de diviser les Français et à cacher la vérité aux consommateurs. »

On comprend aisément à travers ces deux interventions que seule une action volontariste peut empêcher un dénouement décevant pour les consommateurs et les éleveurs. Encore faut-il qu’il y ait la volonté de la mener.

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