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Le CSA, bon petit soldat de biens mauvais combats ?
©MARK WILSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Bannon

Le CSA a pris la décision de décompter le temps de parole de l'ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, comme temps de parole du RN, ce qui pose un problème d'équité.

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe, docteur d’État, hdr., est directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé dans la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique, derniers livres : « L’art de la guerre idéologique » (le Cerf 2021) et  « Fake news Manip, infox et infodémie en 2021 » (VA éditeurs 2020).

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Atlantico : Le CSA a décidé de décompter le temps de parole de l'ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon. Si on suit sa logique, ne devrait-on pas décompter le temps de parole d'un grand nombre de personnes ?

François-Bernard Huyghe : Est-ce que quand Obama, qui est une personne assez connue a exprimé son soutien à Macron lors de la présidentielle, est-ce qu'on a déduit son temps de parole de celui de Macron ? Si on faisait une tournée des déclaration des chefs d'Etat étrangers, beaucoup se prononcent sur la situation française, soit pour soutenir Macron, soit pour dire que l'arrivée au pouvoir des populistes serait quelque chose d'effroyable. C’est quelque chose d’absurde, on pourrait l'appliquer à toutes sortes d'experts et de commentateurs qui ne manquent pas de faire savoir qu'ils souhaitent la victoire d'un camp. Romain Goupil et Cohn-Bendit soutiennent explicitement Macron depuis la présidentielle sur les plateaux de télévision. J'ai discuté avec un des commentateur des plus connus qui disaient que Macron était le meilleur président de tous les temps.

Le CSA justifie son action en affirmant que son règlement vise bel et bien toutes les personnes qui apportent leur soutien ouvertement dans les médias. Mais un soutien affirmé ne vaut-il pas un soutien implicite ?

Qu'est-ce qu'exprimer un soutien ? Y a-t-il des critère objectifs (dire: "votez pour untel") ? Est-ce que le fait de dire que untel est un excellent ministre ou un excellent président, ou qu'il a un vrai projet européen et que c'est formidable, ou que son adversaire est très méchant et nous conduit au chaos ? Ça me rappelle un problème américain qui s'est posé non pas dans les déclarations mais dans les clips payés : on plafonne les dépenses pour les clips où le candidat dit "I endorse this message" mais depuis des années c'est contourné par des messages qui disent "si vous voulez sauver la planète du réchauffement climatique, votez surtout pour untel". Si vous êtes attaché au droit de porter des armes, faites bien attention de choisir un candidat qui défendra le second amendement. C'est absurde d'aller au-delà des candidats eux-mêmes dont il est normal que leur temps de parole soit réglementé. Cette décision est absurde et ridicule, je pourrais moi-même être comptabilisé comme un adversaire de Macron. On nous invite à des choses visiblement absurdes qui tiennent à l’ambiguïté profonde de cette idée de soutien. Si vous dites "votez machin" c'est un soutien explicite mais au-delà je ne vois pas comment on peut exprimer un jugement ou une analyse sans dire que A est meilleur que B ou que B est meilleur que A.  

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