La redoutable efficacité de François Hollande dans son discours du congrès<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande lors de son discours du congrès.
François Hollande lors de son discours du congrès.
©Reuters

François, c’est plus fort que toi

Transformé en chef de guerre depuis vendredi 13 novembre, le président de la République multiplie les mesures et les démonstrations de sa détermination, saluées par la plupart des critiques.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Depuis vendredi dernier François Hollande s'est transformé en chef de guerre. En moins de deux heures suivant les attentats, il a convoqué un Conseil des Ministres nocturne pour décréter l'état d'urgence à travers le pays et annoncé que la réponse de la France se montrera " impitoyable" face au terrorisme. Depuis samedi on a assisté à une montée en puissance méthodique du Chef de l'Etat, faite de visites peu médiatisées sur le terrain, d'audiences des chefs de partis à l'Elysée, et de réunions de travail avec Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira, Jean-Yves Le Drian et les responsables de l'armée et de la police, pour échafauder le plan de ripost.

>>> Lire aussi - Discours de Hollande devant le congrès : Sciences-Po Paris versus Daech, qui va gagner ?

Samedi François Hollande a annoncé que c'est devant les députés et les sénateurs réunis en Congrès au Château de Versailles qu'il ferait connaitre l'ensemble des mesures destinées à renforcer la sécurité des Français et, tenter d'éradiquer Daech. Une configuration plus solennelle qu'une adresse aux Français à la télévision et un cadre qui se prête à la manifestation de l'Union nationale, ce dont Nicolas Sarkozy l'a jusqu'ici privé. François Hollande n'a pas attendu cette réunion pour ordonner un raid de représailles massif contre Raqqah, le fief de l'Etat Islamique. Un signal pour montrer sa détermination pour gagner "cette guerre". L'urgence de la situation ne permet plus de chipoter sur les moyens à déployer "Le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité", a -t-il déclaré. Auto-libéré de la contrainte de la lutte contre les déficits, François Hollande a confirmé qu'une nouvelle loi sur l'état d'urgence pour tenir compte des nouvelles technologies et y intégrer la surveillance d'internet, devra être votée dans les meilleurs délais. Il veut aussi créer 5 000 emplois supplémentaires dans la police et la gendarmerie d'ici deux ans, et 2 500 emplois dans l'administration pénitentiaire afin de retrouver les effectifs de 2005.

Reprenant une proposition de l'opposition, il veut faire étudier la légitime défense pour les policiers et instaurer une série de mesures de protection du territoire telles que l'interdiction d'entrée sur le territoire des binationaux présentant un risque terroriste, l'expulsion rapide des étrangers présentant une menace, la déchéance de nationalité pour les binationaux, même s'ils sont nés en France. A propos de la proposition de Nicolas Sarkozy d'assigner à résidence les individus figurant au fichier "S", François Hollande élude, en annonçant qu'il veut consulter le Conseil d'Etat sur sa conformité au Droit. Ces mesures sont assorties d'initiatives au plan international : François Hollande qui va rencontrer "prochainement" Barak Obama et Vladimir Poutine, réclame la réunion du Conseil de sécurité, et, plus nouveau, il demande au ministre de la Défense "de saisir dès demain ses homologues européens au titre de l’article 42-7 du traité de l’Union. Cet article prévoit que lorsqu’un Etat est agressé, tous les Etats membres doivent lui apporter solidarité face à cette agression car l’ennemi n’est pas un ennemi de la France, c’est un ennemi de l’Europe".

Enfin, François Hollande a ouvert la porte à une révision Constitutionnelle pour modifier les articles 16 et 36 de la Constitution qui régissent les situations exceptionnelles, afin de les adapter au monde moderne. Le Comité Balladur chargé de réfléchir à la réforme constitutionnelle en avait fait la proposition en 2008. Elle n'avait pas été retenue par Nicolas Sarkozy. Le président du groupe "les Républicains", Christian Jacob a déclaré que rien ne justifie cette révision, mais sans la rejeter catégoriquement. Le discours de François Hollande a été longuement applaudi. Et comme les députés l'avaient fait après le discours de Manuel Valls à l'Assemblée le 13 janvier, tous les parlementaires ont entonné la Marseillaise. Après le départ les responsables des groupes parlementaires ont pris la parole, la plupart pour manifester leur approbation et leur soutien. Le président du groupe LR à l'Assemblée, Christian Jacob a déploré "le temps perdu depuis janvier". D'autres élus ont twitté, à l'instar du député LR de la Drome, Hervé Mariton qui regrette de ne pas avoir entendu le mot d'islamisme : "Si le président de la République n'a pas la clairvoyance de parler d'islamisme, alors les moyens de réponse ne peuvent pas être les bons" déplore-t-il. La critique va au-delà de la sémantique mais pour l'opposition la situation est compliquée : elle ne veut pas se laisser bâillonner au nom de la "solidarité" mais en s'enfermant dans la surenchère elle risque aussi de perdre sa crédibilité.

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