La réalité des entreprises montre à quel point les responsables politiques sont à côté de la plaque<!-- --> | Atlantico.fr
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La situation économique, pour les entreprises, est meilleure et bien différente que ce que racontent les responsables politiques qui prescrivent des réformes inadaptées aux besoins.
La situation économique, pour les entreprises, est meilleure et bien différente que ce que racontent les responsables politiques qui prescrivent des réformes inadaptées aux besoins.
©Christophe Ena / POOL / AFP

Atlantico Business

La Banque de France donne un diagnostic de la situation économique française qui ne correspond pas à celui que retiennent les hommes politiques.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si on examine toutes les études de conjoncture économique, à commencer par les enquêtes mensuelles de la Banque de France, on s’aperçoit que la situation économique est meilleure et différente que ce que racontent les responsables politiques qui, du coup, prescrivent des réformes inadaptées aux besoins. Ça promet.

Les débats politiques qui s’engagent en ce début de campagne présidentielle sont encore très confus, mais tournent essentiellement autour de la crise sanitaire, du fonctionnement de la santé, de la sécurité, de la justice et de l’immigration. Des sujets évidemment très importants parce qu’ils s’imposent dans la vie quotidienne des Français mais ils ne correspondent pas forcément à leurs priorités.

La priorité des Français est plus souvent fléchée sur la question d’assurer leur fin de mois, de garantir leur travail et la sécurité de leur famille. La priorité est donc liée à la situation économique, mais quand les responsables politiques en débattent, c’est pour mettre en lumière des prévisions très souvent inquiétantes, des catastrophes liées aux faillites et au chômage.

Bref, tout se passe avec l’économie comme si on instrumentalisait les perspectives pour ajouter une angoisse économique et sociale à l’angoisse sanitaire.

Or, ce mécanisme-là ne correspond pas à la réalité.

D’abord, tout ce qui s’est passé jusqu'à maintenant a contredit toutes les prédictions de catastrophes économiques et sociales. L'appareil économique n’a pas été détruit. Certains secteurs ont été abimés, mais la plupart ont plus que retrouvé leur activité. La croissance s’est redressée dans des propositions étonnantes et a rattrapé beaucoup du retard accumulé. Sur ce point-là, tous les hommes politiques se sont trompés et rares sont ceux qui se fendraient d’un mea culpa poli.

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Ensuite, les prévisions à venir ne sont pas mauvaises, y compris après cette vague de contaminations Omicron.

La Banque de France interroge les entreprises françaises, grandes et petites, tous secteurs confondus chaque mois. C’est la seule institution, avec l’Insee, à produire régulièrement des informations fiables sur la situation économique. Elles sont analysées par les experts, évaluées, interprétées mais elles ne sont jamais remises en cause. Elles font l’objet d’un consensus et c’est d’ailleurs leur force qui fait qu‘elles sont utilisées par les banques et par les entreprises elles-mêmes pour travailler.

Les responsables politiques devraient véritablement les disséquer.

Que dit la Banque de France et son gouverneur François Villeroy de Galhau, en ce début janvier ?

1er point : l’enquête Banque de France qui porte sur 8500 entreprises indique une incertitude un peu plus forte qu’en décembre, mais pas de panique liée au variant Omicron. L’immense majorité des entreprises se sont organisées aux variations des conditions sanitaires. Il n’y a pas eu de désorganisation notoire. Alors certains secteurs sont pénalisés par les restrictions ou le télétravail (événementiels restaurants, tourisme, transport) mais globalement l’activité n’a pas baissé.

2e point : Tous les indicateurs macro-économiques sont au vert. Il subsiste des facteurs d’incertitudes, mais d’après 90 % des chefs d’entreprises, ils sont gérables : les pénuries de composants ou de matières premières, les pénuries de main d’œuvre et les poussées d’inflation). Sur l’inflation, les économistes de la banque centrale sont prêts à garantir que l’inflation ne dépassera pas les 2% en 2022.

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3e point : les risques sur les PGE ne semblent pas inquiétants. La majorité des entreprises ont déjà été remboursés et plus de 95% des entreprises qui restent sont en mesure de le faire. Les faillites sont au plus bas et les trésoreries sont au plus haut.

4e point : le risque d’endettement global (113% du PIB) est supportable à deux conditions : « qu'il y ait plus de croissance et plus d’efficacité dans la gestion des dépenses publiques". C’est la seule recommandation Banque de France qui sera relayée au niveau de la banque centrale mais qui, pour François Villeroy de Galhau, relève de l’action politique et n’est donc pas de son domaine.

Ce qui est intéressant, c’est qu'à l’examen de ce diagnostic, on est à cent lieues du terrain sur lesquels les hommes politiques entendent semer des graines de réformes pour gagner leurs électeurs. Ils ont été tous en ce début de campagne à côté de la plaque.

La situation n’est pas catastrophique. Alors le gouvernement a fait beaucoup de maladresses, d’erreurs, mais ni la pandémie ni les mesures prises pour soutenir l’activité ont entamé la formidable résilience des Français et des chefs d’entreprise, parce que le redressement a été construit par les Français de tous les jours, qui ont fait preuve de beaucoup plus de responsabilité qu’on ne l’a dit et qu’eux-mêmes ne le pensaient. Alors la politique gouvernementale a permis de sécuriser le système mais ce sont les Français qui l’ont fait fonctionner.

Maintenant, ce qui est hallucinant, c’est que les hommes politiques restent en permanence dans leur couloir de nage habituel et jusqu'à maintenant, on ne sait rien du programme de réformes qui pourrait sortir de la situation actuelle. A gauche comme à droite.

Les axes prioritaires sont moins de subventionner des hommes et des femmes que de leur donner la possibilité de se protéger eux-mêmes par leur travail.

Il faut donc plutôt réformer et protéger les systèmes, les institutions et la capacité de croissance.

Le nerf de la guerre, c’est la croissance, parce que c’est la croissance qui permet d’aborder avec sérénité et la fin du mois et la fin du monde.

C’est aussi la croissance qui permettra de rembourser la dette, à condition que la dépense publique soit gérée et n'alourdisse pas le fardeau.

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