La pollution, nouveau supplice chinois : quoi qu'en dise la censure, les habitants de Shanghai étouffent<!-- --> | Atlantico.fr
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Shanghai est victime d'une terrible vague de pollution dont les conséquences sanitaires pourraient être désastreuses.
Shanghai est victime d'une terrible vague de pollution dont les conséquences sanitaires pourraient être désastreuses.
©Reuters

Peur sur la ville

C'est une information sous médiatisée en Occident et passée sous silence par le gouvernement chinois : Shanghai est victime d'une terrible vague de pollution dont les conséquences sanitaires pourraient être désastreuses.

Pétunia Delville et Alain Wang

Pétunia Delville et Alain Wang

Pétunia Delville est une expatriée française vivant et travaillant à Shanghai. Elle s'exprime pour Atlantico sous pseudonyme. 

Alain Wang est sinologue et enseignant. Ancien rédacteur en chef d’Asia Magazine, il est co-auteur de La Chine nouvelle : être riche est glorieux (Larousse, 2007 - édition actualisée prévue pour mars 2012).

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Atlantico : Shanghai est victime d’une vague particulièrement violente de pollution sous la forme d’un nuage de particules toxiques. Comment se manifeste cette pollution sur le plan physique et sanitaire ?

Pétunia Delville : La pollution est très visible dans la ville et quand on ouvre les fenêtres la visibilité est extrêmement réduite ne serait-ce que d’un côté à l’autre de la rue. Le matin quand je me lève et que regarde la rue, on dirait qu’il est 18h tellement la ville est sombre. Il y a également un ressenti physique qui se traduit par des maux de tête et des difficultés respiratoires. Nombreux de mes amis en souffrent et moi-même étant asthmatique je vais rentrer quelques jours en France car je me sens malade.

Alain Wang : Bien que la situation soit très préoccupante, il faut être conscient que c’était pire il y a quelques semaines à Pékin. En effet, la ville avait fait exploser les taux de pollution puisque les prises de valeurs avaient révélé, au plus haut, 728 microgrammes par mètres cube de particules fines PM2,5. Ces particules sont très dangereuses parce qu’elles rentrent avec une grande facilité dans les alvéoles pulmonaires et provoquent de graves maladies respiratoires. Comme toujours en Chine, les règles de l’OMS ne sont absolument pas respectées puisque celles-ci indiquent que le taux ne doit ne pas dépasser les 25 microgrammes par mètres cube. Aujourd’hui en Chine, le chiffre est de 227 soit presque dix fois plus que la limite conseillée.

Quel est le sentiment des gens sur place ? De quelles informations disposent-ils ?

Pétunia Delville :Les Chinois sont extrêmement inquiets et le sujet est récurrent dans les conversations de tous les jours.Cela fait plusieurs mois que la situation dure mais depuis dix jours ça a pris des proportions vraiment inquiétantes. La plupart des gens portent des masques et les infirmières du lycée français de Shanghai ont interdit  aux enfants de faire du sport. Selon le niveau de pollution, ils n’ont même pas l’autorisation de sortir en récréation.

La seule source fiable d’information est le site de l’ambassade américaine qui publie les chiffres de la pollution mais celui-ci n’est pas toujours accessible car victime de blackout étranges à certaines heures où la pollution est particulièrement élevée. Enfin, de la part du gouvernement français nous n’avons aucune information ni consignes de sécurité à respecter.

Alain Wang : Il y a tout de même quelques médias comme le Shanghai daily qui  ont publié des communiqués mais il est vrai que les chiffres qu’ils annoncent sont très probablement en dessous de la réalité. Quand Pékin était touché, les Américains en avaient eu tellement assez de lire des chiffres improbables qu’ils ont eux-mêmes installé un système de contrôle au sein de l’ambassade et ils publient sur leur site les mesures qu’ils prennent. Le manque d’information délivré par le gouvernement est probablement dû au fait que les dirigeants veulent éviter un mouvement de panique de la population. Il semblerait de plus qu’un grand nombre d’expatriés souhaitent à présent quitter la Chine de peur de voir leurs enfants subir les conséquences de cette pollution. Cela est d’ailleurs encouragé par le fait que le gouvernement chinois n’a rien mis en place pour lutter contre cela à l’exception des actions ponctuelles au moment des Jeux Olympiques et de l’Exposition Universelle. Il y avait par exemple eu des mesures de circulation alternée et d’éloignement de certaines entreprises des centres villes vers la périphérie.

Connait-on les sources de cette violente vague de pollution ?

Pétunia Delville : C’est toute la question car de l’intérieur je n’ai pas l’impression que le parc automobile ait particulièrement augmenté depuis quelques mois. Les rumeurs, qui valent ce qu’elles valent, disent que cela viendrait d’une intense activité industrielle à l’intérieur et l’extérieur de la ville. 

Alain Wang : Ce phénomène de pollution est permanent mais en général les vents qui soufflent sur la ville suffisent à nettoyer correctement la zone. Cependant, les fortes baisses de température et l’affaiblissement des vents a fait considérablement augmenter cette pollution. Le froid encourage à l’utilisation intensive des chauffages électriques et donc de l’activité des centrales thermiques qui ne sont pas équipées de filtres et rejettent une quantité de pollution très importante. Ces centrales consommant énormément de charbon, cela créé un cercle vicieux de pollution.

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