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Un appel à la grève générale pour des revalorisations salariales a été lancé pour ce mardi 18 octobre.
Un appel à la grève générale pour des revalorisations salariales a été lancé pour ce mardi 18 octobre.
©CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Nous pourrions pratiquement conjurer tous nos maux, mais nous faisons soit le contraire, soit, rien. Cet enlisement va continuer à alimenter tous les populistes et les populismes.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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A mon arrivée à Paris jeudi matin, j’avais déjà peur. J’avais fait l’erreur de jeter un œil aux infos de ce côté de l’Atlantique avant de m’envoler, et j’appréhendais donc d’arriver dans un pays ravagé par les grèves, le début de la période climatique difficile, les conflits budgétaires à l’Assemblée, le prix hallucinant de l’essence et les rationnements d’énergie, bref un paradis qui refroidirait les ardeurs des plus motivés. J’omets à dessein, une récession promise par tous les instituts financiers du monde, FMI en tête. Mais les affaires sont les affaires, les besoins personnels également, et il faut tout affronter quand on veut réussir, je suis donc venu. 

Je connaissais également la capacité de la presse à passer la loupe sur de petits problèmes pour ainsi les magnifier et terroriser le bon peuple, et j’avais un doute sur l’ampleur des dégâts reportés. Mais pour une fois, la presse était en deçà de la vérité. Ma première vision et ma première discussion m’ont appris que c’était bien pire. Le chauffeur de taxi m’expliqua que sa quête du dernier plein, lui avait coûté plus de 2 heures de vie et qu’il craignait le moment où l’aiguille du compteur lui indiquerait l’heure du prochain. Et tout à coup, après 3km depuis Roissy, il se retourne vers moi et me dit ‘regardez bien à droite ce qui va se passer ». C’est ainsi que je découvre une voie créée artificiellement sur l’autoroute, sur laquelle s’entassaient une centaine de voitures, en quête d’essence. Pour ceux qui ont connu les débuts de Mad Max, avec Mel Gibson, on pouvait penser assister au tournage d’un remake, mais pas d’arriver en France. Tout cela pour 150 minables, membres d’un syndicat minoritaire, payés une fortune (plus de 3 fois le niveau moyen de rémunération des français), qui à eux seuls, bloquaient quelques dépôts de pétrole, livrant la France au chaos. A une heure où l’essence en France est vendue à au prix du caviar, ce qui devrait rendre honteux, le Gouvernement, mais aussi les compagnies qui le vendent. La veille des départ liés aux congés scolaires. A l’heure de l’inflation qui ronge des ménages déjà ruinés, au seul profit des protégés d’un « criminel » nommé Martinez, qui montre les muscles afin d’organiser, à sa main, sa succession. Où est le bénéfice de son action syndicale pour les salariés français ? 

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Pendant ce temps, on continue de se soucier de vendre des armes à l’Ukraine afin que le conflit puisse s’enliser et coûter plus cher en vies humaines, des vies qui semblaient pourtant constituer la boussole de toute décision pendant le Covid. Pendant ce temps, pas un Français pour se révolter, lui qui a été anesthésié pendant 2 années de confinement, au nom d’une menace de mort massive qui n’existait que dans la peur du politique, et qui y a laissé sa capacité de rébellion. Du coup, je me demandais ce que l’Américain ferait dans la même situation, lui qui ne peut rien faire sans sa voiture. Ou de l’Ivoirien (que je connais bien, raison pour laquelle je cite ce pays toujours en croissance), qui ne peut aller travailler sans voiture ou moto, et pour qui chaque centime compte. 

La réponse ? L’Américain ne se laisserait pas faire. Il irait envahir Washington DC, et le siège des compagnies pétrolières, mobiliserait des finances participatives et ferait une campagne destinée à assurer que les députés incapables de défendre une essence peu chère, ne soient jamais réélus. A Abidjan, nous aurions des émeutes. Violentes. Lorsque l’État a voulu l’été dernier mettre un péage sur un morceau d’autoroute de moins de 10km, la population s’est mobilisée et a obtenu gain de cause. Et en France ? Rien. Personne ne moufte ! Pourquoi n’y a-t-il pas d’émeutes à Abidjan ? Car l’essence est à moins de 1 euro le litre. La Côte d’Ivoire parvient à vendre sans difficulté, le litre, à la moitié du prix Français. Cela ne vous interroge pas un peu ? Aux USA, pas d’émeutes. Pourquoi ? Simplement parce que le galon (3.5 litres environ), est revenu à son prix d’avant la crise en Ukraine. Pour vous donner une idée. Pour avoir un galon en France, nous devrions donc payer 7euros !! 

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Alors qui gagne ? L’État français bien entendu, ce qui expliquerait sa relative inaction à faire quoi que ce soit de majeur pour résoudre cette crise. L’essentiel du prix est en effet constitué de taxes. En clair, on pointe du doigt Total, mais c’est l’État Français qui touche l’essentiel, à un moment où la récession guette et que l’équilibre budgétaire est ruiné par l’inflation, puisqu’une partie de sa dette court et moyen terme est indexée cette même inflation. De là à dire que cette crise ne lui déplaît pas… Et oui, bien entendu, Total et les autres gagnent également. Il suffit de lire leurs profits trimestriels pour comprendre. Si mon explication n’est pas la bonne, expliquez-moi pourquoi nous payons le double des Ivoiriens, et plus du double des Américains ? (ok ils produisent à partir du gaz de Schiste, mais même sans cela je peux vous assurer qu’ils trouveraient une solution). 

Si nous voulions que le prix revienne à la normale, ce serait simple. Je vous rappelle que mercredi dernier le baril était à 88$ et n’explique en aucun cas le prix actuel qui devrait être aux alentours de 1.3eur au pire. L’État pourrait dégainer les raisons d’intérêt national pour débloquer les bloquants, mais hésite, tâtonne, alors que les Français les soutiendraient, eux qui détestent ne pas profiter de leurs congés scolaires. 

Air France, même si je peux comprendre son souhait de rattrapage, sacrifiée que la compagnie a été par la politique hystérique du Covid pendant 2 années, pratique des tarifs indécents sur les billets, notamment vers les USA ou l’Afrique, ce qui tue dans l’œuf les prospections des PME françaises, incapables d’assumer une telle augmentation. Cet été un billet Paris Miami, en business montait à plus de 8000eur, à plus de 1200eur en classe éco (400 euros auparavant). Idem pour l’Afrique. Quelle honte. Dans notre entreprise, nous devons choisir les périodes non plus en fonction des demandes de nos clients, mais des périodes creuses tarifaires d’Air France. Ou passer par un concurrent étranger, avec 1 ou 2 escales. Si vous ajoutez à cela une explosion des tarifs de l’énergie…

Pendant ce temps, les islamo-gauchistes associés à des écolos tendance Rousseau, en passant par divers mouvements wokistes, de ceux qui mettent à genoux devant leurs âneries, les froussards politiques et les plus peureux des plus grands groupes, prêts à créer 4 ou 5 types de toilettes pour ne pas passer pour d’horribles discriminants, étaient réunis dans les rues de Paris, malheureusement ensoleillées. Annonçant un « front de gauche » quand nous avons besoin d’intelligence, de croissance, de combattre l’inflation, d’éviter la faillite, en pleine accélération, des PME françaises. 

En France, les entreprises vont mourir de plusieurs causes qui se cumulent. Pour nombre d’entre elles, qui ont été maintenues sous perfusion pendant le Covid, le retour à la réalité ne dépasse pas la fiction. Depuis 3 mois, leur liquidation s’accélère (voire les chiffres publiés il y a 15 jours). Pour celles qui ne parviennent pas à retrouver un niveau de personnel leur permettant d’avoir un chiffre d’affaire suffisant pour dépasser leurs coûts fixes, le redressement judiciaire guette. Hôtels, restaurants, évènements, en tête. Enfin, le niveau des valorisations acceptées par les investisseurs Français, et plus généralement Européen (à l’exception du Royaume Uni), descend chaque jour, sous prétexte de crise à venir, et ils démarrent ainsi soit avec moins de capital, soit une part moins élevée de leur propre entreprise, ce qui impacte leur motivation. Pour celles qui importent, la faiblesse de l’euro est une blessure de guerre supplémentaire, et celles qui exportent…..les PME françaises globalement n’exportent pas, donc n’en bénéficient que peu ou pas. Ajoutez à cela la récession à venir et vous avez la recette d’une équipe de champions de la décroissance (cela fera plaisir à nos écolos préférés). 

Les promesses grandiloquentes sur la réindustrialisation, qui faisait vibrer les cordes vocales poétiques de nombre de Ministres, sont tombées à l’eau. Sur tous nos achats essentiels, et notamment les métaux rares dont dépend la révolution numérique, nous sommes toujours dépendant d’une Chine qui elle, n’a rien diminué à sa quête et souvent son pillage, des ressources nécessaires, où qu’elles soient dans le monde. 

Pendant que les pays sahéliens, guidés par Moscou et surtout notre incapacité à les accompagner et à les défendre (Mali, Burkina..), nous échappent, leurs ressources que nous avons été incapables d’exploiter (l’or notamment, mais bien d’autres) nous échappent pour tomber aux mains de la Russie et de la Chine, désormais associés dans le camp des « bannis » dont nous avons brillamment su provoquer la création. Nombre de grandes entreprises françaises quittent l’Afrique, qui est pourtant le continent parmi les plus prometteurs. Dernier en date la BNP, qui vend la BICICI en Afrique de l’Ouest. Petit, je comprends, mais stratégique à terme. La France glisse en Afrique, quand les Chinois, Indiens et désormais Américains y accélèrent. Pitoyable. 

Nous sommes à la dérive. Nous pourrions pratiquement conjurer tous nos maux, mais nous faisons soit le contraire, soit, rien. Cet enlisement va continuer à alimenter tous les populistes et les populismes. Mais nos élites, semblent, malgré les évènements des 4 dernières années, des Gilets Jaunes en France, à la crise en Ukraine, toujours aussi déconnectées. Nous glissons, et la pente semble sans retour.

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