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L'huile d’olive pas meilleure que les autres ? Pourquoi même le "bon" cholestérol  n'a de bon que le nom au-delà d'une certaine dose
©Flickr ryanovineyards

Ne pas abuser des bonnes choses

Des années que l'on nous assène de consommer de préférence de l'huile d'olive ou de l'avocat. Pourtant, une étude de l'Université de Cambridge publiée dans la revue Science a montré que ledit "bon cholestérol" pourrait augmenter chez certaines personnes le risque de maladie cardiaque de 80%.

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste. Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur de Ouvrez les yeux avant d’ouvrir la bouche, publié chez Plon, et du blog "MiamMiam".

 

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Atlantico : Une nouvelle étude (voir ici) a montré que ledit "bon cholestérol" n'était pas paré de toutes les vertus. Il pourrait augmenter chez certaines personnes le risque de maladie cardiaque de 80%. Faut-il fuir autant l'huile d'olive et l'avocat que le gras saturé des frites ?

Béatrice de Reynal : Tout d’abord, l’huile d’olive a beaucoup usurpé des qualités qu’elle n’avait pas. Au moment où l'on a commencé à découvrir ce qu’on avait appelé le régime méditerranéen, c’étaient des équipes américaines qui ne comprenaient pas pourquoi à taux de cholestérol égal, les Européens mourraient moins que les Américains. Donc ils ont cherché à savoir. Ils ont soupçonné l’huile d’olive d’être la responsable de cette différence. Un chercheur français qui était intégré à cette équipe est allé plus loin dans la recherche du régime crétois. Il a pu déterminer que ce n’était pas du tout l’huile d’olive mais l’acide alpha linoléique contenu dans les végétaux, notamment dans le pourpier (salade) très consommé par les Crétois. Effectivement, le lobby de l’huile d’olive s’est empressé de récupérer l'analyse américaine en vantant les bienfaits de son produit. Avec des budgets de communication tellement importants que j’ai encore des gens qui viennent me voir aujourd’hui et qui me disent "de toutes façons, moi je n’ai pas de danger parce que j’arrose tout d’huile d’olive et je peux manger ce que je veux !". L’huile d’olive n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas bonne. C'est-à-dire qu’elle est juste neutre. C’est sûr que quelqu’un qui ne mange que du beurre, surtout cuit, aura plus de maladies cardio-vasculaires que celui qui ne prend que de l’huile d’olive. Ce n’est pas pour autant que l’huile d’olive va vous sauver la vie.

Concernant le gras, il y a eu un revirement en disant qu’il y avait un bon et un mauvais gras, mais c’est toujours pareil : tout est une question de dosage. Ce qui est sûr, c’est qu’en France, on ne mange pas assez d’oméga 3, qu’on retrouve dans le colza. Une cuillère à soupe de colza par jour et vous êtes parés contre les maladies cardio-vasculaires.

Il était admis que tout dépendait de la façon dont notre corps traitait le HDL (le bon cholestérol). Nous nous tuons à suivre les recommandations d'hygiène de vie, mais finalement tout est réglé à l'avance par nos gènes ?

On se rend compte aujourd’hui qu’il existe une empreinte métabolique : nous sommes marqué par notre enfance. Quand l’enfant est dans le ventre de sa mère, et qu’elle ne mange pas tous les acides gras essentiels dont elle a besoin, l’enfant en manque aussi. Ensuite, à la naissance, si le lait maternel n’est toujours pas riche en oméga 3, le bébé sera toujours en déficience. Les laits en poudre sont eux-mêmes pauvres en oméga 3. Ce qui fait que l’enfant qui n’a pas eu de cholestérol dans son enfance va apprendre à faire son propre cholestérol, toute sa vie. Car il faut savoir que le cholestérol n’est pas un poison au départ, c’est un matériau de construction du cerveau. Il va avoir après trop de cholestérol puisqu’il aura appris à en faire lui-même.

Effectivement, à l’âge adulte, le mal est déjà fait pour pas mal de choses mais il reste toujours des possibilités de corrections. Le risque le plus important à faire des maladies cardio-vasculaires, c’est le tabac. Après, la pilule, surtout de dernière génération, peut augmenter le risque de thrombose ou d’AVC.

Après les produits laitiers, recommandés puis condamnés, les féculents, maltraités et remis aux goûts du jour, la viande, honnie des nouvelles tendances, qui faut-il croire et que peut-on encore manger ?

Il faut comprendre que la nutrition est une science qui est très jeune. La médecine a été longuement occupée par des questions strictement médicales et ne s’est jamais occupée de la nutrition. Elle ne s’y intéresse que depuis très peu de temps (moins de trente ans). Pour vous donner un exemple, il a fallu attendre 2001 pour que le Gouvernement français mette au point un PNNS : Programme National Nutrition Santé.

Aujourd’hui, il y a beaucoup d’émetteurs sur la question qui ne sont pas compétents. Ils ne sont pas nutritionnistes. Ce sont des anciens gros qui ont leur expérience de "mangeurs", c’est tout. Il faut avoir un peu d’esprit critique et savoir reconnaître les vrais professionnels qui font de la science et qui savent de quoi ils parlent.

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