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L’étude fiscale qui prouve que le gouvernement a raté la sortie de crise
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Alors que le gouvernement multiplie les déclarations sur la crédibilité du projet de Budget 2016, l’étude annuelle du cabinet Lowendalmasaï, sur la pression fiscale apporte la preuve que l’économie française ne pouvait pas redémarrer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La seule question intéressante qui coure dans les cabinets d’étude et les sièges de grandes entreprises, c'est de savoir pourquoi l’économie française n’a pas redémarré avec l’ensemble des économies mondiales il y a près de deux ans.  

Pourquoi, alors que toutes les conditions étaient réunies : un euro faible qui devait tirer les exportations, un pétrole pas cher qui devait améliorer les prix de revient et des taux d’intérêt proches de zéro qui auraient dû faciliter les investissements. Ne parlons pas de l’arrosage intensif en liquidités par toutes les banques centrales, y compris la banque centrale européenne. Cette conjonction de planètes assez unique a profité à toutes les économies mondiales sauf la nôtre.

Incompréhensible. D’autant que parallèlement, en interne, le gouvernement avait lancé le CICE qui aurait dû restituer plus de 20 milliards aux entreprises sous forme de baisse de charges de façon à améliorer leur compétitivité. Bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

On sait que la France a des freins structurels importants et des lourdeurs administratives qui prive le pays de beaucoup de capacité de réactions et d’adaptations mais pas au point de rester scotché sur la ligne de départ pendant que les autres pays redémarrent.

Incompréhensible, jusqu’à cette étude du cabinet Lowendalmasai qui vient de dévoiler le bilan annuel de la pression fiscale globale qui pèse sur les acteurs de l’économie.

Le résultat est clair mais brutal. Il s’avère que le CICE n’a pas suffi à compenser l’impact de la crise sur le poids fiscal supporté par les PME. Or, comme les PME sont les principaux créateurs d’emplois, les PME pénalisées par l’impôt et les charges n’ont pas bougé. Les PME n’ont pas investi et n’ont pas embauché.

La pression fiscale supportée par les PME aurait augmenté de 28% entre 2014 et 2015 et cela, malgré le bénéfice du CICE. Les grandes entreprises n’ont pas été affectées par cet alourdissement mais ça n’a eu aucun impact sur l'activité et la croissance en France puisque nos grandes entreprises sont des multinationales.

Si les PME ont reçu de plein fouet la hausse des impôts et des charges, c’est à cause du poids des charges fixes qui rognent les marges des entreprises et qui, rapportées à un chiffre d’affaires qui baisse, font que le poids relatif augmente. D’où les 28 %.

Le poids des charges fixes étant moins élevé dans les grandes entreprises qui, plus est, ont vu leur chiffre d’affaires augmenter grâce à l’étranger, a fait que les grandes entreprises n’ont pas souffert.

C’est donc bien le poids de la fiscalité qui a étouffé les entreprises et dans cette fiscalité il y a beaucoup de taxes locales. Le gouvernement aura beau jeu d’incriminer les collectivités locales dans l’accroissement de cette fiscalité. Ce à quoi les maires et les présidents de conseils départementaux ne manqueront pas d’expliquer que, si les impôts locaux ont augmenté, c’est aussi parce que les dépenses locales ont augmenté et si les dépenses ont augmenté, c’est très souvent parce que l’Etat a transféré sur les collectivités beaucoup de dépenses et de servitudes qui n’ont pas été financées par des transferts de recettes. Il faudra quand même que l’Etat central se mette d’accord avec ses antennes régionales et arrête de jouer à cache-cache avec elles en leur refilant des mistigris.  

L’Etat a raté la reprise économique principalement à cause d’un excès de fiscalité sur les PME, le capital et les investissements. Pour des raisons politiques, en espérant gagner les élections, le gouvernement promet de baisser l'impôt sur le revenu. Pour des raisons économiques et gagner la reprise il ferait mieux de baisser les impôts sur l’investisseur et la PME. La gouvernement choisit la politique comme priorité. Il a tort. L’électeur n’est pas idiot, il sait que son avenir dépend aussi du dynamisme de l’économie. 

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