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Emmanuel Macron sera en Allemagne du dimanche 26 au mardi 28 mai. John MACDOUGALL / AFP
Emmanuel Macron sera en Allemagne du dimanche 26 au mardi 28 mai. John MACDOUGALL / AFP
©John MACDOUGALL / AFP

Meilleurs amis pour la vie ?

Emmanuel Macron doit se rendre en Allemagne du dimanche 26 au mardi 28 mai. L'occasion pour lui de réanimer le couple franco-allemand.

Henri de Bresson

Henri de Bresson

Henri de Bresson a été chef-adjoint du service France-Europe du Monde. Il est aujourd'hui rédacteur en chef du magazine Paris-Berlin.

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Bruno Alomar

Bruno Alomar

Bruno Alomar, économiste, auteur de La Réforme ou l’insignifiance : 10 ans pour sauver l’Union européenne (Ed.Ecole de Guerre – 2018).

 
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Eric-André Martin

Eric-André Martin

Eric-André Martin est Secrétaire général du Cerfa (Comité d'études des relations franco-allemandes).

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Atlantico : A l’occasion de la visite d’État d’Emmanuel Macron en Allemagne, de dimanche à mardi, quel est l’état de la relation franco-allemande ? Qu’est-ce qui distingue la France et l’Allemagne politiquement, géopolitiquement et économiquement ?

Eric-André Martin : Aujourd'hui, la France et l'Allemagne sont rappelées à la généalogie de l'histoire de cette relation. Le couple franco-allemand a tiré sa force de la réconciliation entre nos deux pays. Cette réconciliation a été la condition pour se lancer dans l'aventure européenne et pour construire le projet européen. La France et l’Allemagne sont actuellement dans un moment fondateur. L'Europe, depuis le début de la guerre en Ukraine, est obligée de renforcer son unité afin de pouvoir agir et pour ne pas céder à la division face à la Russie. Il y a aussi d'autres concurrents pour l’Europe comme la Chine. Il est donc très important que la France et l'Allemagne arrivent à s'entendre. Si des divisions entre la France et l'Allemagne étaient trop manifestes et trop profondes, cela contribuerait à fragmenter l'Europe.

Les moments politiques et symboliques forts que peut offrir une visite d'Etat jouent un rôle tout à fait essentiel. Cet échange entre Paris et Berlin va permettre d’apporter un message d'unité. Cela va montrer aux autres partenaires européens que les dirigeants des deux pays sont bien conscients à la fois de l'héritage dont ils sont dépositaires et en même temps des défis qui sont posés par l'époque. Telle est la spécificité de la relation entre les deux pays.

Il n’y a pas d’harmonie spontanée entre la France et l'Allemagne. Il ne faut pas demander à la relation franco-allemande ce qu’elle ne peut pas faire. Mais la force de cette relation est qu'elle a presque toujours su dégager des compromis, en partant de prises de positions de départ peut être parfois assez éloignées sur le plan politique, sur l’économie ou l’industrie. Ces compromis avaient une force d'entraînement indéniable pour l’ensemble de l’Europe.

Henri de Bresson : La relation franco-allemande n'a jamais été très simple. Il y a eu des moments formidables et il y a eu des phases ou les relations entre le chancelier allemand et le président français étaient plus distantes. Les deux pays sont actuellement confrontés à des difficultés intérieures et ne donnent pas l’impression de savoir où ils vont. La coalition allemande est compliquée entre les Verts, le parti social-démocrate et le parti libéral. La situation politique en France est aussi complexe. Emmanuel Macron ne dispose que d’une majorité relative. Ce contexte politique ne simplifie pas les choses. 

Un long moment s’est écoulé depuis la dernière visite d’Etat d’un président de la République français en Allemagne. Dans un tel cadre et avec un format similaire, cela remonte à plus de vingt ans. Cela veut dire que les deux Etats pensent qu’il faut rebondir et relancer la diplomatie franco-allemande après des moments difficiles ou face à des situations de crise comme la guerre en Ukraine. Ce conflit a révélé les failles de la défense européenne. Au sommet de Versailles, au début de l’offensive russe, Emmanuel Macron avait multiplié les discours pour dire qu'il fallait que les Européens se prennent en main au niveau de la défense. Cela n'a pas eu de suite. Certains autres pays européens comme l'Allemagne et les pays du Nord de l’Europe ont eu le réflexe de privilégier la solution de secours via le soutien et l’aide des Etats-Unis. A partir de là, les discussions sont devenues de plus en plus complexes. Les Allemands ont été accusés de ne pas prendre au sérieux la menace russe. Les Français ont été pointés du doigt pour avoir voulu développer un double discours. 

Les choses ont changé depuis. La coalition allemande est compliquée. Ses différents membres ne sont pas toujours d'accord. La ministre des Affaires étrangères allemande, qui est représentante du parti des Verts allemands, souhaitait soutenir l’Ukraine et a cherché à obtenir de l’aide sur ce dossier auprès de la France.   une verte. Or, le chancelier Olaf Scholz, qui est un social-démocrate, était plutôt sur une position mesurée et de prudence. La position traditionnelle allemande, en cas de problème, a été de se tourner vers les Etats-Unis. Il y a eu des évolutions avec les mandats de Donald Trump et de Joe Biden. 

Les choses changent mais il y a une crainte avec le retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche qui pourrait rebattre les cartes.

Les Européens ont du mal à se gérer eux-mêmes. Fallait-il faire cette visite d’Etat maintenant ? Les choses ont  changé. L'incertitude américaine pèse sur tout le monde et le président Macron a repris son discours très offensif en insistant sur la nécessité d’aider l'Ukraine. Ce message du président français a agacé en Allemagne mais a été salué néanmoins par la ministre verte des affaires étrangères.

Cette visite d’Etat et la guerre en Ukraine sont des moments historiques pour les relations franco-allemandes.

Concernant le conflit entre Kiev et Moscou, l'attitude des Russes fait peur à tout le monde et les Européens ne sont plus assurés de pouvoir compter sur l’appui américain, notamment en cas de victoire de Donald Trump.

La guerre en Ukraine a aussi développé des problèmes en matière de politique énergétique. Les Français et les Allemands n'ont pas réagi de la même manière. Cela pose des problèmes qu'il va falloir résoudre.

Les Français mettent en avant et défendent le nucléaire. Or, le dossier du nucléaire est très compliqué à gérer sur le plan intérieur pour les Allemands. L’Allemagne incite au développement de l’éolien. Mais en France, il y a une réelle opposition et une vraie contestation face au développement de l’éolien dans les zones rurales.

Cela fait très longtemps qu'il n'y a pas eu une visite d'Etat d’un dirigeant français en Allemagne. Le fait que cette rencontre ait lieu est un signe. D'un côté comme de l'autre, Paris et Berlin se rendent compte que si la relation franco-allemande faiblit, l’Europe ne sait plus où elle va.

Pour l'Europe, les pressions de la Russie et de la guerre en Ukraine ont conduit les pays européens à repenser leur stratégie. Certains des nouveaux objectifs vont dans le sens de l’Europe comme le fait que les Suédois et les Finlandais acceptent l'idée que l’UE ne pouvait plus être neutre sur le plan militaire. Jusqu’à présent, cela voulait dire accepter que les Etats-Unis nous défendent. Or, la situation pourrait évoluer en cas de victoire de Donald Trump en novembre prochain. Les décisions politiques des dirigeants semblent ne pas aller vers le bon sens. Dans un tel moment, il est important d’entretenir une relation franco-allemande très forte. Cela envoie un signal aux autres pays de l’UE sur la nécessité d’un dialogue, d’un futur en commun.

L’Allemagne n’est pas animée de mauvaises intentions face à la France mais n’a-t-elle pas eu tendance à faire prévaloir son intérêt national dans certains domaines comme sur la question du nucléaire ou pour sa politique industrielle alors que la France avait tendance à jouer l’intérêt européen tout en se montrant arrogante ?

Eric-André Martin : Tout le monde a tendance à jouer sa carte nationale. Les Allemands ont défendu leur industrie. Ils ont joué une carte nationale sur l'automobile en jouant le jeu de la mondialisation, autour d’un partage du travail avantageux pour eux. L'industrie allemande s'est développée au fil du temps car elle est compétitive, de grande qualité et parce que les clients sont nombreux à vouloir acheter des voitures allemandes. Ce succès allemand est lié à une garantie de qualité et de fiabilité que n'ont pas nécessairement les industries concurrentes, y compris les voitures françaises. Les atouts et une partie du succès de l’Allemagne s’expliquent par une dynamique de marché.

En revanche, l'Allemagne est aujourd'hui plus en difficulté que la France car elle a beaucoup misé sur le marché chinois. Berlin a investi beaucoup sur ce marché chinois à travers ses grands constructeurs automobiles qui réalisent une partie importante de leur chiffre d'affaires. Mais aujourd'hui, le marché chinois devient plus difficile et plus compétitif. Les débouchés sont moins importants pour les entreprises allemandes sur ce marché. Berlin est obligé de faire face également à la concurrence des voitures chinoises importées. L’Allemagne a un peu trop misé sur ce qu'elle pensait être sur une supériorité qualitative dans le temps et qui aujourd'hui se retourne un peu contre elle. Les autorités allemandes ont beaucoup moins investi et sont beaucoup moins impliquées dans le domaine des véhicules électriques que les Chinois, qui eux sont très présents et très agressifs.

Bruno Alomar : L’Allemagne, dans plusieurs domaines, pense en effet « Allemagne » avant de penser « Europe », « partenariat franco-allemand » ou quoi que soit d’autre. Elle l’a montré dans la crise de l’euro (volonté de sortir la Grèce « temporairement » de l’euro), dans la gestion des migrations (décision 2015 sur les réfugiés syriens), dans le domaine énergétique (combat puissant contre le nucléaire civil), et plus récemment dans la relation commerciale avec la Chine (volonté manifeste de traiter directement avec Pékin). L’Allemagne, avec ses erreurs, a donc la politique de ses intérêts, et elle n’hésite pas à s’opposer à la France. Dans son discours de Prague d’août 2022 le Chancelier allemand évoque à peine la France. Il est loin le temps où Helmut Kohl disait que quand la France était opposée à un texte au Conseil UE c’est l’Allemagne qui en demandait le retrait…

La vraie question est : la France, elle, a-t-elle ou non la politique de ses intérêts et sait-elle quels sont ses intérêts ? Le vrai problème n’est pas que l’Allemagne joue sa partition. Le vrai problème c’est que la France continue de s’illusionner – de moins en moins il est vrai – sur la mythologie d’un couple franco-allemand auquel personne ne croit au-delà du périphérique parisien. J’ajoute que la plupart des États membres de l’UE ont eux aussi une vision pragmatique de l’UE qu’ils considèrent au travers du prisme de leurs intérêts.

Est-ce à dire qu’il y aurait une France plus européenne – et donc vertueuse – que l’Allemagne ? Pas nécessairement. Car la vraie raison de l’européisme français est en partie viciée. Depuis que l’euro est en place – c’est son principal effet pervers pour notre pays – l’européisme des dirigeants français se joue sur une bien mauvaise partition : utiliser les capacités financières que l’euro permet pour acheter à bas prix la paix civile en continuant à faire vivre les Français au-dessus de leurs moyens et en ne réformant ni l’économie ni le système social français. Dans ce cadre, les dirigeants français ont un besoin vital de la réassurance de l’Allemagne et de son appartenance à l’euro. C’est cet équilibre de plus en plus fragile que la remontée des taux et la baisse de la croissance potentielle et de la productivité remettent de plus en plus en cause, confrontant tôt ou tard notre pays et la zone euro à une nouvelle heure de vérité. En ce sens, la France qui se croit européenne, est en réalité un danger bien plus grand pour l’UE que le mercantilisme ou le monétarisme allemand.

Henri de Bresson : Ce constat est véridique. L'Allemagne a toujours considéré que son modèle était supérieur sur le plan économique et a cherché à poursuivre ses intérêts. Le modèle allemand s’est beaucoup appuyé sur la relation industrielle avec la Chine ou avec la Russie avant le conflit. Tout le modèle industriel allemand est actuellement remis en cause. Les relations deviennent beaucoup plus compliquées au niveau international. L'industrie est touchée par des problèmes liés à l’ énergie et à l’environnement. Le modèle sur lequel est basé l'industrie allemande est en train de changer. L'Allemagne, par le passé, avait un discours de puissance dominante en Europe. Elle doit maintenant accepter de discuter autrement sur des tas de difficultés, y compris sur le problème des finances européennes. 

Il y a beaucoup de domaines sur lesquels la France et l’Allemagne doivent discuter et l'impression générale de ces dernières années était que les deux pays se tournaient le dos. 

Il y a eu le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, il y a quatre ans maintenant, du temps de la chancelière Merkel. Il n’y a pas eu de véritable réponse allemande. 

Il y a eu un nouveau discours de Macron sur l’Europe à la Sorbonne il y a un mois. 

Cette visite d’Etat va permettre de vérifier si la relation franco-allemande peut se réenclencher. L’avenir de cette relation est fragilisé par la situation des politiques intérieures de nos deux pays. 

L’Allemagne, 30 ans après la réunification, a un problème avec l'extrême droite qui a ses racines dans l'ancienne Allemagne de l'Est. La France a un problème politique, avec une majorité présidentielle fragilisée, dont elle ne sait pas comment en sortir. Rien de tout cela ne facilite un discours franco-allemand cohérent. 

Dans les années 80, des tensions ont pu apparaître sur les questions liées au nucléaire. A l’époque des échanges entre Mitterrand et Kohl, le parti social démocrate de Oskar Lafontaine était vent debout contre le nucléaire. Mais il faut se rappeler que les premières grandes manifestations contre le nucléaire à cette époque ont eu lieu en France bizarrement. Et les Allemands ont embrayé là dessus. L’Allemagne a conservé une certaine hostilité envers le nucléaire à cause d’un mélange des genres entre la peur du nucléaire technologique et la peur de la bombe atomique dont les Allemands n'étaient pas maîtres. Les Américains détenaient la bombe atomique pour l'Alliance atlantique.

Le fait que que le gaullisme ait développé la défense nucléaire européenne fait que la France a une situation politique et psychologique différente. Les Européens sont de plus en plus convaincus que le nucléaire est une porte de sortie et un atout. Les Allemands sont de plus en plus isolés. Il faut donc parler et discuter de ces enjeux au niveau européen.

L’Allemagne, via sa relation avec la France et son attitude sur le plan européen, n’est-elle pas un ami qui nous veut du mal presque à l'insu de son plein gré ? 

Henri de Bresson : L'Allemagne sort d'une position où elle était jusqu'à présent dominatrice en Europe. La guerre en Ukraine a fait basculer le modèle économique allemand. Le conflit déclenché par la Russie a remis en cause énormément de certitudes allemandes, notamment sur l’économie, l’industrie, les ressources énergétiques. L’Allemagne n’arrive pas à se sortir de ses contractions comme avec sa politique contre le nucléaire et avec le charbon sous l’influence des Verts. 

Cela soulève le problème du modèle économique allemand qui a été remis en cause. Il va falloir aider et accompagner l’Allemagne à l’échelle européenne. Pour la ressource énergétique, dont l’industrie allemande dépend, il va falloir travailler de manière concertée, au sein de l’UE. Des projets doivent être menés en commun et de manière solidaire. Il faut reprendre les discussions. La visite d’Etat d’Emmanuel Macron tombe à pic.  

Comment renouer une relation qui ne soit pas fondée sur des allusions réciproques entre la France et l'Allemagne ?

Eric-André Martin : Pour cela, il faut impérativement que les deux pays définissent une voie et une réponse commune, notamment sur le plan politique, économique, sur la façon dont ils vont soutenir l'Ukraine, qu’ils puissent fixer des objectifs et définir quelles sont leurs lignes rouges. Aujourd'hui, tout cela n’est pas défini de manière commune puisque le chancelier allemand est extrêmement réticent à offrir toute perspective d'implication des Allemands, quand la France est très largement en retard par rapport à l'Allemagne sur le niveau de l’effort financier au profit de l’Ukraine.

Henri de Bresson : La relation entre la France et l'Allemagne n'a pas été fondée sur des illusions. Elle est fondée sur les valeurs de l'après-guerre. Les chrétiens démocrates considèrent que, contrairement à ce qui s'est passé en 14-18, il faut retrouver un discours apaisé entre nos populations. L'Europe ne doit plus se massacrer en permanence. Des hommes d'Etat ont convaincu les chrétiens démocrates allemands qu'il fallait passer à autre chose, qu'il ne fallait plus être dans la revanche mais dans la reconstruction. 

Le fait de reconstruire petit à petit l'Europe prend du temps. Cela va prendre encore du temps. Mais l'Europe n'a pas le choix face au bloc de la Russie qui nous menace d'une guerre et face au bloc de la Chine et de l'Inde. Toutes ces grandes puissances comme l’Allemagne et la France doivent reconsidérer comment elles vont travailler ensemble. Trente ans après la chute du bloc soviétique, il n’y a toujours pas de pensée commune. Il va falloir travailler sur cela. Si les Allemands et les Français n'arrivent pas à le faire, cela sera catastrophique. Il faut donc espérer que la nouvelle opportunité de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Allemagne puisse remettre les choses sur les rails.

Bruno Alomar : En ce qui concerne la France, il est clair que ses dirigeants connaissent mal l’UE et connaissent mal l’Allemagne. Ce qui frappe chez eux, c'est une forme de provincialisme au mauvais sens du terme qui résiste à tout. Il est donc difficile d’espérer un changement. 

 Ce qui est certain, c’est qu’il est urgent de regarder l’UE d’une manière moins idéologique. D’abord en cessant de regarder Berlin avec les yeux de Chimène. Ensuite en se souvenant qu’il y a d’autres pays dans l’UE : à cet égard, la façon dont la France a mené le combat contre l’Allemagne en matière de nucléaire civil, en sachant réaliser une coalition avec d’autres États membres est une nouveauté bien tardive, bien insuffisante, mais qu’il faut reconnaître et saluer. Enfin, et c’est sans doute l’essentiel, en se souvenant que la France n'est pas qu’européenne, qu’elle a une vocation plus large, et que le monde est plus vaste que l’UE. Sur ce point, il faudra bien que les dirigeants français comprennent que si leur volonté de renforcer la défense des européens est sérieuse, il est indispensable de le faire en lien étroit avec les Britanniques. Regarder plus vers Londres les obligera mécaniquement à regarder moins vers Berlin.

Est-ce que les échanges, la diplomatie et le dialogue entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz à l'occasion de cette visite d’Etat pourraient permettre de faire évoluer la relation franco-allemande ?

Eric-André Martin : Il s’agit d’un des sujets sur lesquels les dirigeants français et allemands sont particulièrement attendus. Ils devront afficher une harmonie retrouvée. Les experts et les populations vont attendre des avancées. Il y a un autre domaine clé au coeur de la relation franco-allemande. Il s’agit de la façon dont nos pays se protègent face à la concurrence chinoise, notamment dans le domaine de l'automobile avec les véhicules électriques. La France soutient la procédure engagée par la Commission européenne qui pourrait conduire à une augmentation des droits de douane sur les véhicules chinois. Or, les Allemands sont beaucoup plus réticents à appliquer de telles mesures compte tenu du fait qu’ils peuvent s'attendre à des mesures de rétorsion de la part de la Chine. Les Allemands seraient sans doute les plus touchés.

Cette visite d’Etat doit être une séquence qui va permettre d'afficher une unité et une harmonie entre l’Allemagne et la France. Cela sera aussi un signal de solidité et de convergence adressé aux autres Européens. Cela permettra de dépasser les images peu enviables et les frictions dans les débats de ces dernières semaines et ces derniers mois entre la France et l’Allemagne, entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz.

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