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L'absentéisme des salariés explose et pèse sur les comptes de la Sécurité sociale
©Reuters

Boulet

Et si l'absentéisme des salariés était l'une des causes principales du déficit de l'assurance maladie? Le PLFSS 2018 le rappelle une fois de plus: les indemnités journalières augmentent beaucoup plus vite que la dépense de santé en France.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Article publié initialement sur le site Entreprise.news

Pour bien comprendre l'un des vices qui affectent le plus notre système de santé, il faut mettre en parallèle le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 avec le rapport 2017 de la commission des comptes de la sécurité sociale et avec le panorama de la santé de la DREES dont est tiré le tableau ci-dessous.  

Celui-ci montre que le coût des indemnités journalières depuis 2007 est passé de 11 à 14 milliards €, soit environ 30% d'augmentation en une dizaine d'années. Le rythme de hausse est ici bien plus élevé que celui des médicaments. Si la France luttait contre l'absentéisme des salariés et revenait, bon an mal an, à la dépense de 2007, elle retrouverait un excédent structurel de son régime maladie. Rappelons en effet que ce déficit se situe bon an mal an entre 4 et 6 milliards €. Une réduction massive de l'absentéisme permettrait donc d'assainir une part importante du déficit du régime général. 

Mais pourquoi l'absentéisme des salariés augmente-t-il autant?

Comme le souligne la Commission des Comptes, la hausse des indemnités journalières contribue pour 23% à la croissance des prestations de soins de ville. Elles constituent donc un élément clé de la maîtrise des dépenses de santé et semblent, pour le coup, déconnectées de l'évolution tendancielle des dépenses de soins. La hausse de l'absentéisme s'explique en effet plus par des raisons internes à la vie des entreprises que par des raisons liées à l'état sanitaire de la population.  

Il serait ici cohérent que les employeurs soient responsabilisés dans l'évolution de l'absentéisme. Ils sont en effet les responsables finaux de cette situation. Cela ne signifie pas qu'ils rendent malades leurs salariés. En revanche, si l'absentéisme augmente deux fois plus vite que la dépense de santé, le phénomène ne peut s'expliquer que par des raisons spécifiques... 

Une timidité du PLFSS 2018

On notera que, dans le PLFSS 2018, la ministre Buzyn se montre extrêmement timide sur le sujet. Elle prévoit seulement 165 millions d'économies au titre des indemnités journalières, ce qui représente une très faible modération de la hausse prévue. Il serait de bon sens qu'un travail de conscientisation global sur le coût de l'absentéisme soit entrepris. 

Sur ce coup-là, en effet, l'effet "passager clandestin" de la sécurité sociale joue à plein: il permet aux employeurs d'exporter sur la collectivité le coût de leurs pratiques internes et favorise ainsi le mal être au travail. 

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