Jean-Marc Sylvestre : « Le jour où Mélenchon a voulu me dézinguer... »<!-- --> | Atlantico.fr
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En 2008, invité sur le plateau de Dimanche + à commenter la crise mondiale, Jean-Luc Mélenchon s'était livré à une violente attaque envers les journalistes « libéraux ».
En 2008, invité sur le plateau de Dimanche + à commenter la crise mondiale, Jean-Luc Mélenchon s'était livré à une violente attaque envers les journalistes « libéraux ».
©BORIS HORVAT / AFP

Atlantico Business

A l'époque, Jean-Luc Mélenchon était sénateur PS de l'Essonne. Invité sur le plateau de Dimanche + à commenter la crise mondiale, il s’est mis en colère et s'est livré à une violente attaque des journalistes « libéraux ».

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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C’était en octobre 2008, en pleine crise financière des subprimes. Octobre 2008, on s’en souvient, Anne-Sophie Lapix aussi. C’est le moment où Nicolas Sarkozy avait réussi à réunir à l’Élysée, les dirigeants du G7 et les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne pour prendre des mesures et finalement, sauver l’équilibre du système mondial.

J’étais, à l’époque, le spécialiste économique de TF1 et LCI. Parallèlement, j’étais chroniqueur quotidien dans la matinale de France Inter. Et j’avais déjà publié deux ouvrages sur cette crise historique.

Sans procès, ni explications, comme Robespierre, Jean-Luc Mélenchon prononça la sentence : "Il faut (le) virer" a-t-il lancé, m’accusant de "propagande". Je n’en croyais pas mes oreilles, mais quoi faire quoi dire ?

Voici l’article qui avait été publié à l’époque dans le JDD par à Maud Piéron que je ne connaissais pas et à qui je laisse le soin de raconter cet incident.

« La crise ébranle les marchés financiers et la confiance des citoyens. Elle a aussi, semble-t-il, de l'effet sur les nerfs de certains. Le sénateur PS de l'Essonne, Jean-Luc Mélenchon, s'est livré à une violente attaque à l'égard de Jean-Marc Sylvestre, le spécialiste économique de TF1 et LCI, sur le plateau de Dimanche +. "Il faut (le) virer", a-t-il lancé, l'accusant de "propagande".

Toujours prêt à s'enflammer, à s'emporter, à descendre en flèche quelqu'un ou quelque chose, peu familier de la demi-mesure : Jean-Luc Mélenchon passe pour être un bon client pour les médias. Le sénateur de l'Essonne n'a pas failli à sa réputation sur le plateau de Dimanche + en se payant Jean-Marc Sylvestre, le spécialiste économie de TF1 et LCI, chroniqueur jusqu'à juin 2008 sur France Inter. Interrogé par Anne-Sophie Lapix sur les conséquences de la crise économique, le bouillant sénateur répond : "Ne faites pas confiance à ceux qui vous ont cassé les bras et les jambes pour venir vous soigner. Cela veut dire qu'il y a tout un personnel médiatique, politique, économique qu'il faut pousser vers la sortie". La présentatrice, faussement étonnée, insiste sur le terme de "personnel médiatique" et Jean-Luc Mélenchon déroule : "Bien sûr ! Vous voulez un nom ? Votre collègue Jean-Marc Sylvestre qui nous fait du catéchisme libéral depuis bientôt dix ans sur TF1, matin, midi et soir en expliquant qu'il faut acheter des actions (?) Il n'analyse rien du tout, il fait de la propagande. Voilà les gens qu'il faut virer !"

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Les désaccords de fonds entre le signataire de la motion de l'aile gauche du PS et le chantre du libéralisme sont une évidence. De là à attribuer une partie de la crise actuelle au chroniqueur de LCI et TF1, il y a un pas. Que le socialiste franchit allègrement. "On revoit (dans les médias, Ndlr) les mêmes qui nous ont conduit dans le mur nous dire ce qu'il faut faire maintenant ! Quand je regarde TF1, je vois Jean-Marc Sylvestre, qui tous les jours de sa vie nous a répété qu'il fallait mettre notre argent ici et là, que les acquis sociaux étaient une honte (?) Et qui continue son catéchisme aujourd’hui ? Le même. Personne ne lui demande aucun compte", s'est emporté l'élu sur BFM mercredi dernier.

Caricaturé dans Les Guignols de l'info

Jean-Marc Sylvestre n'a pas réagi, mais à en croire le blog du spécialiste média de L'Express, Renaud Revel, la Société des journalistes de TF1 devrait prendre position sur ce dossier dans la journée. En effet, Jean-Marc Sylvestre n'est pas seulement le chroniqueur attitré de la chaîne sur les sujets économiques, il est aussi le nouveau directeur adjoint de l'information en charge de l'économie. Son arrivée l'été dernier avait d'ailleurs fait grincer quelques dents dans les couloirs de la chaîne privée, en raison de son image. Le journaliste, passé par entre autres par L'Expansion, Management, La Vie française, Le Nouvel Économiste traîne comme un boulet la réputation - non usurpée - d'un ardent défenseur du capitalisme et de la mondialisation, en toutes circonstances, pourfendeur des lenteurs de l'Etat français et des fonctionnaires. Jean-Marc Sylvestre est aussi l'auteur de nombreux livres portant sur son domaine de prédilection, dont le dernier en date est Petites leçons d'économie à la portée de tous, paru en 2007.

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Cette charge virulente n'est pas sans rappeler la période de 1981, quand la gauche, tout juste arrivée au pouvoir, s'est livrée à une "purge" des journalistes qu'elle estimait trop à droite. Jean-Pierre Elkabbach en avait notamment fait les frais. Il avait été viré d'Antenne 2 en 1981. La dernière sortie polémique de Jean-Luc Mélenchon concernait le dalaï-lama et le Tibet. "Vous le trouvez sympathique parce que vous avez lu Tintin au Tibet (...) Je n'approuve pas la théocratie, je ne suis pas d'accord pour dire que le Tibet aurait le droit à une indépendance à l'égard de la Chine (...) Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. (...) Parler d'invasion en 1959 pour qualifier un évènement à l'intérieur de la révolution chinoise est aberrant." »

A la suite de cette altercation, il y a eu un débat organisé par LCI entre Mélenchon et moi à sa demande. J’ai accepté. Il voulait s’excuser mais a été incapable de le faire. J’ai voulu le prendre avec humour et c’est à ce moment-là que je lui ai dit qu’il ne fallait pas tout « mélenchonner ».  Il s’est remis en colère, limite injurieuse.

En fait, il ne comprenait pas ma lecture, mon idéologie libérale, mes livres, les conférences, ma position dans les médias à TF1 et pas seulement parce qu’à l’époque je tenais l’éditorial économique à France Inter depuis plus de 20 ans avec notamment un débat hebdomadaire avec Bernard Marris qui est devenu mon ami jusqu'à sa mort tragique lors de l’attentat à « Charlie hebdo « 

J’ai vu par la suite que de s’attaquer à tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui et notamment les journalistes étaient devenus une habitude et un outil politique.

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