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Internet mon amour (maladif) : pourquoi de plus en plus de Français sombrent dans l’angoisse quand ils n’ont pas de réseau
©ARUN SANKAR / AFP

Retour à l'âge de pierre

Une étude de l'Ofcom précise que les britanniques vérifient leur téléphone portable toutes les 12 minutes et sont en ligne au moins 24 heures par semaine. Le temps utilisé pour passer des appels diminue, les utilisateurs préférant utiliser des applications comme Whastapp ou Mesenger.

Michael Stora

Michael Stora

Michael Stora est l'auteur de "Réseaux (a)sociaux ! Découvrez le côté obscur des algorithmes" (2021) aux éditions Larousse. 

Il est psychologue clinicien pour enfants et adolescents au CMP de Pantin. Il y dirige un atelier jeu vidéo dont il est le créateur et travaille actuellement sur un livre concernant les femmes et le virtuel.

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Atlantico : L'étude révèle qu'un cinquième des adultes britanniques se sent stressé s'ils ne peuvent pas accéder à Internet. Comment expliquer ce stress ? A quoi est-il du ?

Michael Stora : On se rend compte avec le smartphone, que s'il y a une forme de dépendance qui peut engendrer du stress, ce n'est pas vis-à-vis du téléphone, mais vis-à-vis de l'autre. Preuve en est que les applications les plus utilisées sont les messageries et les réseaux sociaux. La personne est toujours en lien avec les autres. Il y a derrière cela une forme d'incapacité à supporter le fait d'être seul. Quand internet ne fonctionne plus, ils sont renvoyés à ce sentiment de solitude qui engendre du stress. Le téléphone devient une sorte d'interface entre soit et l'autre d'un point de vu affectif.
Il y a un autre phénomène chez les gens très actifs qui ont un rapport quasi-professionnel à internet. Lorsqu'ils se retrouvent privés de réseaux, à ce moment-là, il y a un sentiment de manque voir d'inutilité. Cela renvoie à un sentiment d'impuissance.

Est-ce aussi le cas en France ?

Oui. Les Français sont en très bonne position dans ceux qui sont le plus connectés. C'est un vrai phénomène qui existe aussi chez nous.

Qu'est-ce que cette addiction révèle du profil psychologique des utilisateurs ?

Au fond, c'est toujours la question de savoir si derrière l'écran, on se sent seul. C'est un questionnement profond qui fait que le téléphone est devenu un outil palliatif. On appelait ça le doudou sans fil. Le doudou est un objet qui permet de créer un espace transitionnel entre la relation affective et son absence. C'est vraiment la question de l'absence sans présence le virtuel. Là, vous êtes confronté à une double peine. Ce qu'on observe depuis 20-30 ans, c'est que les gens sont de plus en plus fragiles narcissiquement et on voit bien qu'ils ont de plus en plus besoin de l'autre. Les gens qui vont bien sont ceux qui supportent d'oublier un portable ou une perte de réseaux. Pour beaucoup dans ces cas-là, le monde s'effondre. Certains sont plus fragiles que d'autres. Et chez eux ça risque de prendre des proportions folles. Des sentiments de manque puissants.

Comment faire si l'on est touché par ce phénomène ? Comment se "désintoxiquer"?

J'ai peu de conseils à donner, car au fond, c'est un révélateur. Cette facilité à communiquer tout le temps sans cesse peut elle-même engendrer une sorte d'habitude qui devient une dépendance. Mais il est évident que si l'on voit que la personne s'engage dans une situation de stress avec des symptômes excessifs, suffocation, crise de nerfs ou autre, à ce moment-là, on peut se dire qu'il faut se réinterroger sur soi. Si derrière il y a une vraie souffrance, il faut entrer en contact avec un professionnel. Mais je le répète, c'est un révélateur. Il faut remonter à la source du problème.

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