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Impunité des syndicats : 
les révélations sur SeaFrance 
n'ont rien changé !
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La semaine Goldnadel

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur les dérives de la CFDT de SeaFrance, sur le traitement de l'affaire Courroye par les journalistes du Monde et sur la montée d'un islam radical.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Nouvel épisode du feuilleton consacré à la caste syndicale. Le 20 janvier, Le Parisien, grâce aux plumes alertes d’Aurélie Lebelle et Sébastien Ramnoux, consacre un article aux dérives de la CFDT, et notamment aux enquêtes policières et judiciaires demeurées souvent sans suite.

Morceaux choisis :

« A Calais, il n’y a pas que la loi du silence qui règne. La justice semble avoir fait montre d’une certaine mansuétude vis-à-vis des marins de Sea France. Accusés à plusieurs reprises de violence, ils ont écopé de peines légères : sept mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende prononcée par le tribunal du Havre à l’encontre du secrétaire du Comité d’Entreprise de Sea France, pour avoir frappé une policière en 2005. En 2009, une nouvelle condamnation légère pour des violences commises quatre ans plus tôt sur un syndicaliste. Ailleurs, E.V aurait été considéré comme récidiviste. Pas ici.

La plupart du temps, les procédures n’aboutissent même pas. Entre décembre 2009 et février 2010, le directeur des ressources humaines de Sea France a déposé quatre plaintes pour menaces et insultes lors de réunions du Comité d’Entreprise. Malgré les témoignages joints au dossier, l’enquête a été classée sans suite. Idem pour celle ouverte au sujet des 60000 euros  dérobés en 2008 dans un coffre du « Cézanne », alors que le navire était à quai en raison d’un mouvement de grève. Plus loin, plus grave : « à Calais, tout le monde se souvient aussi de la mystérieuse disparition en mer, il y a 15 ans, de Christian Salomé, un intendant chef de la compagnie chargé de surveiller la comptabilité des boutiques détaxées et des bars des bateaux. Deux jours avant sa disparition survenue le 15 février 1997, il aurait annoncé  à un inspecteur des Douanes sa volonté de dénoncer les trafics à bord des navires… »

Dans une précédente chronique, je rappelais l’indulgence à l’égard de José Bové (« on n’enferme pas un syndicaliste, écrivaient les pétitionnaires ») je demandais des nouvelles des instructions judiciaires concernant l’enquête pénale sur les comités d’entreprise d’EDF, toujours au point mort. De même, quid des suites de l’arraisonnement par un syndicat corse et corsaire d’un bateau de la CNCM ?

En dehors de cet article salutaire d’un journal pourtant peu porté à l’anti-syndicalisme primaire, quel quotidien, de droite à gauche, s’est jamais soucié de cette impunité de droit castique ?

En réalité, j’exagère un peu, il est arrivé une fois que dame Justice soit mauvaise fille à l’égard d’un syndicaliste. Il s’appelait Gérard Nicoud, il avait appelé à la grève de l’impôt, il fit plusieurs mois de prison. C’était le responsable du syndicat des petits commerçants.

Bref, du poujadisme de droite à enfermer à double tour.

Quand Le Monde accable le procureur Courroye

Dans Le Monde du 21 janvier, Cécile Prieur, ordinairement bien inspirée, consacre son analyse, sur fond des déboires judiciaires du procureur Courroye, à « la revanche des juges d’instruction » :

« Les juges d’instruction ont donc retrouvé du crédit à mesure que les procureurs en perdaient : la politisation extrême de certaines enquêtes, comme celle menée par le procureur Courroye dans l’affaire Bettencourt, a montré l’impératif de garder des magistrats indépendants du pouvoir ».

Deux remarques respectueuses et complémentaires :

J’ai connu des magistrats instructeurs, et le précité en faisait emblématiquement partie, dépendants, qui, de leur souci de carrière, qui du pouvoir médiatique, qui de l’idéologie dominante. Les dégâts collatéraux n’en étaient pas moins redoutables.

S’il est un quotidien qui s’est montré particulièrement bon prince à l’égard d’un procureur à Nanterre, lorsqu’il était juge à Paris, c’est bien celui qui l’exécute aujourd’hui quotidiennement. Je ne suis pas le plus mal placé pour l’écrire sans haine ni crainte.

Que les journalistes du Monde aient été, peut-être illégalement, espionnés n’est certainement pas plus grave que d’avoir accusé et emprisonné indument des justiciables plus fortunés mais moins lettrés. Raison pourquoi, attention à ne pas verser d’un excès à l’autre, lorsqu’on est partie prenante et que l’on dispose d’un pouvoir qui n’a rien à envier aux politiques.

Newt Gingrich est choqué

Dans une veine assez voisine, Newt Gingrich, l’a emporté sur son rival républicain plus policé Mitt Romney dans le caucus de Caroline du Sud. Apparemment les électeurs ont apprécié sa sortie peu révérencieuse à l’égard d’un journaliste qui croyait devoir l’interroger dès l’abord sur les accusations de son ancienne épouse, 12 ans après leur divorce :

« La nature destructive, vicieuse, négative de la plupart des médias accroit la difficulté de gouverner ce pays et d’inciter des gens de qualité à se porter candidat à des fonctions électives. Je suis choqué que vous commenciez un débat présidentiel sur un sujet comme celui-là. »

Il y n’y a plus de respect de caste.

La montée d'un islam radical

En Égypte, le résultat final des élections législatives donne 67 % aux Frères musulmans et salafistes confondus.

Dans l’indifférence, et à nouveau, des chrétiens coptes ont été attaqués et des églises détruites dans la province de Qualubia et dans le gouvernorat de Quena.

En Palestine, le mufti de l’Autorité Palestinienne (« modérée ») a prononcé via la télévision de ladite autorité un prêche dans lequel il reprend le fameux passage du Coran, que le Hamas met en exergue dans l’article 12 de sa Charte et qui prône l’assassinat systématique des juifs. C’est un thème qui a aujourd’hui les faveurs printanières de l’islam radical et qui veut que tant qu’il y aura des juifs sur terre, le monde ne connaitra point le salut.

Les Israéliens, dont on connait la susceptibilité, ont cru devoir mal le prendre. Le Quai d’Orsay d’Alain Juppé n’a pas réagi. La presse française, chatouilleuse en matière d’antiracisme, n’a pas réagi. Si je ne le fais pas, qui le fera ?

Le Figaro a bien voulu publier le 19 janvier une interview dans laquelle Judith Weintraub me questionne à propos du livre que je publie le 26 janvier, intitulé « Le vieil homme m’indigne » et dans lequel je dénonce les postures et impostures de l’icone planétaire de l’indignation sélective ; de l’indigence abyssale de son best-seller à ses mensonges sur sa prétendue rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948. M’est avis que l’ensemble des castes vont s’indigner à mon encontre.

Le même jour Stéphane Hessel déclarait sa flamme à un François Hollande extatique et n’hésitait pas, nous apprend le Nouvel Observateur.fr du 20 janvier, à le comparer, en fin connaisseur de la résistance, à Charles-de-Gaulle. A ce degré d’outrance encouragée, l’abus de faiblesse n’est pas loin.

Une nouvelle affaire Bettencourt ?

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