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Il n'y aurait rien de pire qu'un Fake Brexit
©DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Disraeli Scanner

Lettre de Londres mise en forme par Edouard Husson. Nous recevons régulièrement des textes rédigés par un certain Benjamin Disraeli, homonyme du grand homme politique britannique du XIXe siècle.

Disraeli Scanner

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Benjamin Disraeli (1804-1881), fondateur du parti conservateur britannique moderne, a été Premier Ministre de Sa Majesté en 1868 puis entre 1874 et 1880.  Aussi avons-nous été quelque peu surpris de recevoir, depuis quelques semaines, des "lettres de Londres" signées par un homonyme du grand homme d'Etat.  L'intérêt des informations et des analyses a néanmoins convaincus  l'historien Edouard Husson de publier les textes reçus au moment où se dessine, en France et dans le monde, un nouveau clivage politique, entre "conservateurs" et "libéraux". Peut être suivi aussi sur @Disraeli1874

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Londres, 

le 13 juillet 2018

Mon cher ami, 

Je vous avais annoncé que j'allais avoir à vous écrire dans la semaine pour vous tenir au courant des événements déclenchés par Theresa May, avec son plan de Chequers. Il semble bien que, depuis la fin de semaine dernière, le Premier ministre soit dépassé par ce qu'elle a déclenché. Pire encore que les démissions de Davis Davies, de Boris Johnson, il y a la gaffe qu'on lui prête lors de la rencontre de Chequers: son refus de changer une ligne du nouveau plan pour le Brexit parce qu'il aurait d'ores et déjà reçu l'assentiment de la Chancelière allemande. Mes informateurs me disent que le Premier ministre a été plus subtil dans sa formulation. Mais le simple fait qu'on lui ,prête une pareille pensée en dit long. Surtout, cela renvoie à une réalité, celle d'une concertation entre quelques grands patrons allemands, sous la conduite de Tom Enders, qui ont discrètement échangé avec Madame Merkel vers la mi-juin, lui présentant les grandes lignes d'un "faux Brexit" que Madame May serait susceptible d'accepter. Il ne faut pas aller chercher plus loin pour trouver l'origine de la phrase attribuée à Theresa May. 

Le Premier ministre a, plus largement, été effrayé par une série de messages parvenus au 10 Downing Street à l'occasion du deuxième anniversaire du Brexit, de la part de patrons d'entreprises installées des deux côtés de la Manche: non seulement des entreprises allemandes mais aussi Honda ou Jaguar. Evidemment, tout cela est beaucoup trop long, traîne en longueur. C'était d'ailleurs la stratégie de l'Union Européenne: faire traîner, pour épuiser et isoler les Brexiters. Ce que Michel Barnier n'avait pas prévu, c'était l'irruption de Donald Trump dans le débat. Il vient de le dire clairement dans son interview au Sun (I told May how to do Brexit but she wrecked it — US trade deal is off!), en même temps qu'il entamait sa visite en Grande-Bretagne: si le Royaume-Uni signe un accord qui la laisse largement sous la dépendance de l'UE, les Etats-Unis ne pourront pas signer d'accord de libre échange avec le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté. cela devrait donner à réfléchir à Theresa May. 

oilà notre pays devenu un champ de bataille entre conservateurs et libéraux. La publication, hier, du White Paper,(SoS, Dominic Raab statement on the future relationship between the United Kingdom and the European Union: 12 July 2018)  n'a pas rassuré les Leavers, au contraire. Madame May va devoir affronter la semaine prochaine une minorité de son parti de plus en plus soudée autour de Jacob Rees-Mogg, le président du European Research Group. Il est certain qu'elle ne pourra obtenir d'accord pour son Fake Brexit qu'avec le soutien du Labour. Mais je ne suis pas sûr que celui-ci ait intérêt à la soutenir. 

La semaine qui vient verra une première bataille, dont tout donne à penser qu'elle sera plus qu'une escarmouche. 

Bien fidèlement

Benjamin Disraëli

La semaine qui vient verra une première bataille, dont tout donne à penser qu'elle sera plus qu'une escarmouche. 

Bien fidèlement

Benjamin Disraëli

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