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Hausse de la criminalité : les maquillages statistiques du ministère de l’Intérieur remontent à la surface
©Reuters

Mascarade

C'était une entourloupe parmi d'autres. Mais cette fois-ci, la pilule n'est pas passée. Et l'affaire prouve la sécurité au quotidien des Français est délaissée au profit de la lutte antiterroriste. Et que la France est au pillage.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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C'était une entourloupe parmi d'autres. Elle portait sur le nombre de véhicules incendiés en France au nouvel an. Le nouveau ministre de l'Intérieur avait fourni des chiffres restrictifs visant à cacher que, pour 2016, ces incendies augmentaient que près de 20%.

La routine.

Eh bien non - cette fois-ci, la pilule n'est pas passée - n'est pas Monsieur Cazeneuve qui veut. Car pour mater les médias, ce dernier employait deux agressives dames, disputant le journaliste d'information s'écartant de la ligne du Parti - quand ce n'était pas du pur et simple chantage. Tel média fait le malin ? On lui coupe le robinet. Plus d'info. Le chroniqueur Thomas Guénolé doit s'en souvenir, viré qu'il fut de RMC sous la menace d'un "boycott punitif" de l'Intérieur - pour avoir critiqué la gestion par l'Intérieur des attaques du 13 novembre 2015. Monsieur Cazeneuve exfiltré vers Matignon, le réel criminel a donc paru au grand jour - réel qu'Atlantico et l'auteur énoncent sans relâche depuis un an - un peu seuls, à vrai dire, jusqu'à présent.

Ce réel, le voici : depuis les premiers attentats visant la France début 2015, la sécurité au quotidien des Français est délaissée au profit de la lutte antiterroriste et depuis lors, la France est au pillage.

Les vols à main armée, d'abord - dont l'Intérieur prétend sans rire qu'ils diminuent. Or ce qui vient du du terrain démontre que là encore, tricherie il y a, la France métropolitaine subissant en 2016 un tsunami de braquages de proximité. Pour le prouver, le criminologue usera ici de ses propres données et sources, sans aller mendier de l'info au ministre de l'Intérieur, pour la recopier ensuite docilement.

Ne prenons ici que décembre 2016, mois durant lequel ont été braqués : des salles des ventes, des restaurants, des clubs de foot, des sociétés de transport, des épiceries, des convoyeurs de fonds, des fast-food, des boucheries, des bureaux de poste, des magasins de sport, des casinos, des camions de livraison, des fleuristes, des tabacs, des supermarchés, des vétérinaires, des pharmacies, des boutiques de téléphonie, des boulangeries, des solderies, des autobus, des stations services, des hôtels et des agences de voyage.

Braquages souvent violents, avec parfois des prises d'otages. Les braqueurs ? des rodeurs, des toxicomanes, des racailles, des SDF - nombre de mineurs désormais - impunité oblige. Ce qu'on appelait jadis "la lie de la société", pour qui le braquage de proximité est devenu une sorte de RSA. Parmi des centaines de cas, notons cette boulangerie d'Avignon, récemment "ciblée par des braqueurs pour la cinquième fois".

Cela, tout le monde le constate - sauf le ministre de l'Intérieur : Ouest-France, 28/12/2016 "Braquages à répétition dans la région angevine" - L'Union, 28/12/16 "Château-Thierry : deux braquages en huit jours dans un tabac " - FR3 Rhône-Alpes - 27/12/16 - "Braquages en série dans la Loire" - Le Dauphiné - 19/12/16 "Série de braquages et de coups de feu dans la région grenobloise" - La Marne - 14/12/16 "Trois commerces braqués en un week-end" - Le Parisien - 5/12/16 "Montreuil : deux commerces braqués en une heure" - La Voix du Nord - 3/12/16 "Le Carrefour-Contact de Loon-plage : 2e braquage en trois semaines". Le Parisien - 2/12/16 "Clayes-Souilly : Cash Converters braqué pour la troisième fois cette année". Et ainsi de suite.

Passons à la catégorie - en forte croissance - des braquages à domicile. Près de Chamonix et de Dunkerque, à Palaiseau, à Saint-Germain-en Laye ; bien sûr en Seine Saint-Denis, des particuliers, des gens âgés, une famille chinoise (encore !), un prêtre, des restaurateurs sont ligotés, molestés, torturés parfois par des voyous, puis dépouillés.

Autre activité criminelle en hausse : les vols par ruse, ou à la "fausse qualité", de faux policiers ou agents de services (eau, électricité, etc.) pillant ou escroquant des personnes âgées, fragiles ou naïves.

Place au Grand-Guignol méridional. A Marseille en décembre, un voyou est retrouvé "carbonisé et tué par arme à feu". Peu auparavant un autre (19 ans) est "criblé de balles". Dans les Bouches-du- Rhône, de 2015 à 2016, + 75% d'homicides entre truands. Le Var fait mieux encore : là, le truand est retrouvé "découpé en morceaux et carbonisé". Dans le reste de la France (Hauts-de-Seine, Drôme...) deux fous homicides issus d'Afrique ou d'Asie centrale décapitent, poignardent et tuent à coup de pierres (5 morts).

Les brigands de grand chemin ne chôment pas. Dans le Nord de la France, promeneurs et automobilistes sont volés et molestés par de jeunes nomades "d'origine roumaine". A Créteil, une bande de huit voyous dépouille en pleine rue des passants de leur argent et de leurs portables.

Les campagnes sont-elles plus sûres ? Non - en Picardie, en Auvergne les fermes sont au pillage : oies, chapons, porcelets, canards sont volés par dizaines. Au Havre, un mareyeur se fait rafler 2 000 homards.

Face à ce triste spectacle - et à la propagande de l'Intérieur, qui raconte que tout va bien - peut-on au moins recourir à la religion ? Pas vraiment : à Nantes, les voitures de fidèles sont pillées durant la messe de Noël. Dans des cimetières des Bouches-du Rhône, tombes et chapelles sont pillées. Le 13 décembre, La Dépêche s'alarme de "vols répétitifs dans les cimetières bordelais" (marbres, grilles croix de métal, etc.).

Enfin, le sort désolant les touristes : de l'aéroport Charles De Gaulle à Paris, l'autoroute AI est livrée à des "voleurs à la portière" et à Paris même, une touriste du Qatar (encore !) se fait dépouiller de son sac (préjudice, 200 000 euros).

Pendant ce temps, le gouvernement clame une "baisse de la petite délinquance" - qui n'existe que dans les médias Niel-Drahi, à sa botte.

 (Comme d'usage, toutes nos sources et références sont disponibles sur demande)

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