Cancérigène
Glyphosate : pourquoi les agriculteurs craignent plus pour leurs rendements que pour leur santé
Le débat est au plus fort sur le glyphosate, que le gouvernement français voudrait arrêter avant la fin de son quinquennat, causant de multiples réprobations du monde agricole. Mais pourquoi un tel déchainement autour des produits issus de ce principe actif ?
Antoine Jeandey
Antoine Jeandey est journaliste et auteur de « Tu m’as laissée en vie, suicide paysan veuve à 24 ans ».
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D'un côté, un produit connu, utilisé fréquemment par un très grand nombre d'agriculteurs, et qui avec ses facultés de désherbant total est considéré comme très intéressant, pour débarrasser le sol de toutes ses mauvaises herbes avant le semis. De l'autre, des sonnettes d'alarme tirées d'un peu partout, et pas seulement de la part d'ONG que l'on pourrait considérer comme étant dogmatiques : ce principe actif est suspecté d'être cancérigène, et même à l'origine de malformations chez des nouveau-nés, animaux (consommateurs de cultures traitées avec ces produits) et même humains, selon des affirmations de documentaires diffusés sur les chaines de télévision.
Ce "risque santé", aujourd'hui, n'est pas officiellement confirmé. D'autant qu'il dépend aussi de l'utilisation des produits, des précautions suivies d'une part, et du mode de culture d'autre part, comme l'expliquait très bien Gilles VK dans sa vidéo reprise sur WikiAgri. Il semble ainsi que, aujourd'hui, en France, les utilisateurs soient dans leur globalité prudents et responsables. Et surtout que la pratique consistant à mettre le produit directement sur les cultures n'ait pas cours en France.
Pour autant, bien sûr, après de telles affirmations, à tort ou à raison, le doute subsiste. Mais pour les agriculteurs, ceux de la Fnsea qui ont manifesté dans Paris sur les Champs-Elysées, mais aussi ceux de la Coordination rurale, soit pour une large majorité, aucune hésitation : on ne peut pas se passer du glyphosate. Christiane Lambert, la présidente de la Fnsea est même très vindicative sur le sujet.
Il apparait ainsi clairement que l'on préfère occulter le risque santé face à un autre risque : la perte de rendements. En d'autres termes, les agriculteurs en sont venus à un tel point avec les crises à répétition et autres aléas qu'ils ne peuvent plus se permettre le moindre écart au niveau de leurs trésoreries. Bien sûr, il n'y a pas que ça dans le débat. Le seul nom de "Monsanto" suscite depuis de longues années un déchainement de commentaires, certains justifiés, d'autres beaucoup moins élaborés aussi d'après des "fake news". Mais si l'on se place uniquement du côté du producteur agricole, ce débat controversé autour de la multinationale n'a pas d'importance. En revanche, un produit qui évite les efforts pour désherber proprement à condition d'être bien utilisé, ça les intéresse.
Evidemment, il appartient ensuite à chacun d'être prudent dans cette utilisation, pour soi, et pour l'entourage. Cela fait partie de la responsabilité du chef d'entreprise agricole.
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