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L’acné est liée avant tout à une hyper séborrhée (hyper stimulation des glandes sébacées) : le sébum qui est produit en forte quantité a tendance à engorger les follicules pileux à la base desquels il est déversé.
L’acné est liée avant tout à une hyper séborrhée (hyper stimulation des glandes sébacées) : le sébum qui est produit en forte quantité a tendance à engorger les follicules pileux à la base desquels il est déversé.
©Flickr

Acné mortifère

L'habitude de presser ses boutons d'acné est un très mauvais réflexe. Selon Vishal Maden, dermatologue britannique, faire ce geste aurait des conséquences néfastes pour la santé. Dans le pire des cas, les symptômes sont une perte de la vision et une paralysie permanente. Les problèmes les plus fréquents peuvent être des thromboses et des caillots sanguins qui peuvent obstruer les vaisseaux qui irriguent le cerveau.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico : Selon un dermatologue britannique, le docteur Vishal Maden, la mauvaise habitude qui consiste à faire éclater ses boutons d'acné peut entraîner des infections. Le spécialiste évoque une zone qui va du nez à la lèvre inférieure en forme de triangle. Les infections non traitées dans cette zone pourraient provoquer selon lui des thromboses, soit des caillots sanguins. Ces infections pourraient-elles provoquer des abcès au cerveau ou même la méningite, comme il le suggère ?

Stéphane Gayet : Le retour veineux de cette zone proche de l’aile du nez s’effectue vers une veine large dans laquelle la thrombose (formation d’un thrombus, équivalent du caillot, mais à l’intérieur d’un corps vivant) s’effectue plus facilement que dans la plupart des autres veines. Un « bouton » d’acné ne doit surtout pas être pressé, car cela aggrave son inflammation et favorise sa surinfection (super infection ou deuxième infection). La sur-infection d’un « bouton » d’acné peut se faire avec un staphylocoque doré. S’il s’agit d’une souche virulente et produisant une toxine thrombosante, et si de plus l’on se trouve dans ladite zone, il existe un risque particulièrement grave, celui que se développe une staphylococcie maligne de la face. Cette infection se manifeste par une fièvre assez élevée, une sensation de malaise général, une rougeur et un œdème (gonflement) du visage au voisinage de l’aile du nez. Cette staphylococcie maligne de la face est souvent associée à une thrombose veineuse. Le thrombus qui se forme peut se fragmenter et gagner le cerveau ou bien la méninge nourricière (vascularisée), et ainsi être à l’origine d’un abcès cérébral ou d’une méningite à staphylocoque doré, qui sont très graves. Fort heureusement, cette staphylococcie maligne de la face est peu fréquente, mais elle est suffisamment dangereuse pour qu’il soit impératif de l’éviter.

Face à des « boutons » d’acné, il faut surtout résister à la tentation de les évacuer par pressage : cela ne peut qu’aggraver la situation et ne se révèle en aucun cas bénéfique. Ces « boutons » doivent sécher en restant clos et c’est ainsi qu’ils évoluent le mieux et laissent le moins de cicatrices.

Quelles pourraient être les conséquences d'une infection non-traitée dans cette zone ? A quelles séquelles les patients peuvent-ils être confrontés ?

La complication la plus à craindre est la staphylococcie maligne de la face (voir question précédente). Dans sa forme la plus grave, cette infection donne une septicémie avec risque élevé de localisation secondaire dans le cerveau (abcès cérébral) ou dans la méninge nourricière (vascularisée), ce qui donne une méningite. Un abcès cérébral laisse toujours des séquelles : ce peut être une hémiplégie (paralysie d’un côté du corps), un déficit moteur d’une petite partie du corps, des troubles de la parole, de la mémoire ou de la pensée, ou encore des crises d’épilepsie. La méningite bactérienne à staphylocoque doré est également très grave et risque de laisser des séquelles cérébrales. Comme l’abcès cérébral, elle peut aboutir au décès.

Les « boutons » d’acné, situés au voisinage de l’aile du nez, doivent donc être considérés et soignés avec beaucoup d’attention et ne pas être aggravés par un pressage.


Quels sont les meilleurs remèdes pour traiter l'acné ? Existe-t-il des cas (mains propres, certaines zones du corps) où percer ces boutons est sans danger ?

L’acné est liée avant tout à une hyper séborrhée (hyper stimulation des glandes sébacées) : le sébum qui est produit en forte quantité a tendance à engorger les follicules pileux à la base desquels il est déversé. Cet engorgement provoque une inflammation des follicules pileux, qui elle-même favorise leur infection par des bactéries de la peau. Ce sont le plus souvent des bactéries peu pathogènes qui sont en cause, comme Propionibacterium acnes. Un « bouton » d’acné guérit en principe seul, en se desséchant. La complication la plus redoutable des « boutons » d’acné est leur super infection ou sur infection par un staphylocoque doré, l’une des bactéries les plus pathogènes que l’on connaisse. L’hyper séborrhée est elle-même provoquée par des taux très élevés d’hormones sexuelles qui résultent de l’hyper stimulation des glandes sexuelles (ou gonades) par l’hypophyse, pendant toute la période pubertaire. L’acné juvénile ou pubertaire est presque un phénomène « normal » : elle survient chez pratiquement tous les adolescents, mais avec des niveaux de sévérité bien sûr très variables.

Face à un « bouton » d’acné, le pressage ne peut être que délétère (nuisible), mais c’est une forte tentation, car l’adolescent pense que l’évacuation mécanique du sébum va lui être bénéfique, ce qui n’est pas le cas, au contraire. Il est donc important de s’abstenir de cette pratique néfaste. Il faut dire que la tension ressentie au niveau d’un « bouton » d’acné est parfois pénible, ce qui peut y inciter. Dans les cas peu sévères d’acné juvénile, certaines solutions moussantes pour le visage peuvent améliorer la situation. Les cas sévères d’acné peuvent bénéficier d’un traitement médical pouvant être hormonal ou antibiotique. Mais il est toujours délicat de traiter une acné juvénile, car chaque cas ou presque est différent des autres. Une chose est certaine, c’est qu’elle finit par guérir toute seule, mais parfois au prix de cicatrices cutanées et de perturbations psychiques, dans les formes vraiment disgracieuses.

Propos recueillis par Nicolas Martinet

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