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Fukushima : les Français stockent des compteurs Geiger
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Zone franche

Quand la demande de compteurs Geiger explose, seuls les vendeurs sont radieux.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Lors des crises « normales » ―  les grèves de routiers, les tempêtes ―, les gens stockent du sucre. Oui : ils galopent jusqu’au supermarché du coin, dévalisent littéralement le rayon Daddy Suc et on peut généralement voir deux acharnés se disputer un dernier carton éventré près d’un rayon vide au journal télévisé.

Personnellement, je n’ai jamais compris pourquoi. Ok, on aime bien en avoir un ou deux paquets d’avance à la maison ― on ne sait jamais, si on a envie de se faire un gâteau au chocolat pour se réconforter pendant l’apocalypse ―, mais tout de même… Est-ce que le sucre est vraiment le truc dont les gens ont le plus peur de manquer dans les moments difficiles ? Plus encore que, je ne sais pas moi, les pâtes, le riz, le dentifrice ou le papier toilette…

Grand mystère.

Lors des crises nucléaires, mais c’est rare et les comportements ne sont sans doute pas complètement normalisés, les gens se ruent sur les compteurs Geiger, ces petits appareils qui mesurent la radioactivité. Pas juste au Japon où il y a de bonnes raisons de se méfier, avec toutes ces centrales dont les piscines sont si mal chauffées l’hiver, mais partout dans le monde. A Taiwan, aux Etats-Unis, en France...

394 euros avec l'option rayons gamma

Surtout en France en fait, où l’on nous assure que les ventes « explosent », ce qui serait d’ailleurs amusant en d’autres circonstances. Le Monde et Libé, qui ont eu la même idée que moi pour un petit papier « anecdote insolite mais significative en marge d’une actu tragique, 2 à 3 000 signes grand max », l’ont d’ailleurs vérifié jeudi en appelant tout ce que la France comptait de revendeurs de ces instruments.

Ils sont formels : rupture de stock intégrale.

A vrai dire, ce qui est surprenant, c’est qu’il existe autant de distributeurs et même de modèles de compteur Geiger. Le sucre, on en mange même quand tout va bien alors que la mesure de radiations, ça doit être un hobby assez rare.

Eh bien détrompez-vous, les compteurs Geiger, ça s’achète partout, il y en a des tas de modèles pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Ça commence à 120 euros en occasion, mais ça grimpe jusqu’à 394 euros pour un modèle pro mesurant les rayons alpha, bien sûr, c'est la base, mais aussi les rayons bêta et même les rayons gamma !

Et pour les bricoleurs un peu près de leurs sous, on trouve carrément des informations sur le Net pour s’en fabriquer un tout seul comme un grand.

Même la CRIIRAD, l’association à but non lucratif qui lutte contre le nucléaire en vend par correspondance (le Radex RD 1503, un modèle de milieu de gamme à 201 euros un peu léger sur les rayons bêta d’après le fabricant lui-même). Enfin, disons qu'elle en vendait parce qu’en ce moment, elle est comme les autres : dépassée par la demande.

L’association, pas plus que les autres « Darty » radioactifs, ne précise d’ailleurs au pige.. pardon, au client, que le bidule ne lui servira strictement à rien et qu'interpréter les résultats est un job de spécialiste à base de calcul de taux de radiation multiplié par le temps d’exposition directe au rayonnement (je n’ai pas tout compris moi-même). Mais business is business

Franchement, autant s’acheter l’appli qui fait semblant de transformer votre iPhone en compteur Geiger pour 79 centimes. Ou regretter les crises à l’ancienne, celles où on avait toujours de quoi se faire un gâteau au chocolat pour se remonter le moral…

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