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François Hollande n’a pas protégé le modèle social, il a contribué à le détruire. Pour le sauver, Il fallait laisser les entreprises créer des emplois
©Reuters

L’édito de Jean-Marc Sylvestre

En moins de 48 heures, les Français ont compris que François Hollande était candidat, mais qu’il n’avait ni de projets,ni programmes...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Sur la question du modèle social, la ficelle est trop grosse. Quand le président de la République se présente comme le seul garant du modèle social, il s’adresse à la gauche qui l’a abandonné, il cherche à la rattraper.

En théorie, il a raison, s’il est candidat de gauche, il doit développer un discours qui rappelle les valeurs traditionnelles de la gauche et les acquis sociaux depuis un siècle. Ok ! mais c’est d’une banalité que même en première année de sciences-po, on n’ose plus enseigner aujourd'hui.

Mais, quand il attaque frontalement les candidats de droite (et particulièrement Nicolas Sarkozy) en les accusant de vouloir démolir le modèle social, les Français ne le suivent plus, les Français ne le croient pas.

Pourquoi ? Pour une raison très simple, tout le monde a compris depuis plus de dix ans que la protection des acquis sociaux était assurée par l’activité économique et les emplois. Si le modèle social se fissure c’est parce qu’il n'y a pas de richesses.

Or, François Hollande dans son discours de pré-campagne n'a pas parlé une seule fois de cette relation de causalité entre la qualité du social et la quantité de croissance et d’emplois.

Il fait croire que la politique sociale se tricote en vase clos par des fonctionnaires de l'Etat qui débordent d’expertise pour redistribuer l’argent publique. Pas une seconde, il n’a expliqué que l’argent publique a d’abord été de l’argent privé, issue de la création de richesses et d’emplois dans les entreprises marchandes.

Le seul moyen de protéger le modèle social, sa qualité, sa performance n’est pas d’accroitre la redistribution, mais de tout faire pour créer de la richesse, et surtout laisser les entreprises générer de la croissance sans la leur confisquer.

François Hollande ne peut pas dire la vérité, s’il veut rassembler la famille de gauche autour de lui. Pour trois raisons.

  • La première raison, c’est que la production d'entreprise n'appartient pas aux concepts et aux valeurs de la gauche. La gauche imbibée de l’enseignement marxiste a toujours considéré que le progrès social était le résultat des conflits de classe. C’est complètement faux, l’essentiel du modèle social français a été construit par le général de Gaulle à la libération sur la base d’un compromis politique avec le parti communiste et la CGT. Ce modèle social n’a bien fonctionné que parce qu’il était financé par les formidables profits de la croissance pendant les trente glorieuses.

  • La deuxième raison, c’est que le modèle social finance une grande partie des forces de gauche militantes et syndicales. On ne peut donc pas en critiquer son fonctionnement sans prendre le risque de déséquilibrer ces forces militantes.

  • La troisième raison, c’est que le bilan économique est désastreux. François Hollande ne peut donc pas en faire état. Pour s’exonérer de toute responsabilité sur cette faillite annoncée, il ne peut pas parler de la situation économique. Il ne peut qu‘attaquer les projets de la droite.

Le modèle social ne fonctionne que parce qu’il y a des prélèvements obligatoires sur le travail (les salaires). Depuis presque dix ans, on a augmenté sans cesse les charges sociales pour alimenter le modèle social, ce faisant on a paralysé les process économiques, devenus trop lourds. On aurait pu engager des réformes structurelles, repousser l’âge de la retraite, engager une lutte sérieuse contre le chômage, réformer le système de santé, alléger les coûts de fonctionnement, bref gérer correctement le modèle social et la sphère publique. On aurait pu ... mais on ne l’a pas fait.

Dans son discours, le président de la République ne peut même pas se targuer d’avoir essayé de soutenir la liberté des entreprises par le pacte de compétitivité, la loi el Khomri, ou les lois Macron puisque ses propres amis l'ont empêché d’aller jusqu’au bout de ces reformes.

Le résultat, c’est qu’aujourd hui, nos systèmes de retraites sont toujours aussi fragiles, l’assurance maladie est toujours déficitaire, etc.,  et les entreprises n’ont pas récupéré leur compétitivité.

François Hollande n’a rien fait de sérieuxpour protéger le modèle social, parce que la gauche l’a empêché de faire ce qu’il aurait fallu pour les entreprises. Ça n ‘est donc pas maintenant qu’il va engager une politique pro-business.

Cette posture est tellement surréaliste et paradoxale, que les responsables de gauche ne sont pas loin de se réjouir des problèmespolitiques de Mme Merkel. La gauche française n’a jamais accepté le succès du modèle allemand. Et pour cause, le succès allemand souligne cruellement les défaillances et les lâchetés françaises.  Mélenchon, Montebourg, Hamont, Duflot, ne se privent pas de souligner le prix payé pour une telle compétitivité allemande... et prédisent depuis des lustre la fin de ce pseudo modèle. C’est évidemment ridicule.

En attendant, les allemands ne connaissent pas le chômage, les allemands n’ont pas de dettes, ils sont donc affranchis des marchés financiers, ils sont libres, leur commerce extérieur est florissant, leur budget est excédentaire à tel point qu‘ils s'offrent le luxe de baisser les impôts pour 15 milliards,avec des services publics qui fonctionnent autrement mieux que ceux de l'administration française. L’éducation nationale marche mieux outre-Rhin que chez nous. Quant au systeme de santé, il est largement aussi performant et beaucoup moins cher.

Alors de qui se moque-t-on ? Les responsables de la gauche française devraient savoir que sans l’Allemagne, l’Europe n'aurait pas cette stabilité que le monde entier lui reconnaît, nous n’aurions pas les taux d’intérêt aussi bas.

Les responsables politiques français ont quand même assez peu de légitimité pour se réjouir des ennuis de Mme Merkel.

Ils feraient mieux de la soutenir et de l'aider quand, à Bruxelles, elle est l’objet d’un tir de barrage incroyable par les pays du sud. Ça n’est pas parce que l'Allemagne entre en débat politique, que les dettes de l’Italie, de la Grèce, de l'Espagne et surtout les dettes de la France seront moins lourdes.

Le malheur des uns n’ont jamais fait le bonheur des autres. On n’est pas à l’école maternelle. 

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