France Télévisions : Robin Leproux, favori à l’issue de l’étonnante pré-sélection des candidats par le CSA ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Robin Leproux.
Robin Leproux.
©Reuters

Antenne brouillée

Jeudi 16 avril dernier, le CSA a pré-sélectionné sept profils pour la présidence de France Télévisions. Une liste surprenante, assez éloignée du profil idéal attendu.

Francis Tellé

Francis Tellé

Francis Tellé écrit sous pseudonyme et travaille dans les médias depuis une dizaine d'années. Bien informé sur les coulisses de la nomination du futur Président de France Télévisions, il détricote les stratégies d'influence mises en place en coulisse par les nombreux impétrants.

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Âgé de moins de 60 ans, compatible avec la gauche et la droite, bon gestionnaire courageux et moderne, doté d’une expérience significative dans l’audiovisuel ; en mars dernier, l’Etat dressait ce portrait robot du futur président de France Télévisions. On en est loin.

Si le CSA refuse encore toute déclaration publique, sept noms circulent d’ores et déjà dans la presse, parmi lesquels quatre créent la surprise : Nathalie Collin (La Poste), Delphine Ernotte-Cunci (Orange), Pascal Josèphe (ex France 2 et France 3) et Cyrille du Peloux (Veolia).

La première, Nathalie Collin, est directrice générale adjointe en charge de la communication dans le groupe La Poste, mais surtout ancienne présidente du directoire du journal Libération ou elle n'a pas fait de miracle. Son profil, très marqué à gauche, semble incompatible avec l'éventuelle élection d'un Président de droite en 2017. Sans parler de son absence totale d’expérience dans l’audiovisuel. Un choix très surprenant donc.

Deuxième femme de ce quatuor, le profil Delphine Ernotte-Cunci étonne également. Directrice France d’Orange, son passif chez France Télécom a suscité une levée de boucliers des syndicats de France Télévisions qui considèrent que le plan Next, dont elle a été en charge de l'exécution, aurait été à l'origine de plusieurs suicides. Un point sensible pour François Hollande qui ne veut aucune vague avant 2017. Quant à son expérience dans l’audiovisuel, elle est inexistante.

Pascal Josèphe et Cyrille du Peloux, âgés respectivement de 60 et 61 ans, ont quant à eux dépassé la limite d’âge et ne pourront donc pas mener leur mandat à terme s’ils sont choisis. La nomination de Cyrille du Peloux, héraut de la privatisation de TF1 version Bouygues et "temps de cerveau disponible", serait une telle provocation pour tout ce que représente le secteur public de l'audiovisuel, que l'on peine à imaginer.

Christophe Beaux, haut fonctionnaire, actuellement PDG de la Monnaie de Paris, n'a d'autre expérience de l'audiovisuel que sa fonction d'administrateur de France Télévisions. Cela parait léger.

La reconduction de Rémy Pflimlim demeure possible, le CSA et l'Elysée ayant été échaudés par l'affaire Matthieu Gallet à la tête de Radio France. Une hypothèse qui n'est cependant pas la plus probable, compte tenu d'un bilan transparent et d'un profil effacé.

Reste donc Robin Leproux qui apparait désormais comme le favori de la course. Ancien patron de M6, parti en grand fracas après des désaccords avec le président de la chaîne. Il est le seul à cocher toutes les cases malgré sa proximité avec Nicolas Sarkozy.

Cette sélection du CSA interroge d’autant plus que certains des profils non retenus semblaient pourtant mieux correspondre au profil recherché. 

"J’ai reçu jeudi un courrier me signifiant que je n’étais pas retenu, mais je n’ai eu aucune explication". L’éviction de Didier Quillot est étonnante. Une solide expérience de manager dans l’audiovisuel, et un projet approfondi, qu’il a d'ailleurs mis en ligne sur internet. L'opacité de la procédure retenue par le CSA ne nous permettra pas d'en savoir plus sur cette élimination mystère qui a toutes les allures d'un véto ad hominem.

Autre candidate malheureuse, Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde (RFI, France 24). En mars, son bon bilan à la tête de FMM jouant en sa faveur, elle figurait pourtant parmi les favoris du CSA et de l’Elysée. Les récents déboires de TV5 Monde sont cependant passés par là et le gendarme des télécoms considérerait aujourd’hui qu’elle ne peut plus se permettre de quitter son poste. 

Même constat pour Emmanuel Hoog. L’actuel PDG de l’AFP, au parcours exemplaire, paie aujourd’hui le scandale provoqué en février dernier avec l’annonce erronée du décès de Martin Bouygues. 

Le CSA devrait annoncer rapidement le nom de l’heureux élu. Reste à savoir quand il compte communiquer sur les critères utilisés pour ses choix. Force est de constater que l'opacité de la procédure n'a pas permis de susciter les candidatures espérées de grands managers du secteur privé. On a plutôt le sentiment qu'elle a permis d'écarter les candidats sérieux dès le premier tour afin de mieux imposer aux huit sages du CSA un candidat présélectionné, en lui opposant une liste de lièvres, tous plombés par un défaut majeur facilitant leur élimination finale. Créer un épais mystère pour mieux exercer des choix arbitraires. Pas sur que cela soit un progrès.

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