France-Allemagne : toutes les clés tactiques du match

L'équipe de France de football a rendez-vous avec l'Histoire. A 18h00 ce vendredi, dans le mythique stade Maracaña de Rio de Janeiro, les Bleus affronteront l'Allemagne pour une place dans le dernier carré de la Coupe du monde. Au bout d'un parcours presque sans faute, les joueurs de Didier Deschamps ont en effet obtenu la possibilité de venir (enfin) à bout de la Nationalmannschaft et ainsi, 32 ans après, venger la bande à Platini, éliminée après un dénouement cruel, entré à jamais dans la légende du football. En 1982, au terme d'une dramatique séance de tirs au but et après avoir mené 3-1 en prolongation (3-3 a.p., 5 t.a.b à 4), les Bleus étaient éliminés du Mondial espagnol. Mais pour refermer à jamais cette plaie béante, l'équipe de France va devoir livrer un match plus que sérieux.

Sur le papier, l'Allemagne de Thomas Müller (déjà 4 buts dans le tournoi) est favorite. Face à des Bleus sans grande expérience, la Nationalmannschaft, triple championne du monde, demi-finaliste de toutes les phases finales depuis 2006 (Mondial et Euro) et présente en quarts de finale pour la 17e fois en 18 participations, représente un ogre difficile à battre. Mais impossible n'est pas Français ! Pour déjouer tous les pronostics, les supporters s'en remettent au maître tacticien qu'est Didier Deschamps. Car ce quart de finale de Coupe du monde sera avant tout une passe d'armes tactique entre le sélectionneur et son homologue allemand, Joachim Löw. 

Si à quelques heures du coup d'envoi, la liste des 22 joueurs présents sur le terrain n'a pas encore été communiquée, le style de jeu des deux équipes (et leurs failles respectives) n'ont pas échappé aux observateurs. Ainsi, si Didier Deschamps est un des rares techniciens à concéder parfois faire ses choix tactiques ou ses compositions d'équipes en prenant en compte le profil de l'adversaire, il n'a rien laissé filtrer de ses intentions. Mais en quart de finale et face au plus grand défi de sa carrière de sélectionneur, il est peu probable qu'il change son schéma de jeu "basé sur l'efficacité plus que sur le beau jeu" selon le journaliste sportif Arnaud Ramsay. "La marque de fabrique de Deschamps, c'est la solidité défensive. En cela, il est le digne héritier d'Aimé Jacquet. Si les joueurs de la génération Platini étaient qualifiés de 'perdants magnifiques', l'équipe de Deschamps ressemble au joueur qu'il était" poursuit le journaliste. 

Concrètement, l'ancien capitaine de l'équipe championne du monde en 1998 devrait reconduire son 4-3-3, durablement installé depuis l'exploit du 19 novembre contre l'Ukraine en barrage retour (3-0). En revanche, Didier Deschamps pourrait apporter quelques retouches par rapport au huitième de finale contre le Nigeria. Ainsi, Antoine Griezmann, plus habile techniquement, part favori pour compléter le trio d'attaquants avec Benzema et Valbuena. Mais rien pour l'heure n'indique que Giroud, décevant contre le Nigeria, ne sera pas reconduit. En effet, face à la tour de contrôle Mertesacker, l'impact physique et le jeu de tête du Gunner pourraient s'avérer précieux. Une autre possibilité existe : lancer Loïc Rémy dans le grand bain de la Coupe du monde. Sa pointe de vitesse et sa capacité à prendre la profondeur peuvent être des armes décisives face au haut positionnement de la défense allemande et la tendance qu'a Neuer à déserter ses cages.

Côté allemand, Joachim Löw est beaucoup plus imprévisible. Le sélectionneur teuton n'hésite pas à varier ses schémas, car il possède dans son effectif des joueurs polyvalents. Principal exemple : le capitaine Philipp Lahm. Défenseur latéral de formation, le joueur du Bayern Munich a évolué au poste de milieu relayeur toute la saison et occupe ce poste depuis le début du Mondial. A ce poste de sentinelle, il permet à l'entrejeu de la Nationalmannschaft d'être plus consistant. Ainsi, avec un quatuor Schweinsteiger-Lahm-Kroos-Khedira, le tiki taka prôné par Löw est parfaitement rôdé. "Par le passé, on résumait le jeu allemand par la brutalité et l'impact physique de ses joueurs. Ils faisaient tous 1,90 mètres et 90 kilos. C'éataient des colosses mais des colosses qui gagnaient" estime Arnaud Ramsay. Et celui-ci de poursuivre : "Désormais, c'est tout l'inverse. Le jeu est porté sur l'offensive, spectaculaire et fait de possession. Mais les Allemands ne remportent plus de trophées". "Joachim Löw peut compter sur des joueurs aussi imprévisibles que Müller et Ozil qui sont extrêmement difficiles à contrer. Ils sont des atouts-majeurs car si le foot est un sport collectif, ce sont des individualités que viennent parfois la lumière" affirme-t-il, tout en indiquant que la France " a ses chances".

En effet, selon lui, "la qualité des joueurs français à se projeter rapidement vers l'avant et la faiblesse relative de la défense allemande (elle est composée de quatre centraux) permettent d'espérer". On l'a vu face à l’Algérie, l’Allemagne a souffert sur les côtés, comme ce fut le cas face au Ghana, et avec un pressing hargneux de la part du milieu de terrain et la vitesse de joueurs tels qu’Antoine Griezmann, Mathieu Valbuena, Karim Benzema, voir Loïc Rémy, les Bleus ont les atouts pour faire mal aux Allemands en situation de contre. 

Pour résumer, Arnaud Ramsay estime que les clés de se match sont les suivantes : 

•Voir comment va se comporter la charnière Varane-Sakho face à Thomas Müller, l'atout numéro 1 du côté allemand 

•Le duel entre Kroos et Pogba et plus globalement la bataille du milieu de terrain

•Le rôle de Benzema devant une défense allemande friable. En effet, face à une défense lente et empruntée, l'attaquant du Real Madrid, éblouissant lors des matches de poule mais plus emprunté contre le Nigeria, aura clairement un coup à jouer.

Rendez-vous est pris pour 18h00.