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Flair à la Bertrand : pourquoi l’insécurité du quotidien pourrait bien être l’arme gagnante pour les opposants à Emmanuel Macron
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Police secours

Xavier Bertrand dans le JDD a chargé frontalement Emmanuel Macron sur la question de la sécurité l'invitant à "sortir du déni" expliquant qu'"on ne peut pas accepter que trop de nos concitoyens vivent dans la peur et rentrent chez eux en baissant la tête".

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : Comment expliquer cette charge ?

Xavier Raufer : C'est la réalité tout simplement. Xavier Bertrand préside la région Hauts-de-France et il a tous les jours affaire à des dizaines de cas qui prouvent qu'il y a un problème de sécurité dans ce pays. En plus de la délinquance et de la criminalité du quotidien, il faut souligner qu'il préside une région frontalière de la Belgique. Or, les criminels adorent les frontières car elles leur permettent d'être relativement tranquilles. Cela explique à la fin cette réaction, sans parler du fait que M. Bertrand fait face à une féroce concurrence politique du Front National et s'il ne s'empare pas de ce sujet, il risque de devenir la Mme Merkel locale : il va se faire dévorer.
Mais ce serait faux de dire que cette déclaration se limite à des enjeux politique. Xavier Bertrand n'est certainement pas un homme factice. C'est quelqu'un qui travaille énormément et il a profité de cette grande interview pour mettre les choses au clair avec fermeté.
Mais même au-delà de sa région, cette déclaration s'inscrit dans un contexte effrayant : affrontements entre bande de jeunes, "purge" d'Halloween… Il arrive un moment où on ne peut plus être dans le "déni" et force est de constater que la réponse gouvernementale concernant la violence du quotidien n'est pas à la hauteur de ce qu’elle devrait être.

Pensez-vous que le domaine régalien pourrait être le sujet qui viendra hanter Macron le président de la startup nation ?  Qu'est-ce que ça révèle du président ?

Ce n'est pas le domaine régalien, c'est plus étroit que cela. C'est vraiment la sécurité au quotidien qui est la faille d'Emmanuel Macron. Le président et son Premier ministre sont très au fait des problèmes de terrorisme qui sont au cœur du régalien par exemple car c'est un sujet "noble". On peut en parler avec Trump, Merkel, May… Le problème c'est bien la sécurité au quotidien, l'insécurité que subissent les gens "de la base", ceux qui n'ont pas de relations, qui ne peuvent pas appeler le préfet. Et sur ce sujet, Macron n'a aucune expérience et fait preuve à mon sens d'un mépris de caste Aujourd'hui ces gens ne savent pas vers qui se tourner mais en revanche, ils ont un bulletin de vote et la sanction arrivera.
Ce que cela révèle du président c'est surtout qu'il n'a aucune expérience des réalités et de cette violence du quotidien.

À quel point la situation s'est dégradée en 18 mois de présidence Macron ?

La situation s'est dégradée mais le problème ne remonte pas à avril 2017 comme vous vous en doutez. Il faut là appuyer sur le désastreux bilan du dernier quinquennat et en particulier celui de la justice. Aujourd'hui, il y a des indicateurs qui ne trompent pas. Le 30 septembre, le président Macron donne un entretien d'une page et demie au Journal du Dimanche. "Face à la tempête"... mais pas une seule fois, un seul mot sur la sécurité ou quoi que ce soit d'approchant. Comme bon indicateur on peut aussi citer le récent rapport sénatorial qui dénonce le profond malaise de forces de sécurité intérieure, démotivées et découragées. Déclassement, dénuement matériel, véhicules et parc immobilier "en état critique" : voilà l'armée de l'Intérieur censée - sans rire -  "construire une société rassemblée et apaisée". Mais le quotidien des flics du terrain, c'est plutôt "une policière tabassée devant sa fille de trois ans par un dealer et son frère" - et une préoccupante vague de suicides.

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