Mal de l'air
Faut-il avoir peur de l'avion au 21e siècle ?
Chaque semaine, une trentaine d’incidents graves font passer les passagers trop près du crash aérien. Dans sa dernière enquête intitulée "Ces avions qui nous font peur", François Nénin lève le voile sur les pratiques douteuses qui mettent les usagers en danger.
François Nénin
François Nénin est journaliste enquêteur spécialiste de l'aérien et professeur d'investigation au CFPJ. Il a publié trois livre-enquêtes sur l'aérien dont Transport aérien le dossier noir et Ces avions qui nous font peur aux éditions Flammarion. Collaborateur des magazines Marianne et VSD, il a réalisé le film "Air France la chute libre" pour l'émission Special Investigation de Canal Plus et "Où est passé le MH 370" pour Complément d'enquête (France 2). Ayant suivi une formation de pilote privé, il avait créé le site bénévole securvol.fr pour combler le manque d'informations sur les compagnies. Il vient de sortir deux livres de récits : "Oups, on a oublié de sortir le train d'atterrissage" et "Vols de merde, les pires histoires de l'aviation".
Atlantico : Dans votre dernier ouvrage, "Ces avions qui nous font peur", vous dressez un état des lieux inquiétant de la situation du transport aérien. L'avion est pourtant souvent présenté comme le moyen de transport le plus sûr. Selon vous, est-ce une affirmation exacte ?
François Nénin : absolument pas. Les lobbies de l'aérien qui répètent depuis des années ce slogan oublient de dire qu'en Europe, le niveau de sureté de l'avion est a égalité avec le train et dans le monde, bien qu'il n'y ait pas de statistiques officielles pour les accidents ferroviaires, chacun peut se rendre compte que les 90 accidents d'avion annuels sont bien au-dessus du nombre d'accidents de train. Par ailleurs, ces mêmes lobbies qui communiquent en parlant avec indécence d'un faible nombre de morts annuels - entre 400 et 700 selon les années - se gardent bien de donner les chiffres des blessés. Autre tromperie : les chiffres officiels de l'association IATA*, qui regroupe les 283 plus grandes compagnies, se basent sur les accidents d'avions de conception occidentale, ce qui exclut de facto les appareils construits par l'ex URSS, comme les Tupolev et les Iliouchine, qui enregistrent des taux d'accidents sans commune mesure avec les Boeing, les Airbus et les Embraer.
Bien sûr ! Les variables d'ajustement, ce sont la maintenance, le repos des équipages, leur niveau de formation et leur entraînement. L'avion est un moyen de transport coûteux en raison de la masse salariale, des coûts d'exploitation et de maintenance et du kérosène. Il y a une quinzaine d'années, on a fait croire aux passagers que l'on pouvait aller en vacances avec un billet d'avion coûtant moins cher que le taxi pour se rendre à l'aéroport. Mais les passagers peuvent payer très cher cette baisse de prix : leur vie est mise en danger.La crise que traverse le secteur du transport aérien constitue-t-elle une menace pour les passagers ?
Est-ce un secteur où tout est permis ?
Le prix est un élément primordial dans le choix d'une compagnie. Voyage-t-on autant en sécurité via une compagnie low-cost que sur les compagnies traditionnelles ?
Tout d'abord, une démarche basique : vérifier que la compagnie n'est pas inscrite sur la liste noire européenne. Attention, cette liste n'est pas exhaustive. Ensuite, "googeliser" la compagnie pour voir si elle n'a pas une accidentologie élevée ou des incidents récurrents. Il existe des sites sur lequel on peut se renseigner, comme celui que nous animons bénévolement : securvol.frQuels sont les critères à prendre en compte afin de voyager en avion en plus grande sécurité ?
Prendre l'avion va-t-il être plus sûr à l'avenir ? Comment le secteur du transport aérien va évoluer ?
* International Air Transport Association
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