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Emmanuel Macron caresse la vache égérie du salon lors de sa visite au 57e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, en février 2020.
Emmanuel Macron caresse la vache égérie du salon lors de sa visite au 57e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, en février 2020.
©Ludovic Marin / POOL / AFP

Monde agricole

Ce samedi 26 février, le Salon de l’agriculture sera inauguré, comme le veut la tradition, par le Président de la République. Les jours suivants, la plupart des candidats à sa succession lui emboiteront le pas. Les uns et les autres dans l’espoir d’une opportunité médiatisée…

Bien sûr, le fameux « casse-toi pauv’ con » n’a pas été prononcé par Nicolas Sarkozy une année électorale, c’était en 2008. Il n’empêche, cette petite phrase, pas si anodine que ça, a donné à ses opposants un argument de poids dans le portrait qu’ils dressaient du Président d’alors, celui d’un homme dédaigneux vis-à-vis du bas peuple, qui l’a poursuivi jusqu’au terme de son mandat. Bien sûr, l’œuf reçu en plein front par le candidat Emmanuel Macron, en 2017, ne l’a pas empêché de gagner l’élection quelques semaines plus tard... Mais la vidéo de l’incident passe aujourd’hui toujours en boucle sur les réseaux sociaux.

Ainsi, il reste le sentiment qu’à tout moment, il peut se passer quelque chose au Salon de l’agriculture.

Qu’en sera-t-il pour ce millésime 2022 ? Déjà, ce Salon est très particulier. Fermé précipitamment avant son terme en 2020 (première vague de la Covid), il avait ensuite été purement et simplement annulé en 2021. Ses organisateurs, et tous ceux qui travaillent dans ou avec l’agriculture, voient dans son retour l’espoir d’une reprise économique dans ce large secteur de l’agro-alimentaire. C’est bien sûr symbolique, mais pas seulement, les échanges commerciaux doivent reprendre au plus vite pour tous les satellites de l’agriculture en perte de vitesse depuis la crise sanitaire. Et quelle meilleure plateforme de rencontre pour eux que le Salon ?

Ce contexte va cependant passer au second plan. On ne devrait pas battre des records d’affluence, la prudence populaire restant de mise par rapport aux mouvements de foule, peu propices à un respect intégral des gestes barrières.

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L’attraction sera donc ailleurs : « ils » et « elles » vont venir y défiler, tels des mannequins sur une scène présentant la dernière collection de mode. Ils et elles vont décliner leurs programmes, frotter des poings avec le leur ou même se laisser aller à serrer des mains, vont apprécier les callipygies bovines, déguster moult boissons ou autres spécialités fromagères… Ce « passage obligé » (ou presque, on sait que Jean-Luc Mélenchon, par exemple, a déjà fait l’impasse sur ce rendez-vous), les candidats à la présidentielle devront toutefois l’avoir préparé avec attention, l’erreur peut être fatale. Sans parler des imprévus.

Traditionnellement, chacun fait son chemin à travers les allées, depuis les vaches jusqu’aux produits régionaux, en passant par les céréaliers et les OPA (organisations professionnelles agricoles : banques, syndicats, ministère…).

Mais cette année en particulier, une inconnue réside : parmi les candidats, il en figure un qui ne cesse de casser les codes. Que va faire Eric Zemmour ? Va-t-il se contenter, comme tout le monde, de déambuler de stand à stand ? Quelque part, ça ne ressemble pas à son personnage, ni à la campagne qu’il mène jusqu’à présent. C’est sans doute la raison pour laquelle aucun des ténors ne publie sur son site de campagne l’agenda comportant la date de sa visite.

Si, évidemment, le Président en exercice doit inaugurer le Salon et donc s’y rendre le premier samedi (Sera-t-il alors officiellement candidat ? Va-t-il profiter de cette sortie publique pour l’annoncer ? Ou attendra-t-il encore ?), pour tous les autres prétendants il reste huit jours. Et c’est un peu comme si chacun craignait une rencontre « comme par hasard » dans les allées avec le candidat fondateur de Reconquête, avide d’images fortes et de buzz, et surtout apte à une répartie qui pourrait s’avérer foudroyante si un échange devait tourner en boucle sur les réseaux sociaux. Car de leurs côtés, tant Valérie Pécresse que Marine Le Pen auront chacune tout intérêt à rester concentrées sur un objectif : rallier un électorat que l’une et l’autre peut légitimement (compte-tenu des précédents scrutins nationaux) espérer être le sien. Et cette mission réclamera déjà toute leur attention, sans risquer en plus une rencontre fortuite avec le concurrent surprise.

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Mais au fait, pourquoi notre « casseurs de codes » n’irait pas croiser directement le grand Jupiter, dès l’entame ? En temps habituels, cette journée est réservée au seul Président, mais aucun règlement ne stipule clairement ce protocole…

Dans tous les cas, qu’il s’agisse de l’attitude d’un candidat ou d’un imprévu, d’une bousculade entrainant une réaction de l’ordre de ce fameux « casse-toi pauv’ con », d’un visiteur agressif, d’une vache se soulageant devant une caméra sur une chaussure pourtant cirée à la perfection, d’éventuelles manifestations « Gilets jaunes - antivax - convoi de la liberté », de visites d’« anti » opposants à certains candidats… Il se passe toujours quelque chose au Salon de l’agriculture. Et la présidentielle pourrait en être impactée.

Antoine Jeandey

Journaliste, auteur

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