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Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit l'adage. Et peut-être pas sans raison.
Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit l'adage. Et peut-être pas sans raison.
©Reuters

Opposition de styles

Entre les lève-tôt et les lève-tard, il est une catégorie qui, au regard des impératifs de notre société, est largement avantagée. Et cela se retrouve même dans l'ascension socio-professionnelle.

Bruno Comby

Bruno Comby

Bruno Comby est polytechnicien et directeur scientifique de l'Institut Bruno Comby.

Il est l'auteur de l'Eloge de la sieste (TNR, 2005)

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Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit l'adage. Et peut-être pas sans raison. Des études scientifiques menées sur les couche-tard et lève-tôt, résumées notamment dans une vidéo diffusée sur la chaîne AsapSCIENCE, tendent à relever que les personnes qui aiment voir le soleil se lever tous les matins réussissent globalement mieux dans la société, dans la mesure où elles s'adaptent plus facilement au travail entre 9 heures et 17 heures imposé par notre modèle de société. "Les  recherches sur le sujet démontrent que les lève-tôt bénéficient d'avantages par rapport aux couche-tard, confirme Bruno Comby, polytechnicien et auteur de L'Eloge de la sieste paru en 2005. Ils occupent ainsi souvent des postes plus élevés dans la hiérarchie sociale". Bien malgré eux, les couche-tard pâtissent au contraire dans une certaine mesure d'un phénomène baptisé "décalage horaire social" : leur rythme de vie ne correspond pas au fonctionnement de la société, qui impose assez souvent d'être opérationnel tôt dans la journée, comme le rappelle un article publié sur le Huffington Post.

Pire encore, une étude japonaise publiée en 2013 révèle que les couche-tard ont tendance à être plus facilement sujets à l'anxiété, la dépression nerveuse et aux addictions comme le tabac, l'alcool ou la malbouffe. Le phénomène avait déjà été relevé par les chercheurs de l'université de Roehampton au Royaume-Uni, qui avaient prouvé en 2011 que les lève-tôt avaient généralement un indice de masse corporelle plus faible que les noctambules.

Mais les couche-tard ne sont évidemment pas voués à un sombre destin. Assez logiquement, les oiseaux de nuit sont plus opérationnels en fin de journée que les alouettes et sont par ailleurs considérés comme étant plus créatifs. "La créativité est meilleure le soir parce que l'on est en généralement plus proche du rêve que de la conscience, détaille Bruno Comby. D'ordinaire, la censure psychologique fait que l'on contrôle tout ce que l'on pense : c'est moins le cas lorsque l'on est fatigué. Les idées s'imposent d'une certaine manière à nous, la concentration étant moins importante sur cette période. C'est la raison pour laquelle des musiciens, écrivains ou poètes travaillent parfois tard la nuit".

Reste que de devenir un chef d'entreprise de haut vol ou un Balzac en puissance ne se commande pas vraiment. Se coucher tôt ou tard semble être notamment déterminé par des facteurs génétiques, ainsi que par des facteurs environnementaux. "Il existe sans doute une prédisposition génétique à être lève-tôt ou couche-tard, analyse Bruno Comby. Il est possible d'identifier des gènes plus présents chez l'une ou l'autre catégorie de dormeurs. Mais les facteurs environnementaux jouent un rôle plus important à mon avis. C'est notamment le cas de la lumière, qui constitue le principal synchronisateur de nos rythmes circadiens. Or, la lumière artificielle joue un rôle important et peut modifier les cycles de sommeil. En attendant, tout porte à croire qu'il vaut quand même mieux être du matin que l'inverse".

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