"Le droit est plus têtu que les politburo modernes"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Le droit est plus têtu
que les politburo modernes"
©

Indigné !

Un avocat qui refuse du travail ? Ca existe. Eric Morain s'insurge face aux associations qui enchaînent dépôts de plaintes et procès pour punir les dérapages verbaux des personnalités publiques, et qui sont bien souvent déboutées par les juges. Ce qui ne les empêche pas de recommencer leur harcèlement aussitôt sortis des palais de justice...

Eric Morain

Eric Morain

Eric Morain est avocat au barreau de Paris.

Voir la bio »

Assez !!! Il y’en a assez de ne plus pouvoir dire, écrire, s’exprimer sans que la police de le pensée dégaine son arme fatale et le fasse surtout immanquablement savoir par voie de communiqué « qu’une plainte sera déposée », dérisoire bouée pour exister aux yeux de leurs concitoyens.

Pas une semaine, parfois pas un jour, où, toujours les mêmes associations nécessairement bien pensantes ne viennent passer au tamis de leur doctrine tels ou tel propos de tel ou tel ministre, secrétaire d’Etat, député ou sénateur, parfois jusqu’au plus obscur conseiller général ou maire, coupable, nécessairement coupable d’avoir commis le délit de…stigmatisation.

La stigmatisation est devenu un job.. ou une profession

La stigmatisation, voilà la belle affaire ! C’est le nouveau point Godwin de nos sociétés. Débattre est devenu stigmatiser, ne pas être d’accord avec son interlocuteur est devenu stigmatisant, pointer, souligner ou seulement émettre l’idée qu’il existe des différences sur cette terre est une stigmatisation. Il est devenu préférable de nier les problèmes plutôt que de les définir pour mieux les résoudre, faillite abyssale de l’action politique et perversion des mots qui se prostituent sur le trottoir des idées.

Je me souviens il n’y a pas si longtemps, de ce député, réputé pour son franc-parler, agrégé de philosophie – circonstances forcément aggravante – qui avait osé émettre une opinion, sans doute discutable, peut-être stupide, mais bon c’était la sienne, sur l’homosexualité au regard de l’avenir de l’humanité. Trainé dans la boue médiatique, subissant les crachats – bien réels devant un Palais de justice du Nord - des nouveaux censeurs, condamné une fois puis en appel, déclaré ouvertement délinquant par un Maire de Paris peu prudent, il vit son innocence reconnue dans un arrêt cinglant de nos plus hauts magistrats.

Pour en finir avec les politburo modernes

C’est que le droit est plus têtu que les politburo modernes d’associations déclarées en Préfecture. Cela peut vous déplaire, cela peut heurter votre sensibilité, cela peut vous inquiéter et vous choquer même mais c’est le droit de chacun d’exprimer son opinion, publiquement, dans les limites qui sont celles de l’atteinte à l’honneur ou de l’injure. Depuis longtemps déjà (CEDH 7 décembre 1976, Handyside c/ Royaume-Uni), mais il est vrai que c’était à une époque où les humoristes et romanciers de tout bord avaient finalement semble t-il plus de liberté qu’aujourd’hui, ce sont eux-mêmes qui le reconnaissent.

Cessons d’opposer la stigmatisation à la générosité dont s’auto-drapent ceux qui luttent contre les discriminations. La générosité ne se décrète pas et le résultat est là : la montée des extrêmes n’est hélas que la résultante exaspérée de ces Français qui pensent comme ces hommes politiques viscéralement républicains, ni plus intelligents ni plus bêtes que d’autres, que l’on traîne pour un rien devant les tribunaux et qui en ont assez de se sentir comme collatéralement eux-mêmes accusés de penser ainsi.

Eduquons plutôt que de lancer des anathèmes. Laissons les Claude Guéant, Nora Berra, Jacques Myard et autres responsables politiques faire l’expérience – parfois amères - des urnes plutôt que celles des prétoires comme de vulgaires boucs-émissaires. Car mettre des têtes au bout d’une pique n’a définitivement jamais été un fait glorieux.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !