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Entraîner son cerveau pour lutter contre le stress, c'est possible : voilà comment
©Pixabay

Effet keep cool

Les avancées scientifiques sur le fonctionnement du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes du stress, et donc d'apprendre à mieux le maîtriser afin d'en faire une force positive.

Jacques Roques

Jacques Roques

Psychanalyste et psychothérapeute, Jacques Roques inclut dans sa pratique plusieurs disciplines (hypnose, psychodrame, systémique...). Il découvre l'EMDR en 1994, varchar(50) de sa formation, co-fondateur d’EMDR France (avec David Servan-Schreiber et Michel Silvestre).

Il est notamment l'auteur de "Essai d'anatomie psychique basé sur les neurosciences" de "Psychoneurobiologie - Fondement et prolongements de l'EMDR". – BoD – 2015 ; "EMDR : Une révolution thérapeutique", 2016, Edition Desclée de Brouwer ; et de "L' EMDR", Collection: Que sais-je ?, 2016.

 

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Atlantico : Ian Robertson, neuroscientifique au Trinity College de Dublin, explique dans son dernier livre que nous pouvons "modifier la chimie de notre cerveau comme le ferait n'importe quel antidépresseur ou anxiolytique, mais nous devons prendre certaines habitudes pour y parvenir". Que veut-il dire par là ? De quelles habitudes s'agit-il et comment s'explique ce phénomène ?

Jacques Roques : Pour comprendre la théorie de Ian Robertson, définissons d'abord neurologiquement ce qu'est le stress.

Le stress est déclenché par une partie phylogénétiquement ancienne du cerveau : l'amygdale. ​ ​Les informations émanant des sens - perceptions visuelles et sons pouvant signaler un danger - rejoignent plus rapidement l'amygdale que le néocortex, structure plus jeune du cerveau, ou sont élaborés des processus supérieurs tel que le raisonnement. L'amygdale envoie alors des messages chimiques qui déchaînent une cascade de réactions au niveau du cerveau et de l'organisme en général (la tension artérielle monte, le rythme cardiaque s'accélère, le sang afflue dans la musculature des quatre membres, les processus digestifs sont momentanément interrompus, les récepteurs de la douleur réprimés). Elle demande à l'hypothalamus d'envoyer un message à l'hypophyse, laquelle met en jeu les glandes surrénales, qui commencent à sécréter de l'adrénaline et de la noradrénaline. Ces puissantes hormones, ainsi que d'autres, que l'on appelle glucocorticoïdes, et notamment le cortisol, incitent d'autres systèmes à entrer en action et à produire la classique réaction de fuite ou de combat.

On peut donc tout à fait agir sur son stress sans médicament, car le stress est provoqué par un environnement, que nous pouvons modifier. Faire du sport, méditer, adopter un animal, avoir un hobby sont par exemple des activités qui détendent, car elles détournent notre attention d'un potentiel danger, et donc nous empêchent de solliciter notre amygdale.

Ces simples modifications environnementales marchent très bien pour la plupart des personnes qui se sentent trop stressées, et qui ont surtout en France malheureusement tendance à se tourner trop tôt vers les anxiolytiques et antidépresseurs pour se détendre, même si ces médicaments deviennent évidemment nécessaires quand le stress se transforme en véritable maladie (phobie, dépression chronique, trouble général de l'anxiété, etc.).

Ian Robertson affirme également que nous ne sommes pas tous égaux face au stress. Que veut-il dire par là ? Quelles sont les raisons de cette inégalité ?

Il y a d'abord les inégalités biologiques, bien sur. Notamment pour tout ce qui concerne le champ de la sensibilité. Une personne dite "hyper-sensible" sera plus fortement et plus fréquemment soumise au stress que les autres, car elle réagit plus brusquement à son environnement immédiat.

Il y a ensuite les parcours de vie de chacun, qui jouent énormément sur notre manière de gérer le stress. Un enfant élevé par des parents colériques criant beaucoup, par exemple, aura une montée de stress beaucoup plus élevée en entendant un cri dans la rue une fois adulte qu'un autre adulte ayant été élevé dans le calme et le dialogue.

Ian Robertson démontre notamment que les enfants qui ont été soumis au stress plus jeunes que les autres seront plus résistants au stress une fois adultes. Que faut-il en déduire ? Une certaines dose de stress est-elle saine, voire nécessaire à notre équilibre ?

Il faut faire attention avec cette affirmation, car cela dépend du stress auquel l'enfant est soumis.

Si les parents sont sécurisants, l'enfant va être confronté à des stress extérieurs lors de son entrée à l'école par exemple avec les notations, ou au sport avec la compétition, ce qui aura des effets très positifs sur la manière de gérer son stress une fois adulte. Des parents trop sécurisants ne rendent pas service à leur enfant, car ils ne le préparent pas à affronter cette sensation, très présente dans notre société.

En revanche, si les parents ou le milieu familial sont insécurisants (maltraitance, absences trop répétées, divorce violent...), les stress supplémentaires de la vie vont fragiliser encore d'avantage la personnalité de l'enfant au fur et à mesure qu'il grandit, de sorte qu'il sera incapable de gérer la moindre pression une fois adulte.

Ian Robertson évoque de "bons" et de "mauvais" stress. A quoi correspondent ces états d'un point de vue neurologique et comment distinguer l'un de l'autre ? Quels sont leurs impacts respectifs sur la vie de tous les jours  ?

Le "bon" stress est ressenti par les personnes qui ont un noyau psychologique solide, comme expliqué plus haut. Les situations de stress sont maîtrisées et leur procurent non seulement du plaisir mais les aident aussi à se surpasser, comme on peut l'observer chez les personnes pratiquant un sport extrême ou de haut niveau.

Le "mauvais" stress est en général ressenti par des personnes ayant un noyau psychologique moins solide, et se manifeste quand le sujet revit une situation traumatisante de son passé. La montée de stress est alors très désagréable, non maîtrisée et handicapante, freinant la capacité d'action.

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