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Enquête chez les accros du sexe en ligne : les sexcams
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Jouissez, vous êtes filmés...

Le récit détaillé de l'univers de ceux qu'on appelle désormais les "sexcaminternautes"... (Partie 1)

Christine De Villiers

Christine De Villiers

Christine De Villiers est journaliste et reporter.

Elle dirige les Editions Gérard de Villiers depuis 1998.

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Partie 2 : Enquête chez les accros du sexe en ligne :quand virtualité
ne rime pas avec passivité

J’ai joué le jeu. Jusqu’au bout. J’ai découvert l’univers surprenant des « sexcaminternautes». Au travers de sites spécialisés, comme de sites inattendus tels Facebook… En France, à l’exception de la thèse de fin d’études du Docteur Audrey Ramat sur le CYBERSEXE (décembre 2011), étudiante en médecine, futur psychiatre, aucune étude n'existe. Les psys sont démunis devant cet incroyable phénomène. L’INSEE n’a pas encore prévu d’études statistiques. Seuls les américains, et quelques chercheurs canadiens ont tenté de comprendre, en analysant, grâce aux rares données chiffrées communiquées, l’ampleur de ce qui peut être un véritable désastre psychologique.

Mais avec la webcam, le cybersexe prend une dimension nouvelle…Encore plus inquiétante peut être. La voici.

Pour tenter de comprendre, je me suis inscrite, et  suis allée surfer…ANONYMEMENT…Addiction ? Perversion ? Certains psychiatres vont jusqu’à dire que la « sexcam » est une drogue dangereuse, comparable à l’alcoolisme. Qu’ il faut envisager de soigner avec des antidépresseurs…Mais, les « addicts » de sexcam sont aujourd’hui si nombreux…Seuls les conjoints « victimes » consultent un jour un psychiatre…Ou directement un avocat, considérant qu’il s’agit là d’une conduite adultère, et demandant donc le divorce…Les statistiques américaines montrent que 35,9% des femmes qui découvrent un jour que leur conjoint pratique la « sexcam » se considèrent comme…trompées. Craignant même pour 23,6% d’entre elles la rencontre réelle…

Vrai ? Faux ? J’ai voulu connaître ces hommes, et parfois ces femmes, qui affichent « cash » cette sexualité complémentaire, ou totale, qu’ils vivent  derrière leur écran.

J’ai commencé par le site AdultFriendFinder, plus communément appelé AFF, américain, et affichant plus de 30 millions de membres inscrits dans le monde…

Maxfoudecam, c’est son pseudo, est âgé de 32 ans. Cadre au Crédit Agricole, vivant à Toulon, Max est un bon père de famille, marié. Lola, sa femme préfère depuis déjà 7 ans son oreiller et les feuilletons télévisés, aux ébats amoureux avec son mari…Max compense. Inscrit sur AFF, Max ne recherche que des rencontres sexuelles via la webcam de son pc…Sur AFF, il affiche la couleur : à la recherche de chats érotiques…Et dans son annonce, il précise, « Fou de cam »…C’est clair. Max me contacte. Et, avec insistance, me demande une adresse Skype ou MSN. Optons pour MSN.La cam est bien sûr sous entendue. Lorsque je clique, je crains le pire. Mais non. Max porte un t-shirt blanc, il est dans sa cuisine,  pc installé sur la table avec nappe à carreaux rouges et blancs. Il est 2 heures du matin… A côté de son ordi, un paquet de Corn Flakes, une bouteille de lait. Lola dort. Une fois de plus, elle préfère son oreiller. Max  ne cache pas sa situation….Toujours amoureux de sa femme, il ne cherche pas le réel. Sa cam lui suffit. Les relations qu’il entretient ainsi avec quelques femmes sont purement virtuelles. Il ne les verra jamais, ne les touchera jamais. La cam « C’est son moyen pour l’instant d’échapper à un quotidien sexuel d’une pauvreté désespérante »…

Max est jeune, en pleine forme…Le sexe lui manque cruellement au sein de son couple…Max recherche des complices prêtes à jouer le jeu. Elles existent. Mais, pour ce qui me concerne, je lui explique que « Ce n'est pas trop mon truc »…Max ne se formalise pas, et bavarde avec moi. Espérant tout de même qu’ à un moment ou à un autre, je me déciderai à accepter « une sexcam coquine »… Mais finalement, la discussion prend une tournure bon enfant. Max ce soir là est content de parler. Il s’occupe la nuit, ou lors des chaudes après midi du sud est. Pendant que Lola, comme d’habitude, préfère son oreiller… « Le jour où elle préfèrera s’occuper de ma queue… » Max ne prend pas de gants. La « sexcam » est la porte ouverte à tout, y compris aux confidences les plus folles. Surtout en pleine nuit. « Mais, tu prends déjà tes Corn Flakes ??? »…. »Non, c’est pour le cas où Lola surgirait…Je peux lui dire que j’ai une insomnie, mon ordi est en face de moi, je coupe aussitôt, elle ne verra rien… » Max tient à son couple. Mais l’envie de sexe est plus forte que tout. Et, lorsqu’elle l’envahit, le taraude au point de le réveiller en pleine nuit, il se connecte avec l’un de ses contacts, ou sur le site AFF. « J’ai trois ou quatre copines qui sont chaudes…Je me branle, et je les regarde se masturber…Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, mais pour l’instant, çà me va. Je leur montre ma queue, elles me regardent me branler et jouir devant elles, dans la cam , moi, je les regarde se masturber…Et je les entends gémir lorsqu’elles jouissent…C’est mieux que ce que j’ai chez moi… Car ici, c’est la misère… » Il sourit en disant cela, mais pour l’instant ne perd pas espoir…

La situation de Bob est totalement différente. Architecte naval dans une société installée à Monaco,  Bob est hollandais. Il vit seul à Nice, rentre chaque week end à Amsterdam…Mais recherche une « sexfriend » virtuelle pour occuper ses soirées de célibataire géographique. Bob ne parle que l’anglais, ou l’allemand. Pas facile de trouver dans le sud une partenaire, surtout virtuelle, avec laquelle il puisse communiquer…De plus, Bob est exigeant. Lui aussi utilise le site AFF, mais ne fait pas toutes ses rencontres sur le site. Arrivé à Nice en septembre 2011, il a d’abord entretenu une relation virtuelle avec une femme médecin de l’Hopital Princesse Grâce à Monaco, puis avec une avocate Corse. Bob adopte une autre technique, celle du mensonge. Laissant croire  qu’il est séparé de sa femme… Il n’a de relation sexuelle via la webcam que deux, voire trois fois avec la même partenaire. Bob représente l’homme marié classique qui ne cherche que le sexe même s’il tente de faire croire l’inverse

Bob est lui aussi fou de « sexcam ». Et ne s’en cache pas. A la différence qu’il fait croire qu’il souhaite une relation réelle…Faux. Avec deux autres profils, j’ai testé Bob. Non, Bob emploie toujours la même technique, utilise le même discours, et leurre les femmes pour qu’elles acceptent une sexcam avec lui. Bob adore se masturber devant une femme, derrière son écran. Avec lui, inutile d’engager la conversation. Il ne poursuit qu’un seul but : convaincre la femme qu’il « accroche » pour qu’elle finisse par se déshabiller au moins partiellement…Cela lui suffit pour jouir derrière son écran…Après un « Good night sweety », il file dans son lit…Il évacue ainsi la tension nerveuse que lui inflige sa situation de célibataire à Nice, et s’endort ensuite calmement. Bob représente le « classique danger »pour toute femme qui s’accrocherait à son discours mensonger…

Voici  Jean. Avec lui,  le scénario est très particulier…Jean est un véritable obsédé sexuel, médecin à Marseille. La sexcam lui permet d’assouvir ses besoins qui relèvent de soins psychiatriques…Jean se connecte quasiment entre chaque consultation pour se masturber devant l’un de ses trente contacts féminins…Jean a son rituel. Il se connecte sur MSN, ferme la porte de son cabinet à clé, décroche son téléphone pour ne pas être dérangé…A ce moment là, il baisse furtivement son pantalon, se masturbe et jouit en quelques secondes devant une partenaire dont il n’attend rien, si ce n’est qu’elle le regarde éjaculer, puis essuyer le sperme qui gicle sur son bureau….Après un vague « Au revoir, à la prochaine » , il disparaît…Et reprend ses consultations….Jean a 51 ans…Impossible avec lui d’engager la moindre conversation. Est-il marié ? Cherche-t-il autre chose…Que, juste une « sexcam ». Je n’en sais rien. J’ai assisté à plusieurs de ses rituels…Mais rien. Jean est la carricature du « sexcamaddict »…  

Mais, parfois, la « sexcam » réserve de bien tristes situations…Robert était gendarme, faisant partie d’un PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne), lorsqu’il eût à 28 ans ce tragique accident pour secourir des skieurs égarés en haute montagne, à Chamonix….Lorsque Robert me contacte, sur AFF, il m’explique qu’il est ancien militaire, et qu’aujourd’hui il s’occupe de handicapés…Jusque là…Rien de bien exceptionnel. Puis, après quelques mails courtois, ne tarissant pas d’éloges sur mon physique si « extraordinaire », et « qui lui plaît tellement »… « Vous êtes tellement belle…J’aimerais vous connaître mieux… »…Robert me demande une adresse MSN…Ou Skype…Il n’utilise pas le chat du site…Rendez-vous pris, lorsque je clique pour ouvrir ma webcam…La encore, tout semble bien normal…Trop normal…Robert me raconte sa vie de passionné de haute montagne, puis sa vie sentimentale, détruite par une femme qui l’avait ruiné quelques années auparavant…Il s'en remet difficilement…Mais souhaite se défaire de ce cauchemar…Oublier…Avec forces de détails, il me raconte tout, par le menu…La conversation dure près de 3 heures. Lorsque soudain, à ma grande surprise, alors qu’il précisait dans son profil qu’ il recherchait avant tout des « chats érotiques »…Il me demande si je souhaite le rencontrer…

Robert est bel homme, assis derrière son écran. Le regard bleu acier, les cheveux poivre et sel, un visage taillé à la serpe aux mâchoires bien carrées, un sourire carnassier…Je lui réponds « Why not… »…Lorsque soudain il me dit «  Je dois d’abord vous montrer quelque chose… » De quoi parle t il ? Il insiste. Dans la cam, il me semble soudain que son bras droit a changé de position…Non…Je me fais des films…Un militaire sait se tenir…J’observe d’un peu plus près. Décidément, rien d’anormal…Robert est tranquillement installé derrière son pc. Lorsque brutalement, il repousse son fauteuil roulant…Je découvre un Robert aux joues aussi rouge que mon fard à maquillage, son pantalon est baissé, son sexe en érection…Pendant qu'il me parlait, en m observant, Robert se masturbait…Il est sur le point de jouir, me le dit, son sexe est énorme, gonflé, il gémit qu'il a mal, « Je n ai pas baisé depuis plus de 2 ans…Je n’en peux plus…Je vais jouir… » …Je n’ai pas le temps de couper la cam, Robert a joui sur son pc… Des jets impressionnants, quatre me précise-t-il… « Vous avez vu…Grâce à vous…Vous me plaisez tellement »….La vie de Robert est d’une tristesse telle que je ne lui en veux même pas de ne m’avoir pas prévenue…Il est en extase. De son fauteuil roulant, et grâce à la « sexcam », Robert peut de temps à autres croiser une partenaire avec laquelle il parvient à se masturber…Et à jouir. C est sa seule vie sexuelle. Il ne peut plus en envisager une autre. « C’est mieux que n importe quel film érotique, porno, mieux qu’un magazine étalant de splendides créatures très légèrement vêtues… » C’est sa vie. Robert passe près de 7h par jour sur son pc….Il ne lui reste plus que çà…

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