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Energie : peut-on vivre sans le gaz russe ?

Repenser d’urgence notre politique énergétique

Ukraine : quels scénarios à partir de maintenant ?

Sommet de Versailles : l’unité de l’Europe l’emporte sur les lézardes

Ukraine, le Grand Jeu

Guerre en Ukraine : l'Allemagne ne peut pas se passer du gaz russe

Guerre en Ukraine : la crise énergétique peut-elle se transformer en bonne nouvelle pour le climat ?

La strat&eacute;gie &eacute;nerg&eacute;tique de la France, pr&eacute;sent&eacute;e par Emmanuel Macron voici quelques semaines, &eacute;tait une strat&eacute;gie &agrave; moyen terme voire &agrave; long terme. Construire 6 ou 12 EPR entre 2035 et 2045, alors que le pr&eacute;sident actuel aura quitt&eacute; ses fonctions depuis longtemps, est une strat&eacute;gie que nous avons &eacute;t&eacute; nombreux &agrave; critiquer mais qui entre dans le cadre des sc&eacute;narios envisag&eacute;s, tant par RTE que par l&rsquo;Ademe.
Sauf que cette strat&eacute;gie n&rsquo;a aucun int&eacute;r&ecirc;t dans l&rsquo;imm&eacute;diat. Sans parler du risque nucl&eacute;aire, civil et militaire, qui revient comme un boomerang dans l&rsquo;actualit&eacute;, ce projet &agrave; moyen terme ne permet nullement de r&eacute;pondre &agrave; nos probl&egrave;mes actuels : la hausse massive du prix de l&rsquo;&eacute;nergie, la rar&eacute;faction du gaz et la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;rer massivement notre autonomie &eacute;nerg&eacute;tique, tant &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle fran&ccedil;aise qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;chelle europ&eacute;enne. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs ce que propose M. Timmermans, vice-pr&eacute;sident de la commission europ&eacute;enne, en pr&eacute;sentant une nouvelle orientation europ&eacute;enne vers une massification accrue du recours au renouvelable. De mani&egrave;re plus limit&eacute;e, la directrice g&eacute;n&eacute;rale d&rsquo;Engie, dans son interview aux &Eacute;chos du 6 mars, propose une acc&eacute;l&eacute;ration de l&rsquo;utilisation du Biogaz. Il est &eacute;videmment beaucoup trop t&ocirc;t pour savoir ce que sera notre situation &agrave; l&rsquo;automne prochain mais la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;assurer notre ind&eacute;pendance par rapport au gaz russe, comme de r&eacute;pondre &agrave; la hausse massive des co&ucirc;ts de l&rsquo;&eacute;nergie, demeurera.
Dans ces conditions, le sujet n&rsquo;est pas de construire de nouveaux r&eacute;acteurs nucl&eacute;aires ; il est avant tout d&rsquo;investir dans la s&eacute;curisation de centrales existantes pour permettre leur fonctionnement. C&rsquo;est la seule urgence car la mise &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t d&rsquo;un tiers de notre parc est une tr&egrave;s grande fragilit&eacute; de notre approvisionnement en &eacute;lectricit&eacute;.
Ind&eacute;pendamment du nucl&eacute;aire, deux politiques doivent &ecirc;tre mises en &oelig;uvre imm&eacute;diatement.
La premi&egrave;re, calqu&eacute;e sur ce qui avait &eacute;t&eacute; fait en 1973 et sur ce que le Japon avait mis en place apr&egrave;s Fukushima, est une politique massive de sobri&eacute;t&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique. Il ne s&rsquo;agit pas de proposer de faire attention &agrave; notre consommation, comme l&rsquo;a fait r&eacute;cemment Bruno Le Maire, mais bien de la r&eacute;duire par des mesures r&eacute;glementaires : suppression de l&rsquo;&eacute;clairage des vitrines la nuit, de l&rsquo;&eacute;clairage de jour, baisse du chauffage &agrave; 19&deg; voire 18&deg;... Un certain nombre de mesures mises en place au Japon pourraient aussi &ecirc;tre envisag&eacute;es. Citons par exemple la division par deux de l&rsquo;usage des ascenseurs et escalators, la suppression de l&rsquo;&eacute;clairage le jour ou encore la r&eacute;organisation de la production des industries &eacute;lectro-intensives. Certes, de telles mesures sont peu populaires en p&eacute;riode &eacute;lectorale mais le blocage du pays le serait encore moins.
La seconde politique est un train de mesures sans pr&eacute;c&eacute;dent pour favoriser les &eacute;nergies renouvelables. Tous les blocages qui ont &eacute;t&eacute; syst&eacute;matiquement mis en &oelig;uvre pour essayer de r&eacute;duire leur essor devraient &ecirc;tre supprim&eacute;s sans d&eacute;lai ; l&rsquo;autoconsommation collective, qui se heurte &agrave; des r&egrave;gles de p&eacute;rim&egrave;tre tr&egrave;s r&eacute;duites (2km), devrait devenir la norme pour permettre &agrave; nos territoires d&rsquo;acqu&eacute;rir leur autonomie &eacute;nerg&eacute;tique ; le d&eacute;cret sur les communaut&eacute;s locales d&rsquo;&eacute;nergie, qui est toujours bloqu&eacute; au minist&egrave;re, devrait &ecirc;tre une priorit&eacute; pour permettre pr&eacute;cis&eacute;ment la mise en place de ces outils extr&ecirc;mement efficaces. Un syst&egrave;me de tiers payant, &agrave; l&rsquo;instar de ce qui a &eacute;t&eacute; fait en Allemagne avec la banque des territoires ; pourrait &ecirc;tre mis en place par la Caisse des d&eacute;p&ocirc;ts pour assurer le financement des installations. Ainsi, nous r&eacute;pondrions non seulement &agrave; une urgence &eacute;nerg&eacute;tique mais aussi &agrave; l&rsquo;urgence &eacute;cologique et &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de r&eacute; industrialiser nos territoires et d&rsquo;acqu&eacute;rir notre autonomie.
Par Corinne Lepage, ancienne ministre, avocate

Mesures vitales

Repenser d’urgence notre politique énergétique Emmanuel Macron environnement décisions réformes promesses solutions mesures Corinne Lepage

Atlantico : Selon <a href="https://twitter.com/PhillipsPOBrien/status/1501827386861658113?cxt=HHwWgoC9vaSDyNcpAAAA" target="_blank" rel="noopener">votre analyse</a>, quels sont les <a href="https://www.wsj.com/articles/the-wests-challenge-helping-ukraine-without-firing-on-russians-11646834311" target="_blank" rel="noopener">sc&eacute;narios possibles</a> &agrave; attendre de la guerre en Ukraine ?
Phillips P. O'Brien : Ce que je n'arrive pas &agrave; voir, c'est &agrave; quoi ressemblerait une victoire russe. Je ne sais plus ce que c'est. Le plan de victoire initial pour la Russie &eacute;tait de prendre toute l'Ukraine. L'arm&eacute;e qu'ils ont actuellement n'en est pas capable. Ils ne peuvent pas. L'arm&eacute;e n'est pas aussi forte que pr&eacute;vue et est trop petite. Elle a des probl&egrave;mes fondamentaux sur sa puissance a&eacute;rienne ainsi que des blocages logistiques. Elle va bient&ocirc;t atteindre un &eacute;tat d'&eacute;puisement. Elle peut probablement tenir encore deux semaines, peut-&ecirc;tre un mois maximum. Mais ils ne peuvent pas continuer ind&eacute;finiment avec ces troupes. Elles auront besoin de repos &agrave; un moment donn&eacute;. Je ne pense m&ecirc;me pas qu'ils aient ce qu'il faut pour prendre des villes, l'arm&eacute;e n'est pas vraiment &eacute;quip&eacute;e pour le combat urbain. Elle pourrait encercler les villes et les faire sauter. L'arm&eacute;e russe est tr&egrave;s dou&eacute;e pour faire exploser des choses. Mais traduire les explosions en une victoire politique et un contr&ocirc;le de l'Ukraine est presque contre-productif. Les Ukrainiens ont montr&eacute; qu'ils avaient une identit&eacute; nationale tr&egrave;s forte. Alors comment vont-ils y faire face ? Surtout si leur &eacute;conomie est en train de s'effondrer. Je ne vois pas de victoire plausible. Prendre Kiev n'est pas une victoire &agrave; ce stade.
Vous <a href="https://twitter.com/phillipspobrien/status/1500740225831735296?s=21" target="_blank" rel="noopener">avez mentionn&eacute; sur Twitter</a> "Un changement int&eacute;ressant et notable au cours de la derni&egrave;re journ&eacute;e dans les communications publiques de Zelensky et du secr&eacute;taire ukrainien &agrave; la D&eacute;fense. On parle de victoire dans un sens plus imminent." La victoire ukrainienne est-elle un sc&eacute;nario plausible ? A quoi ressemble une victoire ukrainienne ?
Cela d&eacute;pend de ce que vous entendez par victoire. Je ne suis pas un expert de Zelensky, mais je pense que lui et son gouvernement ont conclu que cette arm&eacute;e russe ne va pas &ecirc;tre capable de conqu&eacute;rir l'Ukraine. Elle n'est tout simplement pas assez forte pour le faire, elle a subi trop de pertes. Mais elle peut encore faire beaucoup de d&eacute;g&acirc;ts. Et les Ukrainiens n'ont pas aussi peur qu'ils le pourraient. L'arm&eacute;e russe ne les effraie pas comme elle aurait pu le faire il y a deux semaines. Alors &eacute;videmment, ils font aussi cela pour que leur population garde le moral, mais le discours a &eacute;galement chang&eacute;. Et les Ukrainiens n'en ont pas aussi peur qu'ils auraient pu l'&ecirc;tre. L'arm&eacute;e russe ne les effraie pas comme elle aurait pu le faire il y a deux semaines. Alors &eacute;videmment, ils apparaissent pour que leur population garde le moral, mais le discours a &eacute;galement chang&eacute;. Il y a quelques jours, ils r&eacute;p&eacute;taient "nous avons besoin de l'aide occidentale, nous sommes brutalis&eacute;s, massacr&eacute;s". Si vous croyez r&eacute;ellement que vous avez toujours besoin d'une zone d'exclusion a&eacute;rienne parce que vous vous faites massacrer, vous n'insisteriez pas sur le fait qu'un tournant a &eacute;t&eacute; pris et que la victoire est &agrave; port&eacute;e de main. Vous ne vous moqueriez pas des Russes et ne les insulteriez pas, comme l'a fait le ministre ukrainien de la d&eacute;fense jeudi, en d&eacute;clarant que "l'Ukraine acceptera la capitulation russe avec compr&eacute;hension".
Une issue n&eacute;goci&eacute;e de ce conflit, avec un compromis acceptable entre l'Ukraine et la Russie, est-elle possible ? Quand cela pourrait-il se produire ?
Je pense que oui. Tout est une question de volont&eacute; de compromis. Dans quelle mesure la Russie acceptera-t-elle d'att&eacute;nuer son d&eacute;sir de s'approprier la Crim&eacute;e ? La Russie fera-t-elle marche arri&egrave;re, ce qui serait tr&egrave;s difficile pour Poutine ? Et l'Ukraine accepte certaines concessions, disons de ne pas rejoindre l'OTAN. On peut imaginer des accords, mais il faudrait que les deux gouvernements changent certaines opinions qui sont pour l'heure bien arr&ecirc;t&eacute;es. Je ne sais pas quand cela pourrait se produire, mais si la Russie devient inefficace au combat, ils devront conclure un accord assez rapidement. Cela d&eacute;pend donc de l'efficacit&eacute; de la Russie au combat.
Vous avez &eacute;galement d&eacute;clar&eacute; que "Si Poutine est incapable de remporter une victoire militaire conventionnelle, nous entrerons dans une p&eacute;riode tr&egrave;s dangereuse o&ugrave; diff&eacute;rentes options (plus probablement chimiques et biologiques que nucl&eacute;aires) seront s&eacute;rieusement envisag&eacute;es." Dans quelle mesure ce sc&eacute;nario est-il plausible ?
Je suis sceptique quant &agrave; l'utilisation d'armes nucl&eacute;aires, je ne pense pas que les Russes le feront. En tout cas, ils ne le feront pas si l'OTAN n'entre pas en Ukraine. Si l'OTAN n'entre pas en Ukraine, cela signifie qu'ils doivent effectuer une premi&egrave;re frappe nucl&eacute;aire sur l'Ukraine. Cela correspond th&eacute;oriquement &agrave; leur doctrine, car les Russes ont une premi&egrave;re frappe tactique, mais je pense que ce serait un signe d'&eacute;chec absolu. Cela signifie &eacute;galement qu'ils irradient une zone o&ugrave; se trouve leur propre arm&eacute;e. Ce qui serait plus logique, m&ecirc;me si c'est encore tr&egrave;s fou, serait de recourir &agrave; des armes biologiques. Ils affirment avoir trouv&eacute; en Ukraine des laboratoires o&ugrave; les &Eacute;tats-Unis fabriquent des armes biologiques et chimiques avec des Ukrainiens. Ils pourraient les utiliser pour tuer les populations et prendre les villes. Parce qu'il ne veut pas perdre la face, Poutine pourrait faire quelque chose de stupide. Je ne pense m&ecirc;me pas que cela les m&egrave;ne &agrave; une forme de victoire.
Les Russes demandent &agrave; des volontaires de venir du Moyen-Orient et &eacute;ventuellement le soutien des troupes de Bi&eacute;lorussie. Cela pourrait-il changer l'issue de la guerre ? 
 
Ils demandent des volontaires de Syrie, et je pense que c'est la preuve qu'ils sont d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;s. Ces gens n'ont jamais combattu avec l'arm&eacute;e russe, ils ne connaissent rien de leur doctrine militaire, de la guerre avec des blind&eacute;s lourds dans un contexte europ&eacute;en. Donc, je ne suis pas s&ucirc;r de leur utilit&eacute;. Mais s'ils les utilisent, c'est le signe qu'ils ont de gros probl&egrave;mes et qu'ils craignent d'envoyer davantage de soldats russes &agrave; cause de l'opinion publique.
La situation est un peu diff&eacute;rente pour la Bi&eacute;lorussie, c'est une arm&eacute;e de conscription. Et l'opinion publique est tr&egrave;s anti-Lukashenko depuis un certain temps, y compris dans l'arm&eacute;e. Il est donc dangereux d'envoyer au combat une arm&eacute;e qui n'aime pas ses dirigeants. C'est probablement la raison pour laquelle la Bi&eacute;lorussie se retient. Ils ne font pas confiance &agrave; leur propre arm&eacute;e. Je ne sais pas si envoyer l'arm&eacute;e bi&eacute;lorusse aiderait beaucoup les Russes.
Quelle est l'importance de l'aide des pays occidentaux pour que l'Ukraine gagne ? De quoi les Ukrainiens ont-ils besoin de leur part ? La victoire est-elle possible sans eux ?
Je pense que ce dont ils ont besoin, c'est ce pour quoi ils ont prouv&eacute; qu'ils &eacute;taient tr&egrave;s bons : des missiles sol-air pour &eacute;liminer les avions russes, des armes antichars, des armes antiv&eacute;hicules et beaucoup de drones. Ils ont &eacute;galement besoin de munitions et de nourriture pour continuer &agrave; fonctionner. Mais les Ukrainiens ont montr&eacute; qu'ils &eacute;taient tr&egrave;s efficaces avec ces syst&egrave;mes d'armes, c'est pourquoi je leur donnerais la priorit&eacute;. La question de la puissance a&eacute;rienne est, je pense, la plus surprenante. Tout le monde pensait que les Russes prendraient tout de suite la domination a&eacute;rienne. Les &Eacute;tats-Unis l'auraient fait en 3 heures, les Britanniques et les Fran&ccedil;ais, en un jour. Nous en sommes maintenant &agrave; deux semaines, et les Russes perdent encore beaucoup d'avions. Parce qu'ils ne sont pas si bons que cela avec. Nous avons regard&eacute; leurs armes et pens&eacute; qu'ils savaient s'en servir. Avoir de bonnes armes n'est pas pertinent si vous n'avez pas un syst&egrave;me pour la soutenir, pour g&eacute;rer toutes les op&eacute;rations complexes en m&ecirc;me temps. Les Russes ne l'ont pas.
Il y a de lourdes sanctions en cours &agrave; l'encontre de la Russie. Mais que se passerait-il si l'Occident d&eacute;cidait un boycott total, en particulier sur le p&eacute;trole et les produits p&eacute;troliers, cela ferait-il tomber la Russie ? Pourraient-ils riposter d'une mani&egrave;re ou d'une autre ?
La Russie va d&eacute;j&agrave; &ecirc;tre en faillite dans quelques semaines. Sa seule bou&eacute;e de sauvetage est sa possibilit&eacute; de vendre du p&eacute;trole en monnaie europ&eacute;enne. Le rouble n'a aucune valeur, ils l'admettent presque eux-m&ecirc;mes. Si l'Europe et les &Eacute;tats-Unis cessent d'acheter du p&eacute;trole, le seul endroit o&ugrave; la Russie peut le vendre est la Chine. Mais cela impliquerait que le prix du p&eacute;trole s'envole &agrave; l'Ouest.
Comment analysez-vous la position de la Chine depuis le d&eacute;but du conflit ? A-t-elle &eacute;volu&eacute; ? La Chine pourrait-elle cesser de soutenir la Russie ?
Avant l'invasion, ils &eacute;taient plut&ocirc;t favorables &agrave; la Russie. Je ne sais pas s'ils ont approuv&eacute; l'invasion, mais ils semblaient certainement savoir que c'&eacute;tait une possibilit&eacute; et &eacute;taient d'accord avec cela. Le probl&egrave;me, c'est que deux choses se sont produites : une r&eacute;action internationale beaucoup plus dure que quiconque l'avait pr&eacute;vu, qui a fait de la Russie un paria, et les performances m&eacute;diocres de l'arm&eacute;e russe. Voulez-vous &ecirc;tre associ&eacute; &agrave; un paria qui ne sait pas se battre ? Ce que nous voyons maintenant, c'est que les Chinois disent "nous voulons que cela cesse".

Offensive militaire

Ukraine : quels scénarios à partir de maintenant ? Russie Vladimir Poutine Volodymyr Zelensky guerre paix diplomatie négociations Kiev Moscou Phillips P. O'Brien

Atlantico : &laquo; Rien n&rsquo;est interdit, rien n&rsquo;est tabou.&raquo; a d&eacute;clar&eacute; Emmanuel Macron. Les chefs d&rsquo;&Eacute;tat et de gouvernement &eacute;taient r&eacute;unis pour un sommet informel au ch&acirc;teau de Versailles pour &eacute;voquer la situation en Ukraine et ils ont &eacute;voqu&eacute; la menace de nouvelles &laquo;sanctions massives&raquo; contre la Russie de la part de l&rsquo;UE. N&eacute;anmoins aucune mesure concr&egrave;te ne semble avoir &eacute;t&eacute; prise et les points de d&eacute;saccords, sur la position &agrave; avoir dans l&rsquo;imm&eacute;diat concernant le gaz russe ou sur la question d&rsquo;un emprunt, eux persistent. L&rsquo;Unit&eacute; europ&eacute;enne affich&eacute;e depuis le d&eacute;but de la guerre en Ukraine est-elle en train de se fissurer face &agrave; ces d&eacute;cisions concr&egrave;tes ?
Dimitri Oudin&nbsp;: L&rsquo;opposition europ&eacute;enne &agrave; la guerre russe en Ukraine a certes rev&ecirc;tu de nombreux aspects symboliques : condamnations officielles et unanimes par les dirigeants des Etats-membres, pavoisement du drapeau ukrainien aux c&ocirc;t&eacute;s du drapeau europ&eacute;en,&nbsp; grandes manifestations populaires en soutien &agrave; l&rsquo;Ukraine.
Mais il serait profond&eacute;ment injuste de r&eacute;duire cette unit&eacute; europ&eacute;enne &agrave; une unit&eacute; de fa&ccedil;ade. D&eacute;j&agrave; parce que l&rsquo;Union Europ&eacute;enne n&rsquo;a pas attendu l&rsquo;invasion russe pour soutenir l&rsquo;Ukraine, que ce soit au travers d&rsquo;un soutien financier de pr&egrave;s de 20 milliards d&rsquo;euros depuis 2014, ou en participant activement &agrave; presque tous les formats de discussion multilat&eacute;rale pour trouver une&nbsp; solution diplomatique.&nbsp; 
Mais aussi, et surtout, parce que depuis le d&eacute;but de cette invasion, le processus de coop&eacute;ration et d&rsquo;int&eacute;gration s&rsquo;est acc&eacute;l&eacute;r&eacute; &agrave; une vitesse rarement vue dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;Union Europ&eacute;enne.&nbsp;&nbsp; En &agrave; peine deux semaines, et avant m&ecirc;me le Sommet de Versailles, l&rsquo;UE et ses Etats-membres ont boucl&eacute; &agrave; l&rsquo;encontre de la Russie plusieurs paquets de sanctions d&rsquo;une ampleur in&eacute;dite : exclusion de banques du syst&egrave;me SWIFT, suspension de la diffusion en Europe des m&eacute;dias pro-gouvernement russes Sputnik et Russia Today, interdiction du survol de l&rsquo;espace a&eacute;rien de l&rsquo;UE, sanctions &eacute;conomiques et financi&egrave;res lourdes.&nbsp; Sans oublier un soutien actif &agrave; l&rsquo;Ukraine, par l&rsquo;envoi de mat&eacute;riel et d&rsquo;&eacute;quipement militaires.
Si le Sommet de Versailles a vu appara&icirc;tre, en filigrane, quelques dissensions, elles semblent assez mineures par rapport &agrave; l&rsquo;incroyable bond en avant r&eacute;alis&eacute; ces deux derni&egrave;res semaines. Et n&rsquo;ont pas emp&ecirc;ch&eacute;, au passage, l&rsquo;annonce d&rsquo;un 4&egrave;me paquet de sanctions &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la Russie et de son alli&eacute;e b&eacute;larusse.&nbsp; 
Quelle est l'ampleur des d&eacute;saccords ?
Sur le plan proc&eacute;dural, les pays d&rsquo;Europe de l&rsquo;Est souhaiteraient une adh&eacute;sion acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e de l&rsquo;Ukraine &agrave; l&rsquo;Union Europ&eacute;enne, ce qui constituerait une symbolique forte, mais pourrait aussi avoir des cons&eacute;quences op&eacute;rationnelles importantes sur l&rsquo;engagement des Etats-membres dans un conflit avec la Russie. Or, les pays d&rsquo;Europe &laquo; de l&rsquo;Ouest &raquo;, dont la France, sont plus r&eacute;ticents &agrave; mettre en &oelig;uvre un r&eacute;gime d&rsquo;exception quant &agrave; la proc&eacute;dure d&rsquo;adh&eacute;sion. Par crainte, aussi,&nbsp; de cr&eacute;er une jurisprudence alors que les crit&egrave;res d&rsquo;adh&eacute;sion sont forc&eacute;ment longs &agrave; r&eacute;aliser, que ce soit sur les plans politique, juridique ou &eacute;conomique.
Sur le plan &eacute;nerg&eacute;tique, les Etats ne sont pas tous tout &agrave; fait d&rsquo;accord sur les orientations &agrave; mener en termes de transition, dont un nouveau plan a &eacute;t&eacute; discut&eacute;. En filigrane appara&icirc;t la d&eacute;pendance de certains pays &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la Russie dans ce domaine, au premier rang desquels l&rsquo;Allemagne. Or comme l&rsquo;a rappel&eacute; paradoxalement la Premi&egrave;re Ministre finlandaise Sanna MARIN &agrave; l&rsquo;occasion de ce Sommet, les Europ&eacute;ens financent indirectement cette guerre en achetant aux Russes du gaz et du p&eacute;trole.
Enfin la question du financement des cons&eacute;quences &eacute;conomiques de cette crise n&rsquo;a pas-encore- &eacute;t&eacute; lev&eacute;e, l&agrave; o&ugrave; la France d&eacute;fend le principe d&rsquo;un plan de relance, sur le mod&egrave;le de celui qui a &eacute;t&eacute; lanc&eacute; apr&egrave;s le premier confinement d&ucirc; &agrave; la COVID-19.
Faut-il s&rsquo;attendre &agrave; ce que ces d&eacute;saccords s&rsquo;approfondissent avec le temps ou faut-il croire que l&rsquo;achoppement et les d&eacute;saccords sont susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre lev&eacute;s ?
La r&eacute;action des Etats europ&eacute;ens face &agrave; l&rsquo;agression dont a &eacute;t&eacute; victime l&rsquo;Ukraine a &eacute;t&eacute; formidable. Son ampleur a &eacute;t&eacute; inattendue. En d&eacute;pit, d&rsquo;ailleurs, des cons&eacute;quences &eacute;conomiques et politiques qui se profilent. S&ucirc;rement parce que les dirigeants ont compris que cette guerre relevait in fine&nbsp; d&rsquo;une menace existentielle contre l&rsquo;Europe elle-m&ecirc;me.
Tout l&rsquo;enjeu qui se pose aujourd&rsquo;hui&nbsp; consiste &agrave; passer d&rsquo;une r&eacute;action sur le court-terme (sanctions contre la Russie et soutien mat&eacute;riel &agrave; l&rsquo;Ukraine), &agrave; une r&eacute;forme syst&eacute;mique permettant aux Etats europ&eacute;ens d&rsquo;assurer leur ind&eacute;pendance &eacute;nerg&eacute;tique et alimentaire, ainsi qu&rsquo;&agrave; renforcer leur capacit&eacute; de d&eacute;fense vis-&agrave;-vis de la Russie. Il y a de fortes raisons d&rsquo;esp&eacute;rer que l&rsquo;Union Europ&eacute;enne et ses Etats-membres soient en mesure de relever ce d&eacute;fi.
Enfin, s&rsquo;agissant de l&rsquo;adh&eacute;sion ukrainienne &agrave; l&rsquo;Union Europ&eacute;enne, le Sommet de Versailles a malgr&eacute; tout &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion de statuer que l&rsquo;Ukraine appartient bien &agrave; la famille europ&eacute;enne. Cela reste un message symbolique fort, et un signe positif important pour d&rsquo;autres pays menac&eacute;s par l&rsquo;expansionnisme de Vladimir POUTINE, comme la G&eacute;orgie et la Moldavie.&nbsp; 
Malgr&eacute; ces d&eacute;saccords actuels, est-il possible que la situation augure d&rsquo;un moment europ&eacute;en durable ?
Je crois qu&rsquo;il faut insister sur la R&eacute;volution copernicienne qui est en train de se jouer actuellement en Europe, o&ugrave; de nombreux paradigmes sont en train d&rsquo;&ecirc;tre remis en question pour une plus grande coop&eacute;ration, et une int&eacute;gration europ&eacute;enne plus approfondie.
A titre d&rsquo;exemple, l&rsquo;Allemagne a annonc&eacute; un plan de financement de son arm&eacute;e &agrave; hauteur de 100 milliards d&rsquo;euros. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre Mondiale, et un signe que la France n&rsquo;assumera peut-&ecirc;tre plus aussi asym&eacute;triquement les efforts de D&eacute;fense parmi les pays europ&eacute;ens.
Sur le plan de la d&eacute;pendance &eacute;nerg&eacute;tique, l&rsquo;Allemagne est certes pour le moment r&eacute;ticente &agrave; se couper totalement de l&rsquo;approvisionnement russe, mais a quasiment enterr&eacute;&nbsp; le projet Nord Stream 2. Mieux : au vu des derniers sondages, l&rsquo;opinion publique allemande se montre plut&ocirc;t favorable &agrave; un boycott complet des hydrocarbures russes. Ce qui signifierait une plus grande acceptabilit&eacute; sociale de ses cons&eacute;quences si la d&eacute;cision venait &agrave; &ecirc;tre prise.
Autrement dit, cette crise laisse entrevoir l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une Europe plus forte, plus protectrice et plus unie.

Chemin de la paix

Sommet de Versailles : l’unité de l’Europe l’emporte sur les lézardes dirigeants paix guerre en Ukraine Emmanuel Macron France Olaf Scholz Allemagne Russie Moscou OTAN Moldavie Géorgie Vladimir Poutine Volodymyr Zelensky Dimitri Oudin

Quel que soit le r&egrave;glement de la crise, une chose est s&ucirc;re. La Russie en sera la grande perdante. Elle a dilapid&eacute; son prestige diplomatique, ruin&eacute; sa r&eacute;putation militaire et ob&eacute;r&eacute; ses finances. Elle d&eacute;pens&eacute; un capital mat&eacute;riel et moral qu&rsquo;elle ne pourra reconstituer qu&rsquo;au prix d&rsquo;un effort soutenu de longues ann&eacute;es durant. En attirant les projecteurs, elle s&rsquo;est paradoxalement mise en marge du jeu international. Sans doute parviendra-t-elle &agrave; &eacute;viter l&rsquo;effondrement, mais gu&egrave;re plus. Son march&eacute; int&eacute;rieur de lui permet pas de viser l&rsquo;autarcie et le partenaire chinois est trop exigeant et soucieux de ses propres int&eacute;r&ecirc;ts pour qu&rsquo;il ne soit pas tr&egrave;s dangereux pour Moscou de s&rsquo;en remettre &agrave; lui. La formule de l&rsquo;autoritarisme russe reposant sur la collusion entre l&rsquo;administration, l&rsquo;arm&eacute;e et les oligarques autour du pr&eacute;sident Poutine sort tr&egrave;s fragilis&eacute;e de la crise. Les oligarques craignent pour leurs capitaux. La hi&eacute;rarchie militaire, elle, doit difficilement supporter d&rsquo;assumer vis-&agrave;-vis de la nation la responsabilit&eacute; de pertes militaires caus&eacute;es par une guerre qu&rsquo;elle n&rsquo;&eacute;tait pas pr&ecirc;te &agrave; mener.&nbsp;
A l&rsquo;ext&eacute;rieur, l&rsquo;Europe a enfin compris la n&eacute;cessit&eacute; de s&rsquo;affranchir du gaz russe et de r&eacute;armer. En amoindrissant ses d&eacute;pendances et en r&eacute;&eacute;quilibrant les forces, elle compromettrait &agrave; terme les deux leviers structurels de l&rsquo;influence russe : la pression &eacute;nerg&eacute;tique et la menace militaire. Durablement marginalis&eacute;e, la Russie s&rsquo;est expos&eacute;e &agrave; ne plus &ecirc;tre ni une menace vitale, ni un partenaire fiable. Les quelques territoires et leur population qu&rsquo;elle devrait annexer en Ukraine n&rsquo;y changent rien. Eject&eacute;e d&rsquo;Europe, elle reste &agrave; la porte de l&rsquo;Asie. Elle se retrouve dans le pi&egrave;ge g&eacute;opolitique qu&rsquo;elle devait et voulait &agrave; tout prix &eacute;viter, la marginalisation.&nbsp;
El&eacute;ment perturbateur, le Kremlin a perdu la capacit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre un moteur. L&rsquo;Europe ne sera pas sous influence russe. Parviendra-t-elle pour autant &agrave; reprendre son destin en main ? Tout d&eacute;pendra des orientations donn&eacute;es &agrave; l&rsquo;OTAN et &agrave; l&rsquo;UE et des r&eacute;sultats de la partie engag&eacute;e entre les Anglo-Saxons, la France et l&rsquo;Allemagne.&nbsp;
L&rsquo;OTAN &eacute;tait moribonde il y a quelques mois. Le pr&eacute;sident Macron pouvait m&ecirc;me la d&eacute;clarer publiquement en &eacute;tat de &laquo; mort c&eacute;r&eacute;brale &raquo;. Instrument de contr&ocirc;le politique et principal outil d&rsquo;exportation du complexe militaro-industriel am&eacute;ricain, son avenir semblait compromis. Par son agression inconsid&eacute;r&eacute;e, Vladimir Poutine l&rsquo;a relanc&eacute;e pour vingt ans. Malgr&eacute; ses faiblesses et ses d&eacute;fauts, elle a &eacute;t&eacute; le rempart de l&rsquo;Europe. Voici qui r&egrave;gle au moins pour de bon les &eacute;tats d&rsquo;&acirc;me fran&ccedil;ais. Les nations europ&eacute;ennes n&rsquo;accepteront aucun projet de D&eacute;fense d&eacute;connect&eacute; de l&rsquo;Alliance. L&rsquo;id&eacute;e caress&eacute;e par certains de voir Paris en quitter le commandement int&eacute;gr&eacute; et prendre ses distances n&rsquo;augmenterait pas sa libert&eacute; de man&oelig;uvre mais l&rsquo;isolerait en Europe, ruinant sa politique d&rsquo;influence.&nbsp;
L&rsquo;OTAN a retrouv&eacute; un r&ocirc;le pivot dans la s&eacute;curit&eacute; collective europ&eacute;enne. Les Etats-Unis chercheront logiquement &agrave; en profiter pour r&eacute;affirmer leur protectorat de fait. Ils disposent d&rsquo;une opportunit&eacute; unique. L&rsquo;augmentation annonc&eacute;e des cr&eacute;dits militaires europ&eacute;ens suscite espoirs et convoitise, notamment les 100 milliards d&rsquo;euros annonc&eacute;s par l&rsquo;Allemagne. Washington cherchera &agrave; troquer sa garantie militaire contre des achats de mat&eacute;riel. La base industrielle et technologique de D&eacute;fense et l&rsquo;autonomie europ&eacute;enne &agrave; long terme seraient sacrifi&eacute;s &agrave; l&rsquo;illusion d&rsquo;une s&eacute;curit&eacute; &agrave; court terme. Les choix de Berlin, notamment, p&egrave;seront lourd dans la balance.&nbsp;
Un acteur autre significatif est le Royaume-Uni. Alli&eacute; privil&eacute;gi&eacute; des Etats-Unis, sur lesquels il n&rsquo;h&eacute;site que rarement &agrave; s&rsquo;aligner, il dirige par ailleurs la Joint Expeditionary Force (JEF) qui regroupe les Pays-Bas, les Etats baltes, et les nations scandinaves. L&rsquo;affirmation d&rsquo;une communaut&eacute; de vue et de destin strat&eacute;gique entre les membres de l&rsquo;UE lui ferait craindre de se trouver isol&eacute; au sein de l&rsquo;OTAN entre les blocs am&eacute;ricain et europ&eacute;en et de voir le JEF progressivement d&eacute;laiss&eacute;. Downing Street fera probablement tout son possible pour saper en sous-main les efforts de la France en faveur d&rsquo;une D&eacute;fense europ&eacute;enne cr&eacute;dible. Cela &eacute;tant, il serait inimaginable, &agrave; terme, de ne pas y associer d&rsquo;une mani&egrave;re ou d&rsquo;une autre la Grande-Bretagne.&nbsp;
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Il n&rsquo;est pourtant pas impossible que Paris arrive &agrave; imposer sa vision. Si l&rsquo;OTAN a prouv&eacute; son utilit&eacute;, les capitales europ&eacute;ennes ont bien vu qu&rsquo;en laisser la direction aux Etats-Unis avait contribu&eacute; &agrave; accro&icirc;tre les risques et l&rsquo;instabilit&eacute; sur leur continent. Un r&eacute;&eacute;quilibrage s&rsquo;impose. Il implique une Europe forte. La &laquo; boussole strat&eacute;gique &raquo; europ&eacute;enne pourrait favoriser les mutualisations diplomatiques et militaires sur les int&eacute;r&ecirc;ts fondamentaux partag&eacute;s par les nations de l&rsquo;Union. Celle-ci deviendrait enfin le catalyseur de puissance qu&rsquo;elle n&rsquo;a pas su &ecirc;tre jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent. Son mod&egrave;le unique permettrait aux nations membres de rivaliser ensemble avec les Etats-continents, tout en pr&eacute;servant le mod&egrave;le de souverainet&eacute; nationale indispensable &agrave; l&rsquo;exercice de la d&eacute;mocratie.&nbsp;
L&rsquo;int&eacute;gration dans un empire am&eacute;ricain qui ne dit pas son nom est incompatible avec nos int&eacute;r&ecirc;ts et nos valeurs. En revanche, une relation transatlantique r&eacute;nov&eacute;e serait non seulement b&eacute;n&eacute;fique aux deux parties mais renforcerait le mod&egrave;le d&eacute;mocratique, aujourd&rsquo;hui contest&eacute;. Car ce qui est en jeu, c&rsquo;est aussi une certaine id&eacute;e de la libert&eacute; et de la dignit&eacute; de l&rsquo;homme. Malgr&eacute; leurs r&eacute;ticences &agrave; l&rsquo;admettre, les Am&eacute;ricains pourraient d&eacute;couvrir les avantages qu&rsquo;il y a &agrave; se reposer sur des alli&eacute;s fiables et forts plut&ocirc;t que sur des vassaux faibles et impuissants.

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