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Dix devoirs de vacances pour nos politiques
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Exit la plage et les cocotiers. Voici quelques devoirs de vacances qui permettraient à notre lamentable classe politique doublée d’une administration échappant à tout contrôle de pouvoir attaquer dignement la rentrée de septembre.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Quel spectacle, quel spectacle !! Heureusement qu’il est gratuit, car payer pour un tel four, ferait vraiment mal aux français. On en viendrait à souhaiter que ce soit des intermittents. Au moins nous aurions une chance qu’ils soient en grève et nous épargner ainsi cet affligeant vaudeville.

A ma droite. Un parti qui vient d’instaurer, après 40 ans de comptabilité en partie double, la compta en partie triple. Pas vraiment nouveau, sous le soleil des partis politiques. Le champion toutes catégories ayant longtemps été le parti communiste et ses syndicats les plus proches. Mais là, notre UMP nationale a fait un score olympique et a pris un avantage décisif dans la course à la facturation maquillée.

Un parti dont les ténors nous offrent un lamentable spectacle de concours de nombril électoral, avec cet égocentrisme si caractéristique d’une classe politique qui heureusement se meurt, mais d’une classe politique persuadée que ses prises de position opportunistes selon l’humeur médiatique du jour, tiennent lieu de programme et que leurs hautes fonctions passées (celles qui nous ont amené au gouffre que nous affrontons aujourd’hui) suffisent à se décider pour l’un ou l’autre. Surtout pas sur un programme, non !! Trop compliqué, il faut des idées, la capacité de réfléchir et avoir un vague intérêt pour le destin du pays.

Non, juste parce que c’est eux. Cela doit suffire au vulgaire peuple que nous représentons pour se déterminer. Fillon ? Bertrand ? Mariton? Juppé ? Et maintenant que l’ombre s’apprête à passer à la lumière, comme si cela était encore une surprise, notre ancien président, qui tentera de nous persuader qu’il fera en 2017 ce qu’il n’a pas fait entre 2007 et 2012. Mais au royaume des aveugles…

Quelle indécente course d’ego, face au traumatisme que la France affronte après 30 années d’erreurs et d’étatisme cumulé à des fins électoralistes. Après nous avoir concocté, pour leur seul profit électoral, une dette abyssale dans laquelle notre pays et nos entrepreneurs s’abiment tout entier. Etes-vous encore étonnés du score du FN ? Nous, non.

A ma gauche, un gouvernement qui continue à naviguer, avec encore moult hésitation, entre la véritable réforme, dont les frondeurs, qui frondent d’ailleurs avec modération, comme avec un mauvais alcool, et l’ersatz de réforme. Il y a pourtant de bonnes intentions affichées, mais des résultats et des méthodes tellement insuffisantes, et surtout repoussées, pour la plupart, à 2017. Marrant, la date me dit quelque chose ?!!

Des "brêles" dit DSK. Non. Il y a de véritables acteurs et quelques éléments très prometteurs. Mais ils ne sont pas les plus écoutés. Dommage. Il faut espérer que le premier d’entre eux tiendra ses promesses. Sans retenue. La France a besoin qu’un politique, un jour, ait l’audace de faire ce qui doit être fait, que ses spectacles soient interrompus ou non l’été, que ses cheminots cessent de conduire leurs trains en retard ou non. Réduire notre dette colossale notamment. Comme aux USA, qui, suite à la crise, ont fait de tels efforts au niveau des Etats, que plus de 30% d’entre eux sont désormais en excédent budgétaire. Impossible en France avec notre classe politique à nous.

On espérait bien 1% de PIB en plus en cas de victoire de l’équipe de France, mais il faut désormais en faire son deuil. Mais eux au moins ne semblaient pas manquer d’envie. Et suscitait l’adhésion dans un pays en mal de vainqueurs et peuplés d’ex-loser qui souhaitent tous nous persuader qu’ils feront dans l’avenir ce qu’ils n’ont jamais fait dans les 20 dernières années ou les 20 derniers mois.

Les devoirs de vacances, permettant à notre lamentable classe politique, doublée d’une administration autocentrée et échappant à tout contrôle, de pouvoir passer le bac au rattrapage, seraient les suivants. Néanmoins, la première mesure que le peuple devrait imposer serait de renvoyer chez eux 80% de nos politiques et de les remplacer par la société civile. Inexpérimentée certes, mais qui apprendra. Vite. Sous la pression. Et franchement, peut-on faire pire ?

Devoir n°1 - Renouvellement. Mettre un programme en place, d’application immédiate permettant de faire rentrer une autre classe que notre brillante élite technocratique, dans la société et les cercles de décision, à tous les niveaux. Supprimer le droit de renouveler un mandat au delà de 2. Créer un congé sabbatique "politique" permettant à chacun de pouvoir s’investir en politique, à tous niveaux et de retrouver son emploi ensuite. Ouvrir les postes les plus hauts à d’autres sources de formation que l’ENA. Etc.

Devoir n°2 - Dette. S’attaquer à ce qui génère la véritable dette. Celle des interventions de l’Etat, des niches fiscales, des régimes particuliers, des doublons de compétences, du nombre de fonctionnaires dans certaines administrations comme l’éducation (le rectorat). Réduire le nombre de domaines dont l’Etat doit se mêler, notamment l’économie, qu’il serait bon de laisser aux acteurs plutôt qu’aux experts, macro-économistes de tous poils et technocrates, dont la prise avec la réalité est, au mieux, légère…

Devoir n°3 - Tenter enfin l’impossible. Tout d’abord avoir un projet pour la France, une ambition, un destin. Bref, réfléchir à l’avenir. Pas celui qui se limite à la semaine suivante ! A 10 ans, à 20 ans. Tenter de revenir en 24 mois sur tout ce que les politiques de tout bord ont tenté de nous faire passer pour de la protection, pour s’assurer de nos voix. Cette sacro-sainte protection, prise au nom de l’égalitarisme et de la défense de la veuve et de l’orphelin, qui nous a transformé, sans exception, en veufs et pupilles de la nation. Tentons de soulager la France et ses entreprises de ces mesures stupides qui, depuis 20 ans, tentent de faire croire qu’elles sont le rempart de la justice sociale, pour ne produire que tristesse, désolation et exclusion. Le droit du travail, qui ne protège personne. Vous avez lu les statistiques du chômage ? De l’accès au logement ? Toutes les mesures de protection, prises en dépit du bon sens, se sont toutes retournées contre leurs bénéficiaires. Si nous tentions enfin l’inverse. Non pas comme un cadeau aux méchants patrons, mais comme un cadeau fait à la société toute entière, qui retrouvera enfin l’accès à ce qui lui est désormais interdit.

Devoir n°4 : - Education. Mettre les mains dans la fourrure du mammouth. Qu’il se mette en grève, qu’il hurle, qu’il fasse ce qu’il souhaite. Nettoyons-le. Mettons nos enfants en état d’aborder le siècle qui arrive et ses modes de fonctionnement. Mettons nos professeurs en état de le faire. Réduisons ceux qui encadrent l’éducation pour un bénéfice nul pour la qualité du système éducatif. Mettons le numérique au centre des projets pédagogiques et le sens de la responsabilité, la gestion des projets communs, l’épanouissement de l’individu comme graal ultime de nos bambins. Remettons de l’ordre dans les écoles en déliquescence, dans lesquels le patron est devenu l’élève, qui doit être protégé de la fessée, pour se sentir libre d’agresser ses professeurs.

Devoir n°5 : - Sécurité. Prenons le problème à bras le corps. Réfléchissons à notre immigration. Réfléchissons à l’avenir de nos banlieues. Coupons l’herbe sur pied du FN sur ces thématiques et osons appeler un chat un chat. Enfin.

Devoir n°6 : - Nettoyage. Supprimons l’automatisation de l’attribution des postes des entreprises publiques aux hauts fonctionnaires. Supprimons le maintien du bénéfice de leur statut quand ils le quittent pour autre chose. Payons les mieux, mais aux résultats. Supprimons les fromages de la République. Sans exception. Les organes intermédiaires, qui ponctionnent les entreprises comme des sangsues perverses et goulues. Ces organismes inutiles dans lesquels se prélassent une autre forme de fonctionnaires qui ne portent pas leur nom, mais portent les mêmes symptômes et perversions.

Devoir n°7 - Syndicats. Soit nous mettons fin au système syndical tel qu’il existe, soit nous lui imposons des challengers. Faisons rentrer de l’air frais. Vite. Ils nous étouffent et étouffent notre pays. Sous leur vertu affichée, justifiée par une lutte des classes d’un autre temps, auquel le dialogue direct entre entrepreneurs et salariés est la seule solution, qui marche, se cache la volonté du tic de ne pas quitter la proie dont il boit le sang.

Devoir n°8 : - Société civile. Elle doit prendre le pouvoir. A tous les niveaux. En tous cas il faut inventer une nouvelle démocratie, dans laquelle le citoyen redevient sujet de droit, et non objet, comme l’était les cerfs sous la royauté. Leur créativité, leur proximité du terrain, permettra de reprendre contact avec le sol, loin des atmosphères éthérées où se prélassent nos élites dépassées.

Devoir n°9 :  - Investissement. Mettons en place une véritable politique visant l’incitation des investisseurs à venir en France et donner à nos sociétés de croissance l’investissement dont elles ont besoin pour éviter de passer sous contrôle étranger dès qu’elles s’internationalisent. Toute société qui souhaite trouver entre 10 et 30M en France est destinée à nous échapper. Les solutions sont simples encore faut-il accepter de considérer l’investisseur comme une solution, plutôt qu’un âpre ennemi capitaliste, dont l’obstination à ne pas vouloir pas perdre systématiquement de l’argent est véritablement agaçante. Idem, faisons revenir nos exilés et leurs 130Mds. Par l’incitation et non la punition.

Devoir n°10 : - Aimer notre pays et le prouver. Comme dans tous les devoirs, et même les épreuves olympiques, il y a toujours un exercice libre. Une dissertation. Un exercice non imposé. Je laisse à nos politiques le soin d’inventer ce 10ème devoir. Et d’oublier les phrases grandiloquentes vides de sens dont ils se sont fait une spécialité, "la baudruche de la politique", pour un poème à la gloire de ce pays, ce pays qui gâche son talent pour être gouverné par des politiques dont la seule ambition s’arrête à leur propre réussite. Montrez nous que votre QI pourrait, pour une fois, nous être utile. Et si je puis me permettre une vulgarité, laissez-nous sur le "Q" en nous démontrant votre "I".

Bonne chance à tous. Vous avez 2 mois.

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