Diriger l’épargne des Français vers les PME : cette vieille lune qui exempte banques et fonds d’investissement de leurs responsabilités<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire économie
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©BERTRAND GUAY / AFP

Effets d'aubaine

Bruno Le Maire a indiqué qu'un nouveau produit financier à destination des Français pourrait soutenir les PME. Quelle est la stratégie du ministre de l'Economie en orientant ainsi l’épargne des Français vers les PME ?

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico.fr : Dans une interview accordée à LCI, Bruno Le Maire annonce un nouveau produit financier à destination des Français pour soutenir les PME. Que souhaite faire le ministre de l’économie en dirigeant l’épargne des Français vers les PME ?

Philippe Crevel : Les pouvoirs publics aiment créer des produits d’épargne surtout en période de crise. Avec une cagnotte de près de 100 milliards d’euros constituée depuis le début de la crise sanitaire, les pouvoirs publics n’ont pas résisté à la tentation. Le Ministre de l’Economie a prévu la création d’un fonds « Bpifrance Entreprises 1 » visant à faciliter le financement des PME. Ce fonds prendra la forme d’un Fonds Commun de Placement et sera géré par la Banque Publique d’Investissement. Il permettra d’investir dans un portefeuille de 1 500 PME et start-up « majoritairement françaises et non cotées ». Le ticket d’entrée sera de 5000 euros. et sera réservée aux personnes physiques résidentes fiscales en France. La durée de vie du fonds « Bpifrance Entreprises 1″ est de 6 ans, prorogeable d’une année supplémentaire ». Les parts détenus par un épargnant pourront être logés sur un compte-titres, un PEA ou sous-forme d’unités de compte dans une assurance-vie. Ce fonds en faveur des PME de nature publique s’ajoute aux Fonds d’Investissement Proximité, aux fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) et aux fonds éligibles au PEA-PME.

Les banques et fonds d’investissement sont-elles plus à mêmes de soutenir les PME ?

Les start up, les PME ont-elles un problème d’accès aux crédits ; à priori, non au regard des chiffres de la Banque de France. Est-ce que le taux des prêts est élevé ? Non, il est à des niveaux historiquement bas. Il faudra connaître le rendement demandé par la BPI aux PME qui seront intégré au nouveau fonds. Pour les FIP et les FCPI, le rendement varie entre 8 et 15 %. En règle générale, l’appel à un fonds pour une PME est lié à une impossibilité de se financer autrement. Il est souhaité le plus temporaire possible. Avec la création d’un fonds dit patriotique, l’Etat se transforme en gestionnaire d’actifs pour une clientèle privée. La tendance est à l’omniscience de l’Etat mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances.

Les PME ne doivent-elles pas compter sur des soutiens privés plutôt que d'attendre un investissement de l’état pour leur financement ?

Les soutiens publics aux entreprises sont des cautères sur des jambe de bois. Leur distribution n’est pas d’une rationalité. Le copinage, les réseaux, les considérations électorales des uns et des autres influent par définition sur les choix opérés. Il y a des effets d’aubaine. Par ailleurs, cela peut conduire au maintien d’entreprises non rentables en vie. C’est l’effet « zombie ». Cela aboutit à ralentir la diffusion du progrès et atténue la croissance au prix de dépenses inutiles. Les pouvoirs publics feraient mieux de travailler à la fluidité du marché de financement, à l’instauration d’une plus grande concurrence entre les banques, à la mise pour les start up d’un réel espace financier européen. En effet, la faiblesse européenne au niveau des entreprises de haute technologie est liée à l’étroitesse des marchés nationaux.

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